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L'image "immaculée" du Barça, écornée par les scandales ?

L'image "immaculée" du Barça, écornée par les scandales ?

Beau jeu, grandeur d'âme et catalanité: l'image du FC Barcelone pourrait sortir écornée des scandales judiciaires autour de Messi et du trouble transfert de Neymar, mais davantage à l'étranger qu'en Espagne où il semble intouchable, estiment les observateurs.

Il semble exclu que les plus de 150.000 "socios" (supporteurs-membres) et les millions d'"aficionados" du Barça se détournent d'un des clubs les plus populaires au monde, dont les résultats sportifs sont beaucoup plus scrutés que les soubresauts internes.

Mais le statut à part de cette institution, qui se revendique "més que un club" ("plus qu'un club") et s'implique dans des oeuvres caritatives, pourrait être remis en cause au-delà des frontières espagnoles, où l'opinion est moins indulgente vis-à-vis des démêlés fiscaux.

"Le Barça n'est plus immaculé", résume Ramon Miravitllas, journaliste, universitaire et auteur du livre "La fonction politique du Barça". "Cette image d'un Barça idyllique, altruiste, philanthropique (...) a pris un coup depuis que Messi et sa famille ont été mis en cause par la justice et depuis l'énorme parallélisme qui existe avec l'affaire Neymar."

Le club a essuyé coup sur coup trois séismes judiciaires. En septembre, un juge a entendu Lionel Messi dans une affaire d'évasion fiscale présumée. En janvier, le président Sandro Rosell, visé par une plainte concernant le transfert de Neymar, a démissionné. Et la semaine dernière, le club lui même a été mis en examen, soupçonné de "délit contre le Trésor public" dans le cadre du recrutement du jeune Brésilien.

Etendard du sentiment catalan, emblème de la résistance au dictateur Franco (1939-1975), symbole de jeu léché avec l'entraîneur Pep Guardiola (2008-2012), le Barça aime à se présenter comme une entité "intégratrice et solidaire", participant à des projets sociaux, éducatifs ou culturels. Ce message s'est néanmoins brouillé ces derniers mois, comme lorsque le club a cessé d'afficher le logo non-lucratif de l'Unicef sur son maillot après un juteux accord avec le Qatar en 2010.

Les affaires judiciaires "tirent vers le bas cette image, qui est (...) intenable dans le football professionnel de haut niveau", juge le journaliste Quique Peinado, auteur d'un ouvrage intitulé "Footballeurs de gauches".

Dans le cas de Messi comme dans l'affaire Neymar, la réaction des protagonistes a été similaire: réaffirmer leur innocence et verser de l'argent au fisc.

Soupçonné de n'avoir pas payé d'impôts sur certaines transactions annexes au transfert de Neymar, le Barça a versé 13,5 millions d'euros au Trésor public espagnol lundi. Le parquet de l'Audience nationale avait chiffré à 9,1 millions le possible manque à gagner pour l'Etat dans ce dossier.

Mais dans un pays où les problèmes fiscaux touchent jusqu'à la famille royale, ces sommes semblent une goutte d'eau dans l'océan des quelque 700 millions d'euros dus au Trésor public par les clubs de football du pays, ébranlés par la crise.

Pour Ramon Miravitllas, il existe en Espagne "une méfiance vis-à-vis de l'Etat et de la fiscalité", qui génère "une sorte de double morale au sujet des comportements de corruption".

"Dans un pays normal, il devrait y avoir une hécatombe. En Espagne et en Catalogne, où les clubs sont la prunelle des yeux des hommes politiques, permettez-moi d'en douter", ajoute-t-il.

D'où un impact davantage à craindre hors de la péninsule, où les récents sacres du Barça en Ligue des champions (2006, 2009, 2011) avaient suscité l'admiration. "Ces histoires affectent l'image du club surtout à l'international", reconnaît le correspondant Xavi Campos, qui suit le club pour la radio publique catalane. "Mais l'aficionado, lui, veut que l'équipe gagne et il est plus préoccupé par la défaite de l'autre jour contre la Real Sociedad (3-1 en Liga, NDLR) que par ces histoires."

En somme, c'est d'abord le bilan sportif en fin de saison qui devrait conditionner l'avenir du nouveau président Josep Maria Bartomeu, ex-bras droit de Rosell, dont le mandat court jusqu'en 2016.

"Si l'équipe va mal, cela peut accentuer le mécontentement. Et à ce moment-là, les critiques rappelleront que la position de Bartomeu est très instable et qu'il faut convoquer des élections", conclut Ramon Miravitllas.

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