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Présidentielle en Algérie: le fatalisme gagne la classe politique

Présidentielle en Algérie: le fatalisme gagne la classe politique

Le dépôt de candidature d'Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat présidentiel en Algérie en dépit des interrogations sur sa santé a poussé d'autres candidats, convaincus que le scrutin est joué d'avance, à jeter l'éponge, un fatalisme souligné par la presse mardi.

"Je suis venu déposer officiellement ma candidature conformément à l'article 74 de la Constitution et à la loi électorale", a déclaré lundi le président sortant, âgé de 77 ans et au pouvoir depuis 15 ans.

Les propos du président, assis dans un fauteuil face au président du Conseil constitutionnel Mourad Medelci, ont été filmés par les caméras de la télévision publique.

"Une déclaration liminaire, expéditive, en guise de sevrage pour plus de 22 mois d'éclipse de l'espace public", commente l'éditorialiste du quotidien francophone El Watan qui a relevé "une image altérée et une voix inaudible" du candidat-président.

Il s'agissait de la première déclaration publique de M. Bouteflika depuis l'AVC dont il a été victime en avril 2013. Son hospitalisation de 80 jours à Paris avait suscité de nombreuses interrogations sur sa capacité à continuer à diriger le pays.

Le journal Liberté s'est interrogé de son côté sur le nom du médecin qui avait délivré "le sésame" à M. Bouteflika, en référence au certificat médical que tout candidat doit présenter.

Relevant que son dossier de candidature est "accompagné de 4 millions de signatures", l'éditorialiste du quotidien francophone note: "Autant dire qu'avec un soutien populaire de cette ampleur, l'élection présidentielle du 17 avril prochain est presque jouée d'avance".

De son côté, Dilem, le caricaturiste du journal, croque Bouteflika dans sa chaise roulante en déclarant: "Et de quatre" avec pour titre: "La victoire de Boutef ne fait aucun doute".

Pour le politologue Rachid Grim, "les carottes sont cuites pour tous. Il se présente, il est élu".

Le message que fait circuler le gouvernement depuis un an est "Bouteflika c'est la stabilité", a-t-il déclaré à l'AFP.

"C'est le seul message qui risque d'avoir un impact sur les votants", indique-t-il, en référence au contexte géopolitique de l'Algérie, notamment à des pays voisins comme la Libye et la Tunisie, qui ont été en proie à des violences à la suite du Printemps arabe.

L'Algérie a toujours clamé qu'elle avait vécu "son" Printemps arabe en octobre 1988. Des manifestations pour une démocratisation avaient alors mené au multipartisme et à la naissance de la presse privée. Elle avait ensuite été déchirée par une guerre civile (1992-2002) qui avait fait 200.000 morts.

Mais nombreux sont ceux qui sont certains que le scrutin va être entaché de fraudes.

Lundi, l'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour a retiré sa candidature estimant que "les forces de la fraude ont pris le dessus".

Le général à la retraite Mohand Tahar Yala, qui voulait lui aussi briguer la présidence, a également jeté l'éponge face à une présidentielle qu'il juge "truquée d'avance".

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, centriste) et deux formations islamistes, Mouvement pour la société et la paix (MSP) et Ennahda, avaient récemment appelé les candidats à "se retirer de cette tromperie électorale".

Et même si l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis, considéré comme le principal challenger du président, a fait le choix de se présenter, il a mis en garde mardi contre un "vol des voix" des électeurs.

"Il y a des indices et des pratiques basses sordides et lâches qui font planer le doute sur la crédibilité de l'élection présidentielle", a-t-il affirmé.

La perspective d'un 4e mandat du président a provoqué des manifestations à travers le pays, dont une réprimée violemment samedi à Alger, et donné naissance à un mouvement de contestation, "Barakat" (Ca suffit).

Un autre ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, avait appelé la semaine dernière à faire tomber le régime de Bouteflika "dans le calme", avec l'aide de l'armée, estimant que le président n'était plus en mesure de diriger le pays.

Il faut maintenant à Abdelaziz Bouteflika "un vice-président qui puisse présider le pays", indique pour sa part M. Grim.

Mardi, à quelques heures de la clôture des candidatures, six prétendants, dont MM. Bouteflika et Benflis, avaient déposé leur dossier. La campagne doit débuter le 23 mars.

amb/vl

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