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Le nouveau pouvoir à Kiev mise sur les oligarques dans les régions russophones de l'est

Le nouveau pouvoir à Kiev mise sur les oligarques dans les régions russophones de l'est

Les nouvelles autorités ukrainiennes misent sur les oligarques pour s'opposer aux manifestations de séparatisme dans les régions industrielles russophones de l'est de l'Ukraine après avoir perdu de facto le contrôle de la Crimée.

Serguiï Tarouta, 58 ans, chef de l'Union industrielle du Donbass, dont la fortune est estimée à 600 millions de dollars par le magazine Forbes, est devenu récemment gouverneur de la région de Donetsk, fief du président déchu Viktor Ianoukovitch, en proie à des troubles depuis le déploiement des forces russes en Crimée fin février.

Sa nomination a été soutenue par Rinat Akhmetov, l'homme le plus riche d'Ukraine qui était le principal financier du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch et originaire comme le président déchu de la région de Donetsk.

Très influent à Donetsk, M. Akhmetov avait appelé à préserver l'intégrité territoriale de l'Ukraine en jugeant "inacceptable" le recours à la force de l'extérieur".

Igor Kolomoïski, 51 ans, co-propriétaire de la puissante holding Privat (banque, métallurgie), un des leaders de la communauté juive ukrainienne, crédité d'une fortune de 2,4 milliards de dollars, est lui devenu gouverneur de la région de Dnipropetrovsk.

"Les oligarques ont tout intérêt au maintien de la souveraineté de l'Ukraine. Sous Poutine, ils perdraient leur puissance et leur business", explique l'expert politique Taras Berezovets interrogé par l'AFP.

A peine nommés, les deux milliardaires ont expliqué avoir accepté les postes de gouverneur pour contrer le projet de Moscou de s'emparer du sud et de l'est de l'Ukraine. "Le séparatisme ne passera pas à Dnipropetrovsk", a martelé M. Kolomoïski.

"Poutine n'est pas normal, il est devenu fou avec sa mission de rétablir l'empire russe. Cela risque de provoquer une catastrophe à l'échelle mondiale", a souligné M. Kolomoïski qualifié à son tour par le président russe d'"ordure" et de "vaurien".

Serguiï Taroura a qualifié d'"horrible" la décision du Parlement russe d'autoriser un recours à la force en Ukraine, en soulignant que la "faiblesse économique" rendait le pays vulnérable à une telle menace.

Issu de la contestation pro-européenne et confronté à une grave crise économique, le pouvoir central de Kiev "ne dispose pas de leviers efficaces dans l'est et le sud pro-russes", souligne le politologue Volodymyr Fessenko.

D'où l'appel aux oligarques dans les régions sensibles.

"Les élites liées au Parti des régions y sont démoralisées de même que les administrations et les forces de l'ordre. Elles ont peur d'agir, ne sachant pas qui sera au pouvoir demain", souligne M. Fessenko.

L'atout des oligarques est qu'ils assurent un emploi à des centaines de milliers d'habitants et ont des liens avec les élites régionales et les forces de l'ordre.

Aux yeux de nombreux Ukrainiens dégoûtés par la corruption omniprésente, des oligarques au pouvoir seraient moins susceptibles d'utiliser le pouvoir pour s'enrichir.

"Ils ont des ressources administratives et financières colossales", souligne le journal en ligne Ekonomitchna Pravda.

En s'attelant à cette tâche herculéenne pendant une période de troubles, les oligarques "obtiennent en échange une chance de se blanchir" alors qu'ils sont tous plus au moins associés aux schémas de corruption de l'ancien régime, selon le site.

Dans ce contexte, y a-t-il un risque pour les nouvelles autorités de laisser se créer des "baronnies" alors qu'elles ont promis aux manifestants du Maïdan la "remise à zéro" du système Ianoukovitch et la mise en place d'un régime démocratique?

"Les magnats voudront obtenir des garanties de sécurité en échange de leurs +services+. Je ne pense pas qu'ils obtiendront des préférences pour leurs groupes. Actuellement l'intérêt commun est de préserver l'unité du pays", estime M. Fessenko en soulignant que leur nomination est "temporaire".

Pour Taras Berezovets, tout dépendra du prochain président qui doit être élu lors de l présidentielle anticipée du 25 mai.

Selon lui, les oligarques conserveront voire augmenteront leur influence si c'est l'ex-boxeur et l'un des leaders de la contestation, Vitali Klitschko, qui gagne. Cela ne sera pas le cas si l'emporte Petro Porochenko, lui même oligarque et roi du chocolat, ou l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko.

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