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France: décès d'Alain Resnais, cinéaste de la mémoire et de l'imaginaire

France: décès d'Alain Resnais, cinéaste de la mémoire et de l'imaginaire

Le réalisateur français Alain Resnais, auteur éclectique et subtil de nombreux films, de "Hiroshima mon Amour" aux "Herbes folles", est décédé samedi soir à Paris à 91 ans.

Cinéaste de la mémoire et de l'imaginaire, éclectique et inclassable, il a marqué l'histoire du cinéma français d'oeuvres majeures dont les premières ont symbolisé la période de renouveau qu'a été la Nouvelle vague.

Dans ses quelque vingt longs métrages, écrits souvent par des écrivains réputés comme Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet ou Jorge Semprun, il n'a cessé d'explorer les liens entre l'image et l'écriture, renouvelant constamment son champ d'inspiration.

Né le 3 juin 1922 à Vannes (Morbihan), fils de pharmacien, le jeune Resnais se passionne très tôt pour la littérature. A 13 ans, il tourne un court-métrage, "Fantômas", puis s'inscrit, après des études secondaires inachevées, à l'Institut des hautes études cinématographiques à Paris (Idhec), en 1943.

Il débute comme monteur, puis se tourne vers le film d'art. "Van Gogh" (1946), "Guernica" (1950), "Gauguin" (1951), "Les statues meurent aussi" (1953), couronnés dans de nombreux festivals, assurent la réputation de documentariste de Resnais, confirmée de façon éclatante par "Nuit et brouillard" (1955), une évocation des camps de la mort nazis.

Les récits éclatés et la poésie insolite de ses premiers long métrages, "Hiroshima mon amour" (1958) et "L'année dernière à Marienbad" (1961) surprennent le public et la critique. "Muriel" (1962) et "La guerre est finie" (1966), méditations sur la mémoire, la guerre et l'engagement, affirment la singularité et le talent du cinéaste.

Après deux films mineurs, "Je t'aime, je t'aime" (1968) et "Stavisky" (1974), interprété par Jean-Paul Belmondo, il signe, avec "Providence" (1976), une subtile réflexion sur la création littéraire, saluée unanimement comme un chef-d'oeuvre.

Dans les années 80, Resnais ne cesse de surprendre : il adapte aussi bien les thèses du biologiste Henri Laborit ("Mon oncle d'Amérique") qu'une pièce de Henry Bernstein ("Mélo"). Il signe une comédie sur l'éducation ("La vie est un roman"), un drame protestant sur la réincarnation ("L'amour à mort") ou encore une fantaisie autour d'un dessinateur de bande dessinée, une de ses passions ("I want to go home").

Son film en deux volets, "Smoking"/"No smoking" (1993), une histoire à options avec sa muse Sabine Azéma, reçoit l'Ours d'argent à Berlin et cinq César - les prix attribués par la profession en France -, ainsi que le prix Louis-Delluc.

Ensuite Alain Resnais innove avec une étonnante fraîcheur d'esprit pour mettre en scène une comédie en chansons ("On connaît la chanson" en 1997), puis l'adaptation d'une opérette de 1925, "Pas sur la bouche" (2003).

Son film, "Coeurs", comédie à la tonalité mélancolique et onirique sur le thème de la solitude, a remporté le Lion d'argent de la mise en scène au Festival de Venise 2006.

Auparavant, en 1995, il avait reçu un Lion d'or à Venise pour l'ensemble de son oeuvre.

Après trois ans d'absence, il avait repris en 2009 le chemin des studios pour tourner "Les herbes folles", une réflexion pleine de fantaisie sur le désir avec Sabine Azéma et André Dussolier.

"Un film est quelque chose sur lequel on ne réfléchit pas mais qui doit vous entraîner. Je laisse pousser les films comme des herbes folles", avait-il expliqué.

Il a ensuite encore tourné "Vous n'avez encore rien vu" (2012) et "Aimer, boire et chanter" (2014), présenté à la Berlinale et qui sort en salles le 26 mars en France.

D'abord marié avec Florence Malraux, la fille d'André Malraux, il partageait depuis la fin des années 80 la vie de Sabine Azéma, qu'il a épousée en 1998.

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