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Une pleine intégration de l'Ukraine à l'UE reste lointaine, selon Bruxelles

Une pleine intégration de l'Ukraine à l'UE reste lointaine, selon Bruxelles

La perspective d'une pleine intégration de l'Ukraine à l'Union européenne n'est pas à l'ordre du jour, Bruxelles, soucieuse notamment de ménager Moscou, se contentant de raviver, sous conditions, l'accord de commerce et d'investissement toujours sur la table.

Près de 72 heures après la brusque fin du régime de Viktor Ianoukovitch, l'UE semblait lundi un peu prise au dépourvu par l'emballement des événements à Kiev. Elle songeait surtout à préserver l'intégrité territoriale de l'Ukraine, à ménager la Russie et trouver les moyens d'aider un pays au bord de la cessation de paiement.

"Nous entendons l'aspiration européenne des Ukrainiens, nous sommes prêts à la soutenir", a affirmé le porte-parole de la Commission européenne, Olivier Bailly, devant la presse lundi à Bruxelles. Mais en guise de perspective, il a seulement rappelé que "l'accord de commerce et d'investissement que nous avons proposé est toujours sur la table". "Nous en discuterons avec le prochain gouvernement légitime issu des élections", a-t-il ajouté.

Cet accord d'association, négocié pendant cinq ans entre Kiev et Bruxelles et qui a échoué en novembre, prévoit d'aider à la modernisation politique et économique de l'Ukraine. Mais sa mise en oeuvre implique de douloureuses restructurations économiques en échange d'investissements européens.

Oubliées les déclarations, faites début février, du commissaire européen chargé de l'Elargissement, le Tchèque Stefan Füle, évoquant l'ouverture d'un processus d'adhésion à l'UE pour l'Ukraine alors que le drapeau européen flottait sur la Place de l'Indépendance à Kiev.

A ce moment-là M. Fülle disait encore : "Si nous voulons sérieusement aider cette partie de l'Europe à se transformer, l'accord d'association ne peut être qu'une première étape," et d'ajouter "il faut utiliser notre instrument le plus puissant, à savoir l'élargissement".

Dimanche encore, dans un entretien publié par le Financial Times en marge d'une réunion du G20 à Sydney, le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn soutenait que l'UE devait "offrir à l'Ukraine une perspective européenne très claire, concrète". "Nous sommes à un tournant historique et l'Europe doit être à la hauteur de ce moment historique et être en mesure de fournir à l'Ukraine une perspective d'adhésion à moyen/long terme à condition que l'Ukraine remplisse les conditions d'adhésion", a dit M. Rehn.

L'article 49 du traité européen stipule, en effet, que tous les pays du continent européen, s'ils satisfont aux normes européennes en matière de droits de l'homme et bonne gouvernance, ont vocation à intégrer l'UE.

A peine le sentiment d'empathie pour les manifestants pro-européens ukrainiens passé, le réalisme a repris ses droits. Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a ainsi résumé: "Une Ukraine en faillite serait un poids trop lourd, aussi bien pour son grand voisin de l'est (la Russie, ndlr) que pour l'UE".

Si plusieurs Etats membres, surtout à l'est du continent - Pologne, Roumanie - sont favorables à l'intégration de l'Ukraine dans le giron européen, beaucoup d'autres dont la France, les Pays-Bas et l'Allemagne sont vent debout contre tout nouvel élargissement.

Pourtant, "l'Europe ne peut garder profil bas alors que les Ukrainiens se sont révoltés au nom d'une Europe porteuse d'espoirs et de réformes démocratiques et de liberté", estime Thornike Gordadze, ancien ministre géorgien de l'intégration européenne et aujourd'hui conseiller à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) à Paris.

"L'UE a besoin d'offrir quelque chose de mieux à l'Ukraine, pas seulement un accord d'association, mais la possibilité de rejoindre l'UE", a plaidé de son côté Ulrich Speck, expert à la Fondation Carnegie Europe à Bruxelles.

Mais, tempère à Bruxelles un diplomate européen, "l'UE veut désormais éviter toute provocation" à l'égard de Moscou. "Les Européens ont demandé à la Russie de ne pas intervenir. La contrepartie est que l'UE reste en dehors du jeu", a expliqué ce diplomate sous couvert de l'anonymat.

La principale préoccupation de l'UE concerne un éventuel éclatement du pays. "L'enjeu pour les Européens est de faire accepter à Moscou qu'il ne contrôle plus Kiev et faire accepter aux Ukrainiens que Moscou conserve sa base navale en Crimée et garde son influence dans la partie de l'Est de l'Ukraine qui est majoritairement russophone", a expliqué un autre diplomate européen.

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