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La Serbie "dans le déni du génocide", assure la Croatie à la CIJ

La Serbie "dans le déni du génocide", assure la Croatie à la CIJ

La Croatie a assuré lundi devant la CIJ que la Serbie était "dans le déni" au sujet du génocide qui aurait été commis pendant la guerre entre les deux pays, entre 1991 et 1995, au début d'audiences qui menacent de détériorer les relations entre Zagreb et Belgrade.

"Beaucoup de responsables politiques ont maintenu une attitude de déni" au sujet du génocide qui aurait été commis en Croatie pendant la guerre d'indépendance, a assuré la représentante de Zagreb devant la Cour internationale de justice (CIJ), Vesna Crnic-Grotic.

"Notre plus grand regret est que cette attitude continue aujourd'hui", a-t-elle ajouté devant l'organe judiciaire principal des Nations unies, où les audiences ont commencé près de 15 ans après que la requête initiale eut été déposée.

En juillet 1999, la Croatie avait introduit une plainte contre la Serbie, alors dénommée République fédérative de Yougoslavie, affirmant qu'elle devait répondre d'un "nettoyage ethnique" commis pendant la guerre entre les deux pays.

La Croatie avait alors défini un nettoyage ethnique comme "une forme de génocide qui s'est traduite par le déplacement, le meurtre, la torture ou la détention illégale d'un grand nombre de Croates".

La proclamation en 1991 par la Croatie de son indépendance de la Yougoslavie a été suivie d'une guerre entre les forces de Zagreb et les sécessionnistes serbes soutenus par Belgrade. Ce conflit, l'une des nombreux qui secouèrent les Balkans durant la dernière décennie du 20e siècle, a fait environ 20.000 morts.

"Maintes fois, de nouveaux gouvernements sont arrivés au pouvoir en Serbie et étaient réticents à affronter la vérité au sujet des événements qui ont commencé il y a plus de deux décennies", a ajouté Mme Crnic-Grotic : "le seul recours de la Croatie pour la justice est apparemment cette cour".

Zagreb demande notamment aux juges d'ordonner à Belgrade de payer des "réparations, dont il appartient à la Cour de fixer le montant, pour les dommages causés aux personnes et aux biens ainsi qu'à l'économie et à environnement de la Croatie".

La Serbie avait répliqué en 2010 par une contre-plainte et accusé la Croatie de crimes de guerre et nettoyage ethnique, assurant que quelque 200.000 Serbes avaient dû fuir en 1995, au cours d'une opération militaire qui a mis fin à la guerre.

Le Croate Ante Gotovina, qui avait dirigé cette opération "Tempête", avait été acquitté en appel de crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), ce qui avait provoqué la colère de Belgrade.

Depuis son entrée en activité en 1946, la CIJ, qui juge les différends entre États, n'a reconnu qu'un seul génocide, celui de Srebrenica (est de la Bosnie), où 8.000 hommes et garçons musulmans avaient été tués par les troupes des Serbes de Bosnie en juillet 1995.

Pour le représentant de la Serbie devant la CIJ, Sasha Obradovic, les déclarations de la Croatie lundi étaient une "répétition de ce que nous avons entendu il y a 10 ans".

"Évidemment, des crimes horribles ont été commis en Croatie et ils ne doivent pas être oubliés, mais ces crimes ne répondent pas aux critères légaux du crime de génocide", a-t-il également assuré à des journalistes.

Le génocide, qui définit des crimes commis "avec l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux" est le crime le plus grave reconnu par le droit international, mais également un des plus difficiles à prouver.

La Serbie devrait présenter ses arguments le 10 mars.

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