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Ukraine: les Européens à la recherche d'une réponse à la crise

Ukraine: les Européens à la recherche d'une réponse à la crise

Les dirigeants européens se réunissent jeudi à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré aux moyens d'aider l'Ukraine et de répondre à "l'agression" russe en Crimée.

Décidé dans l'urgence lundi, ce sommet de crise débutera à 11H30 (10H30 GMT) par une rencontre avec le nouveau Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk.

Angela Merkel, François Hollande, David Cameron et les 25 autres dirigeants de l'UE se retrouveront ensuite entre eux pour "débattre de la situation en Ukraine et de la réaction de l'UE", a précisé le Conseil européen.

La réunion, qui devrait prendre fin en milieu d'après-midi, a été décidée alors que la crise ukrainienne, après un bain de sang et la fuite en Russie du président Viktor Ianoukovitch, s'est transformée en confrontation inédite entre Moscou et les Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.

La Crimée, péninsule russophone du sud de l'ex-république soviétique, est contrôlée de facto depuis le 28 février par des soldats armés en uniformes identifiés par la population et les journalistes sur place comme appartenant aux forces russes.

Moscou dément son implication et parle de groupes "d'autodéfense" organisées par une population majoritairement d'origine russe menacée par les nouvelles autorités pro-européennes de Kiev.

Mercredi soir, Barack Obama et David Cameron ont dénoncé une situation "inacceptable". Le président américain et le Premier ministre britannique ont "exprimé leur grave préoccupation vis-à-vis des violations évidentes par la Russie de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine".

Le département d'Etat américain avait affirmé auparavant que "la Russie racontait des histoires fausses pour justifier ses actes illégaux en Ukraine". "Le monde n'a pas vu de fiction russe aussi surprenante depuis que Dostoïevksi a écrit +Deux fois deux égale cinq est aussi une chose charmante+", a même ironisé la diplomatie américaine, citant une phrase des "Carnets du sous-sol" du romancier russe.

De son côté, Downing Street a souligné l'accord entre les deux alliés sur la nécessité pour la communauté internationale de "continuer à travailler de concert à une désescalade et à dissuader la Russie d'aller plus loin".

Au sommet de Bruxelles, "la logique est celle d'une sortie de crise, pas de sanctions", a insisté l'entourage de M. Hollande. "Aucune décision sur des sanctions contre la Russie n'est prévue", a-t-on précisé. Mais "la menace demeure", et elle "doit être crédible". "Le problème est de trouver un dosage entre les efforts de médiation et les sanctions", a-t-on insisté.

Il y a en effet un grand nombre de sensibilités au sein de l'UE. L'Allemagne et l'Italie ont ainsi manifesté beaucoup de réticences à boycotter les préparatifs du G8 prévu en juin à Sotchi.

La chancelière allemande Angela Merkel s'est d'ailleurs entretenue mercredi par téléphone avec M. Poutine et les deux dirigeants ont discuté des "scénarios" pouvant permettre une "normalisation" de la situation, selon le Kremlin.

A Paris, une tentative de réunir à Paris les chefs de la diplomatie russe et ukrainienne, Sergueï Lavrov et Andrii Dechtchitsa, n'a pas abouti mercredi soir.

Après plusieurs jours de propos acerbes du côté russe et américain, M. Lavrov a en revanche rencontré le secrétaire d'Etat américain John Kerry et les deux hommes ont simplement convenu de poursuivre le dialogue.

Les Européens ont jusqu'à présent cherché à ne pas mettre de l'huile sur le feu. Ils ont "fermement condamné" les actes "d'agression des forces armées russes" en Crimée, tout en insistant sur la nécessité d'un "dialogue constructif" pour "une issue pacifique" à la crise.

Selon les autorités ukrainiennes, environ 16.000 soldats russes, dont au moins 5.000 arrivés ces derniers jours, occupent la Crimée, où ils cernent la plupart des sites stratégiques (navires de guerre, casernes, bâtiments de l'administration).

Ils occupent en outre partiellement deux bases de lancement de missiles, qui restent sous contrôle des forces loyales à Kiev.

Signe de la tension persistante, l'envoyé spécial de l'ONU en Crimée, Robert Serry, a finalement dû retourner sous escorte à l'aéroport après avoir été retenu mercredi par des hommes armés à Simféropol, la capitale de cette région stratégique pour Moscou. "J'espère que cet incident va rappeler à tout le monde à quel point la situation est devenue dangereuse en Crimée", a-t-il noté.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir jeudi après-midi de nouvelles consultations à huis clos sur la crise ukrainienne, les quatrièmes sur ce dossier depuis vendredi.

Hors de Crimée, des tensions se font de plus en plus vives à Donetsk, fief électoral russophone de M. Ianoukovitch dans l'est du pays.

Mercredi, deux rassemblements concurrents réunissant des milliers de personnes d'un côté favorables à un ralliement à Moscou et de l'autre des partisans de l'unité ukrainienne ont fini par des échauffourées faisant plusieurs blessés.

Face à ces tensions séparatistes, la justice ukrainienne a ouvert des enquêtes pour "atteinte à l'intégrité territoriale" visant les dirigeants des autorités pro-russes de Crimée, dont le nouveau Premier ministre Serguiï Axionov, mais aussi le leader des pro-russes à Donetsk, Pavel Goubarev.

Confrontée à un difficile dialogue avec Moscou, l'UE cherche plutôt à renforcer l'Ukraine et son nouveau gouvernement. La Commission européenne a ainsi présenté mercredi un plan d'aide massif "d'au moins 11 milliards d'euros".

"L'argent ne sera toutefois pas déboursé avant les élections prévues en Ukraine le 25 mai, car l'aide impose des conditions et il faut un gouvernement issu des urnes pour les mettre en oeuvre", soutient la France.

Parallèlement, l'Union européenne a annoncé jeudi avoir gelé les avoirs de 18 responsables ukrainiens de l'ancien régime de Viktor Ianoukovitch, dont ce dernier, impliqués dans des "détournements de fonds publics".

A Washington, l'aide économique américaine à l'Ukraine sera soumise au vote de la Chambre des représentants jeudi, une mesure que le Sénat devra ensuite approuver dans un calendrier serré.

Au cours de sa visite à Bruxelles, M. Iatseniouk sera également reçu au Parlement européen et à l'Otan, qui a décidé mercredi de renforcer sa coopération avec l'Ukraine et de suspendre certaine initiatives communes avec la Russie.

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