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Ukraine : Vienne et Berne s'en prennent à l'argent du clan Ianoukovitch

Ukraine : Vienne et Berne s'en prennent à l'argent du clan Ianoukovitch

L'Autriche et la Suisse, deux havres financiers appréciés des oligarques, ont décidé d'attaquer au portefeuille l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch et son clan, au moment où les sanctions personnelles promises par l'UE tardent à se concrétiser.

Vienne a annoncé vendredi matin avoir gelé les avoirs de 18 Ukrainiens soupçonnés d'atteintes aux droits de l'Homme et de corruption, sans divulguer leurs noms.

Le gouvernement suisse a publié vendredi une ordonnance gelant des avoirs de vingt responsables ukrainiens, en majorité des ministres déchus du précédent gouvernement ainsi que ceux du président déchu Viktor Ianoukovitch et de son fils Alexandre.

Simultanément les autorités judiciaires de Genève ont annoncé avoir lancé jeudi une enquête pénale à l'encontre du président déchu et de son fils pour "blanchiment".

La décision, demandée par le pouvoir de transition à Kiev, a été présentée à Vienne comme "une mesure de sécurité provisoire jusqu'à l'entrée en vigueur des mesures de l'UE".

L'Union européenne avait en effet décidé le 20 février de prendre des sanctions ciblées, y compris des interdictions de visas et des gels d'avoirs, contre une liste de personnalités proches de Viktor Ianoukovitch.

Rien ne s'est passé depuis, et à Bruxelles, on temporise. "Le travail technique continue", indique une source européenne haut placée, laissant entendre que les sanctions ne sont plus la priorité.

"Aucune décision politique n'a été prise à ce stade" concernant les sanctions, a indiqué le porte-parole de la Commission, Olivier Bailly au cours d'un point de presse à Bruxelles. "La démarche collective que l'UE a décidé le 20février est toujours en cours", a -t-il ajouté. "A l'heure où nous parlons, il n'y a pas de décison finale des Etats membres ni sur le cadre, ni sur le champ d'application de ces sanctions", a-t-il insisté.

Selon des "observateurs" cités par l'agence autrichienne APA, c'est cette hésitation de l'Europe à agir qui a convaincu l'Autriche de passer à l'offensive seule.

La république alpine est doublement concernée : d'abord, parce qu'elle est largement considérée à Kiev comme un havre financier pour les oligarques qui se sont enrichis dans l'entourage de M. Ianoukovitch. Et ensuite, parce que sa réputation est également en jeu en Europe, alors que Vienne est l'un des derniers bastions de résistance aux efforts entrepris par l'UE pour améliorer la transparence des activités bancaires.

Pour la Suisse, le gouvernement "veut éviter tout risque de détournement des fonds publics ukrainiens". "S'il devait s'avérer dans le cadre de futures procédures pénales que les avoirs sont effectivement d'origine illicite, ils pourront être restitués à l'ukraine après la condamnation pénale de l'ancien dirigeant et de son entourage", souligne un communiqué du ministrère suisse des Affaires étrangères.

Qui sont les oligarques concernés, quelles sont les sommes en jeu ?

En Autriche, les noms de l'ancien Premier ministre ukrainien Mykola Azarov - qui s'était rendu brièvement à Vienne après sa démission en janvier -, et de l'ex-chef de l'administration présidentielle Andreï Kliouev sont les plus souvent cités par les médias.

Ils figurent dans la liste publiée par les autorités suisses qui compte en tout 11 anciens ministres du gouvernement déchu, ainsi que l'ancien procureur général, le maire de Kharkov et le gouverneur de la province de Kharkov. Il y a aussi le frère de M. Kliouev, Serbei.

Alexandre Ianoukovitch, le fils aîné du président déchu, a monté fin 2011 à Genève Mako Trading, une société de négoce de charbon.

La majeure partie du négoce ukrainien de charbon, d'acier et de céréales passe par la Suisse. Et selon le magazine suisse L'Hebdo, Alexandre Ianoukovitch, qui est dentiste de profession, a amassé en trois ans une fortune estimée à quelque 500 millions de dollars.

"Une perquisition menée par le premier procureur Yves Bertossa et la brigade financière de la police judiciaire a eu lieu le jeudi 27 février au matin dans les locaux d'une société détenue par Aleksander Ianoukovitch", a indiqué le ministère public de Genève.

"Des documents ont été emportés", ajoute-t-il, refusant de donner plus de précision.

Vendredi matin, une voiture banalisée de police était positionnée devant le bâtiment à Genève où Mako Trading a ses bureaux, a constaté une journaliste de l'AFP.

La société genevoise est dirigée par un homme d'affaires originaire d'Ouzbékistan, M. Felix Blitshteyn, qui est également responsable d'une société appelée Partefina, installée à la même adresse. Partefina se présente comme un "family office", soit une société spécialisée dans la gestion de grandes fortunes familiales.

Selon L'Hebdo, Partefina serait la propriété du milliardaire ukrainien Rinat Akhmetov, dont la fortune est estimée à quelque 15 milliards de dollars et qui a soutenu Viktor Ianoukovitch. M. Akhmetov n''est pas visé par l'ordonnance du gouvernement suisse.

cs-pjt/pt

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