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JO-2014 - Après les fastes de Sotchi, un gouffre financier guette la Russie

JO-2014 - Après les fastes de Sotchi, un gouffre financier guette la Russie

Les gigantesques constructions érigées à Sotchi pour les jeux Olympiques les plus chers de l'histoire, achevés dimanche, risquent de se transformer en gouffre financier pour la Russie, compte tenu des énormes investissements difficiles à rentabiliser.

Après sa désignation en 2007 pour organiser les JO, Sotchi est devenue l'un des plus grands chantiers au monde où des bâtiments et des immeubles ont poussé comme des champignons sur les bords de la mer Noire et dans les montagnes du Caucase au-dessus de la ville, dans une zone auparavant quasi vierge d'infrastructures sportives.

L'aménagement de routes et voies de chemins de fer a porté le coût total de l'opération à 50 milliards de dollars (37 milliards d'euros) pour cet événement international sans précédent en Russie depuis la chute de l'URSS, dont le président Vladimir Poutine a voulu faire une vitrine du pays.

Mais que vont devenir tous ces bâtiments neufs après le départ des milliers d'athlètes, accompagnateurs, journalistes et visiteurs qui occupent des appartements et hôtels construits spécialement pour les JO et les jeux paralympiques du 7 au 16 mars ?

Dans le parc olympique en bord de mer, par exemple, le palais de glace Bolchoï (hockey) doit être transformé en centre omnisports, l'Iceberg (enceinte de patinage) doit être réaménagé au profit de la Fédération russe de cyclisme, et le bâtiment Chaïba (hockey) sera démonté puis transporté dans une autre ville russe, non précisée pour l'instant.

Le stade Fisht accueillera des matches de la Coupe du monde de football en 2018; le premier Grand Prix de Formule 1 organisé en novembre en Russie traversera le parc olympique, et la Russie compte organiser à Sotchi d'importants événements internationaux comme le G8 en juin.

Mais selon un rapport rédigé par deux opposants russes, Boris Nemtsov (ex-ministre de Boris Eltsine) et Léonid Martyniouk, la plupart des installations olympiques seront inutilisées après les Jeux.

"Compte tenu des frais d'entretien très élevés, de nombreuses infrastructures olympiques seront progressivement détruites", prédisent les auteurs du rapport "putin-itogui" (l'addition de Poutine), qui affirment en outre que jusqu'à 23 milliards d'euros du budget total des constructions pour les Jeux ont été détournés par des proches de M. Poutine.

Signe des difficultés qui s'annoncent, Vladimir Poutine a déploré début février l'absence d'infrastructures scolaires et médicales parmi les nombreux bâtiments construits pour les JO, qui risquent ainsi de se retrouver vides faute d'acquéreurs.

L'oligarque Oleg Deripaska, dont la holding s'est endettée pour construire la station de sports d'hiver de Krasnaïa Poliana, a déjà réclamé l'aide de l'Etat comme d'autres grands groupes qui ont massivement investi dans l'opération "JO". C'est le cas de la société Interros de l'oligarque Vladimir Potanine, propriétaire de la plus grande station de sports d'hiver de Sotchi (Rosa Khoutor), du géant de l'énergie Gazprom, propriétaire de la station Laura (disciplines nordiques), et de la banque publique Sberbank.

Ces groupes sollicités par l'Etat pour participer aux chantiers des JO réclament désormais un assouplissement des conditions de crédit de la banque publique Vnecheconombank, ce que le Kremlin a jusqu'ici refusé.

Mais une clause précise que si les emprunteurs ne sont plus en mesure de rembourser, l'Etat récupèrera les infrastructures, difficiles voire impossibles à rentabiliser.

L'experte en immobilier Valéria Mozganova observe que les appartements construits spécialement pour les JO vont être difficiles à vendre ou à louer, dans la mesure où l'offre sur le marché immobilier de Sotchi était déjà supérieure à la demande avant les Jeux.

Doté d'un nouvel aéroport international et d'un port pouvant désormais accueillir de grands navires de croisière, la ville de Sotchi espère attirer davantage de touristes, pour l'essentiel russes, dont une grande partie privilégie des destinations moins chères comme l'Egypte ou la Thaïlande.

"Ce sera difficile", prédit l'experte.

En montagne, les hôtels de luxe construits pour les Jeux vont attirer une clientèle qui a les moyens et skie pour le moment à l'étranger, notamment dans les stations européennes, ajoute-t-elle.

Mais si les nouveaux clients ne sont pas rapidement et régulièrement au rendez-vous, l'opération pourrait se transformer très vite en gouffre financier pour la Russie.

bfi/pga/ep

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