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A Altamira, de premiers visiteurs redécouvrent le "miracle" des précieuses peintures rupestres

A Altamira, de premiers visiteurs redécouvrent le "miracle" des précieuses peintures rupestres

"Miracle" de beauté et de qualité de conservation, les fragiles peintures rupestres de la grotte d'Altamira sont apparues jeudi pour la première fois, après douze ans passées sous le seul oeil de scientifiques, à cinq visiteurs tirés au sort, pionniers d'une réouverture, controversée, au grand public.

"C'est émouvant de penser qu'on contemple quelque chose d'aussi important: ça donne la chair de poule", s'enthousiasmait Andrea Vicente, l'une de ces premiers explorateurs, encore vêtue de sa combinaison de protection blanche.

Masque sur le visage, elle venait d'ouvrir avec quatre compagnons, escortés par deux guides, un cycle de visites expérimentales visant à déterminer si ce trésor, caché sur une colline de Santillana del Mar, en Cantabrie, pourrait à nouveau être partagé avec le grand public malgré le risque d'être endommagé.

"Vous voyez: pour donner le volume de la cuisse, l'artiste a laissé du blanc. C'est fantastique", s'émouvait peu après Gaël de Guichen, directeur scientifique du programme de recherche, dans le musée qui abrite la réplique de la partie la plus célèbre de cette grotte longue de 270 mètres: la grande salle aux bisons, rouges et jaunes.

"Ce qu'il y a de curieux, c'est que cette technique là est exactement celle que l'on voit à Lascaux, à 800 kilomètres d'ici", ajoutait-il. "C'est miraculeux: les trois plus belles grottes sont aussi celles qui sont les mieux conservées: Altamira, Lascaux et Chauvet."

"A Altamira, on imagine ce qui s'est certainement passé il y a 18.000 ans: un homme préhistorique qui était à l'extérieur de la grotte a dû voir dans la plaine un troupeau d'à peu près une quarantaine de bisons. Il a vu cela, est rentré et l'a peint. C'est cette émotion que l'on voudrait faire passer aux visiteurs", expliquait le chercheur.

Depuis 2002, les entrailles de la grotte originale, tout près de là, sont restées fermées au public. Mais en janvier, les chercheurs ont décidé d'entrouvrir la porte.

"Je suis entré dans cette grotte en 1969 et quand je l'ai vue, j'ai eu une émotion extraordinaire", se souvenait Gaël de Guichen.

Jeudi, les cinq visiteurs ont pu partager son expérience: avec leurs deux guides, ils y ont pénétré à la mi-journée avant de fermer derrière eux la petite grille d'accès verte.

Pendant 37 minutes, respectant des consignes très précises, ils ont parcouru la galerie souterraine, classée au patrimoine de l'Unesco.

L'expérience se renouvellera chaque semaine, jusqu'au mois d'août. 192 personnes auront alors visité la grotte d'Altamira et un bilan sera tiré.

Découverte en 1868 et habitée il y a entre 35.000 et 13.000 ans, la grotte avait été ouverte au public en 1917 jusqu'à une première fermeture en 1977. Dans cette première phase, rappelait Gaël de Guichen, jusqu'à 170.000 visiteurs par an y entraient. Pendant les vingt ans après sa réouverture, en 1982, ce nombre était passé à 10.000.

"Le problème c'est que l'on introduit des microorganismes. Les peintures pourraient devenir blanches, à cause des champignons. C'est pour ça qu'on a décontaminé les personnes" jeudi, expliquait-il.

Alors pourquoi vouloir à tout prix rouvrir ses entrailles au public?

"Pour que le message, qui a été mis sur cette roche, dans cette 'cathédrale', soit transmis à d'autres. Notre travail ne consiste pas à conserver pour conserver mais pour transmettre la mémoire, l'émotion que nous, chercheurs, ressentons en entrant dans la grotte", ajoutait Gaël de Guichen.

Une émotion que peine à retransmettre la réplique.

"Vous êtes dans l'obscurité totale, il y a un silence qui n'est pas un silence parce qu'il y a des gouttes d'eau, tous vos sens sont ouverts... Et tout d'un coup, vous voyez les peintures", contait-il.

Mais les visites ne seront poursuivies que "si les peintures de la grotte ne nous démontrent pas qu'elles réagissent négativement. Si non, nous arrêterons évidemment tout", ajoutait le scientifique.

Parmi les visiteurs, Javier Ors, journaliste de 39 ans, s'émerveillait: "On découvre énormément de détails qui n'auraient jamais attiré l'attention, qui ne sont pas les plus flagrants et qui pourtant apparaissent lorsqu'on les éclaire avec les lanternes. On dirait qu'ils nous observent depuis l'obscurité. Tout d'un coup, ils surgissent."

elc/sg/plh

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