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Cameroun: le Français Atangana libéré après 17 ans de prison

Cameroun: le Français Atangana libéré après 17 ans de prison

Le Français Michel Thierry Atangana, détenu depuis 1997 au Cameroun pour une affaire de détournement de fonds publics qu'il niait, a été libéré lundi en fin de soirée à Yaoundé après un décret présidentiel de remises de peine.

Michel Atangana a été "libéré nuitamment", a déclaré à l'AFP son avocat camerounais Charles Tchoungang devant la résidence de l'ambassadrice de France au Cameroun, où Michel Atangana a été conduit après sa sortie de prison.

Pour des raisons de sécurité avancées par l'ambassade de France au Cameroun, l'avocat n'a pas été autorisé à rencontrer son client, a-t-il expliqué.

Un décret du président camerounais Paul Biya, en date du 18 février, prévoyait des remises de peines collectives, dont celle de M. Atangana.

Ce décret "ordonne une remise totale de la peine restant à purger" pour les personnes condamnées pour détournement de fonds publics et "dont la détention a été supérieure à 10 ans".

Détenu depuis 1997, M. Atangana, d'origine camerounaise, âgé de 48 ans, a été condamné à nouveau en 2012 à 20 ans de prison au Cameroun.

Cette remise en liberté a mis fin à un long combat pour ce prisonnier qui a toujours nié les détournements de fonds publics dont on l'accuse au Cameroun.

L'affaire avait pris une tournure diplomatique, le président français François Hollande dénonçant en mai 2013 une durée de détention "inadmissible".

Quelques mois plus tard, le Haut Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU demandait aussi sa libération. "Paul Biya ne pouvait pas rester éternellement indifférent à ces appels", a commenté l'un des avocats français, Me Dominique Tricaud, qui avait saisi l'agence onusienne.

M. Atangana avait été envoyé au Cameroun en 1994 par son employeur pour des projets routiers. La présidence camerounaise lui avait confié la direction d'une structure de travaux publics.

Mais en avril 1997, celui qu'on présente comme l'un de ses proches, Titus Edzoa - libéré lui assi lundi soir selon son entourage - est arrêté.

Ce dernier a longtemps été l'un des personnages les plus puissants du régime de Paul Biya, à la tête du pays depuis 1982, mais il vient de rompre avec le pouvoir et a déclaré sa candidature à la présidentielle.

Michel Atangana sera arrêté dans la foulée. Le Français est condamné une première fois à 15 ans de prison en octobre 1997 pour le détournement de 1,1 milliard de francs CFA (1,6 million d'euros) et la tentative de détournement de 59,4 milliards de francs CFA (90 millions d'euros).

Dans des conditions jugées scandaleuses par la défense, il est de nouveau condamné à 20 ans en octobre 2012. Une situation ubuesque pour ses avocats, qui dénonçaient deux condamnations pour les mêmes faits.

La peine avait été confirmée par la Cour suprême du Cameroun en décembre dernier. Titus Edzoa avait suivi le même parcours.

Dans son avis du 13 novembre 2013, le Haut Commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU dénonçait "les conditions inhumaines" de détention de M. Atangana et réclamait une "indemnisation" pour le préjudice subi.

"Toutes les instances judiciaires intervenues dans (sa) très longue privation de liberté" ont "manqué d'impartialité" et "il a été jugé deux fois pour les mêmes faits", relevait l'agence de l'ONU.

Ses avocats ont déposé plainte à Paris en décembre 2013 contre trois ministres camerounais pour détention arbitraire.

En mai 2013, le président François Hollande avait jugé "inadmissible" la durée de détention de M. Atangana.

Depuis, Paul Biya a reçu des remerciements appuyés de Paris pour son implication dans la libération récente du prêtre français Georges Vandenbeusch, aux mains du groupe islamiste armé nigérian Boko Haram.

Ce fut déjà le cas en avril, après la libération des sept otages, dont quatre enfants, de la famille Moulin-Fournier, eux aussi enlevés par Boko Haram.

rek-mc/jr

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