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Rendez-vous du cinéma québécois : discussion avec les vedettes de «Série noire»

Rendez-vous du cinéma québécois : discussion avec les vedettes de «Série noire»
Courtoisie Ici Radio-Canada Tele

Le contraste était presque amusant. Alors qu’on déplore partout les faibles cotes d’écoute de Série noire, le Bistro SAQ de la Cinémathèque québécoise était bondé, samedi soir dernier, pour le Grand Rendez-Vous Télé ICI Radio-Canada des Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ).

Les adeptes de la fiction signée François Létourneau et Jean-François Rivard ont visionné en primeur le septième épisode, dans lequel Denis (François Létourneau) et Patrick (Vincent-Guillaume Otis) tentent de limiter les dégâts suite à la mort de Bruno (Martin Drainville). Le tout a ensuite été diffusé à la télévision lundi. Après la projection, une table ronde de discussion animée par Marie-Louise Arsenault a permis au public d’apprendre quelques secrets sur les coulisses du tournage.

Une importante partie de l’équipe de Série noire était présente pour l’événement. En plus des deux auteurs, la productrice Joanne Forgues, de même que les acteurs Vincent-Guillaume Otis, Martin Drainville, Marc Beaupré (Marc Arcand), Anne-Élisabeth Bossé (Charlène), Édith Cochrane (Judith) et Caroline Bouchard (Léa) s’étaient déplacés pour échanger avec les téléspectateurs. La réponse enthousiaste de ceux-ci à l’invitation des RVCQ a profondément ravi François Létourneau et Jean-François Rivard, qui se sont bien amusés d’entendre les réactions des gens, à chaud, pendant la présentation de l’épisode. Les rires et les éclats de joie ont contrebalancé toute la presse négative qui entoure les cotes d’écoute.

«Série noire démontre présentement une nouvelle réalité, a expliqué Jean-François Rivard, qui réalise aussi la série. On ne consomme plus la télévision de la même façon qu’avant. De plus en plus, les gens se tournent vers Tou.tv, ou Netflix, pour regarder leurs émissions préférées. Je n’ai jamais vu une série soi-disant aussi peu regardée générer autant d’articles de journaux et de discussions!»

«Je trouve vraiment déprimant que la question des cotes d’écoute soit tellement médiatisée, a souligné François Létourneau. C’est frustrant. On n’est pas des vendeurs de chars, on est des artistes! On a travaillé pendant trois ans sur cette série, et on doit constamment défendre des chiffres. Mais on est contents, parce que Série noire a trouvé son public au fil des semaines.»

Une pétition circule actuellement sur le web en faveur d’une deuxième saison de Série noire. Mercredi, on apprenait que l’œuvre aura une place au Festival Séries Mania de Paris, qui ne distille que quelques-unes des meilleures téléséries produites dans le monde entier. Série noire a été sélectionnée dans la catégorie Prix du public.

Voici, en quelques lignes, les faits saillants de la discussion des artisans de Série noire avec le public aux RVCQ.

Ce qu’ils ont dit sur…

La naissance de la série

Joanne Forgues : «François et Jean-François sont venus me voir avec l’idée d’une série qui mettrait en vedette deux scénaristes qui veulent repousser les limites de l’écriture en expérimentant toutes sortes de choses. Je leur ai fait confiance! (rires) La prémisse de base était très forte. Pour écrire leur série policière, les personnages passent par tout ce qu’on ne peut pas imaginer. Ils jouent avec le feu et tout le monde voudrait essayer ce qu’ils font. Eux, ils se donnent bonne conscience, parce qu’ils écrivent.»

François Létourneau : «Après Les invincibles, on a pris une pause. On avait commencé à travailler sur un autre projet, une idée étonnante, pendant trois ou quatre mois. C’était une comédie qui portait sur le bogue de l’an 2000, c’était un peu apocalyptique. Mais, après Lost et Walking Dead, on ne voulait pas répéter ce qui avait déjà été fait. Et c’était trop différent de ce qu’on avait fait avant. Avec ces deux scénaristes, on peut aller ailleurs sans se dénaturer. On est contents de l’équilibre. C’est différent des Invincibles, mais on reste nous-mêmes. Série noire est une série encore plus personnelle que Les invincibles.»

Jean-François Rivard : «J’aime profondément cette série. Elle rejoint tous les thèmes qui me préoccupent, ça converge avec là où je suis rendu, dans ma vie. Tout m’y est intrinsèque, et je vais défendre Série noire toute ma vie, parce qu’elle me représente beaucoup.»

Le choix de Vincent-Guillaume Otis pour interpréter Patrick

François Létourneau : «Vincent est mon voisin, nos garçons vont à la même école (rires). Sérieusement, on s’était croisés à quelques reprises au Théâtre La Licorne et on a souvent discuté ensemble. J’avais envie de jouer avec quelqu’un qui deviendrait mon ami pour vrai. C’était d’ailleurs le cas avec les autres acteurs des Invincibles. On a fait quelques auditions, mais pendant ce temps, j’espérais toujours que ce soit Vincent-Guillaume. La première scène qu’on a tournée ensemble en était une de l’épisode 10.»

Le tournage en hiver

Jean-François Rivard : «L’hiver est comme un personnage en soi dans la série. Il nous est arrivé de tourner la nuit, à -40, et c’a fait en sorte que je n’ai jamais vu une équipe aussi unie sur un plateau de tournage. C’est plus facile de tourner en hiver que de tourner au printemps et recréer l’hiver pour les besoins de la caméra. Pour les scènes d’hiver enregistrées au printemps, on a utilisé de la ouate pour recréer la neige.»

Le personnage de Marc Arcand

Marc Beaupré : «À la première lecture, quand je suis arrivé sur le plateau, tout le monde, même les techniciens, venaient me voir en disant : “Te rends-tu compte de ce que tu as à jouer?” Guy Nadon m’a dit : “C’est de l’or, ce que tu as entre les mains”. Le réalisateur m’a dit de ne pas trop en faire parce que, à la base, tout ce que Marc Arcand fait est surprenant.»

François Létourneau : «Quand on a fait les auditions, il y avait quelques acteurs, mais je pense que c’a pris quatre secondes avant que je dise : “C’est lui!” C’a été immédiat, c’était une révélation. Il a lancé deux répliques et je me suis dit : “On l’a trouvé!”»

Marc Beaupré : «À l’audition, la scène que je devais jouer, c’était celle dans le bar, au premier épisode. Tout le long, François Létourneau était crampé de rire. Je savais que c’était bon signe! Pour jouer ce rôle, je me suis beaucoup entraîné. Je le faisais déjà depuis des années, mais là, j’ai suivi une diète et j’ai fait appel au même entraîneur qu’Antoine Bertrand pour le film Louis Cyr : l’homme le plus fort du monde. Pendant quatre mois, j’ai coupé les glucides et les lipides, et je prenais cinq repas par jour, composés d’une protéine animale (une viande) et de légumes. Je m’entraînais 4,5 ou 6 fois par semaine. Et, puisque les nunchakus sont une arme prohibée au Canada, je les cachais quand j’allais au gym.»

François Létourneau : «En ce moment, Marc Arcand est un peu en dormance. Un peu comme pour Lyne la pas fine dans Les invincibles, les téléspectateurs nous mettent beaucoup de pression, ils aimeraient le voir plus. Or, ces personnages sont efficaces quand ils sont utilisés avec parcimonie. Mais Marc va revenir… et ça va être quelque chose! (rires) Les personnages secondaires sont tellement le fun à écrire, on peut les colorer un peu plus que les personnages principaux.»

Jean-François Rivard : «On se doutait un peu que Marc Arcand aurait beaucoup d’impact. Tout est permis, avec lui. Il sauterait d’un parachute et on y croirait. Et je n’ai jamais vu quelqu’un s’investir dans un rôle autant que Marc Beaupré. Il a pris des cours de nunchakus, il maîtrise ça de façon incroyable.»

François Létourneau : «Si Lyne la pas fine et Rich the Bitch des Invincibles avaient eu un enfant, c’aurait été Marc Arcand!»

L’écriture à deux

François Létourneau : «On loue un bureau ensemble. On écrit un peu à relais. On construit les épisodes ensemble, on discute, on prend des notes, on fait des tableaux et on élabore la structure. Ensuite, Jean-François écrit le premier bloc, et moi le suivant, et ainsi de suite. On essaie de se surprendre l’un et l’autre, de ne pas trop faire ce qu’on avait dit à l’origine. Mais on repasse beaucoup sur le travail de l’autre, et les gens sont rarement capables de savoir qui a écrit quoi.»

Une deuxième saison

Jean-François Rivard : «On est en train de l’écrire, mais on ne sait pas encore s’il y en aura une. Radio-Canada devrait prendre la décision d’ici trois semaines, un mois. D’ici là, si vous voulez que Série noire revienne, parlez-en à un maximum de gens. Les cotes d’écoute, c’est un sondage. La majorité de notre public regarde l’émission après l’avoir enregistrée, ou sur Tou.tv. L’important, c’est de la regarder quand on veut, à notre heure.»

L’enrobage cinématographique de la série

Jean-François Rivard : «Il y a beaucoup de clins d’œil au cinéma, aux débuts du film noir avec Humphrey Bogart, par exemple. On a fait beaucoup de recherches. Pour moi, le film noir, c’est du clair-obscur. On voulait rendre le feeling d’un film noir contemporain. Pour la musique, notre inspiration, c’a été l’œuvre de John Carpenter, qui composait lui-même la musique de ses films. Je capote sur ce gars-là.»

La série «Les jeunes loups», de Réjean Tremblay, diffusée à TVA en même temps que «Série noire»

François Létourneau : «Beaucoup de gens ont comparé Les jeunes loups à La loi de la justice, la série de Denis et Patrick dans Série noire! Mais je ne veux pas dénigrer cette émission. C’est correct qu’elle existe!»

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