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Ianoukovitch destitué, une nouvelle ère commence en Ukraine

Ianoukovitch destitué, une nouvelle ère commence en Ukraine

Une nouvelle ère s'ouvrait dimanche en Ukraine après la folle journée de la veille, marquée par la destitution de facto du président Viktor Ianoukovitch et la libération de l'opposante Ioulia Timochenko.

Tôt dans la matinée, le centre de Kiev, métamorphosé en quasi-zone de guerre après trois mois de crise aigüe, semblait renouer avec un semblant de normalité, tandis que l'on ignorait toujours où se trouvait le président destitué.

Sur le Maïdan (place de l'Indépendance), l'heure était au soulagement et au recueillement. Tôt dimanche matin, quelques centaines de personnes y étaient rassemblées, chantant la main sur le coeur l'hymne national, conclu par de tonitruants "Gloire à l'Ukraine !"

D'autres déambulaient, des fleurs à la main, ou prenaient des photos des barricades et des opposants casqués sirotant du thé autour des braseros. A proximité, les magasins, restés fermés ces derniers jours, avaient rouvert dimanche.

Les affrontements ont fait près de 80 morts cette semaine, un niveau de violence inédit pour ce jeune pays issu de l'ex-Union soviétique.

Mais si l'extrême tension des derniers jours est retombée, les inquiétudes au sujet du sort de ce pays de 46 millions d'habitants restent très vives. Il apparaît en effet à la fois profondément divisé et au bord de la faillite financière.

L'Ukraine s'est imposée comme thème lors de la réunion du G20 dimanche à Sydney: "Plusieurs pays se sont mis d'accord pour évoquer leur soutien" à l'Ukraine, a déclaré le ministre français de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici.

La communauté internationale a en outre clairement fait part de ses craintes que la crise n'ait encore creusé le fossé entre l'Est russophone et russophile, majoritaire, et l'Ouest nationaliste et ukrainophone.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a estimé samedi soir qu'il existait des forces menaçant l'intégrité territoriale de l'Ukraine, sans en préciser leur nature.

La représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé les responsables politiques ukrainiens à agir "de manière responsable" pour maintenir l'"intégrité territoriale" et l'"unité" du pays.

A Kharkiv, ville de l'est du pays, des responsables locaux des régions pro-russes de l'est ont remis en cause samedi la "légitimité" du Parlement ukrainien, qui selon eux travaille actuellement "sous la menace des armes". "L'intégrité territoriale et la sécurité de l'Ukraine se trouvent menacées", ont-ils estimé.

Le paysage politique de l'Ukraine a été totalement chamboulé en l'espace de 24 heures avec la libération de l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, emprisonnée depuis 2011. Elle apparaît dès à présent comme une candidate de poids à l'élection présidentielle anticipée fixée au 25 mai.

A peine sortie de prison, l'égérie de la Révolution orange en 2004 s'est rendue sur le Maïdan où elle a salué les "héros" de l'Ukraine et leur a demandé de poursuivre le combat.

"Si quelqu'un vous dit que c'est terminé et que vous pouvez rentrer chez vous, n'en croyez pas un mot, vous devez finir le travail", leur a-t-elle lancé.

Sa libération immédiate avait été votée samedi par le Parlement au cours d'une journée échevelée. Peu après, les députés votaient ce qu'ils ont présenté comme une vacance du pouvoir justifiant une destitution de facto du chef d'Etat et l'organisation d'une présidentielle anticipée le 25 mai.

"Le président Ianoukovitch s'est écarté du pouvoir et ne remplit plus ses fonctions", selon la résolution adoptée par le Parlement. L'intéressé, élu en 2010 et dont le mandat court jusqu'en mars 2015, a cependant assuré qu'il n'avait nullement l'intention de démissionner.

"Le pays assiste à un coup d'Etat (...) Je suis un président élu de manière légitime", a-t-il souligné dans une allocution télévisée non datée, diffusée par une chaîne régionale à Kharkiv (est).

Selon le nouveau président du Parlement, Olexandre Tourtchinov, il aurait cependant tenté samedi de fuir en Russie à bord d'un avion mais en a été empêché par les gardes-frontières. Ces derniers ont indiqué par la suite que M. Ianoukovitch avait tenté en vain de les corrompre pour qu'ils laissent son avion décoller.

On ignorait dimanche où il se trouvait.

"Ianoukovitch a été mis KO", s'est réjoui l'un des principaux responsables de l'opposition ukrainienne, le champion du monde de boxe poids-lourds, Vitali Klitschko, qui pourrait être amené à jouer un rôle politique important dans les prochains mois.

Un nouveau gouvernement intérimaire pourrait être nommé dans la journée de dimanche.

La Russie a accusé samedi l'opposition ukrainienne de ne pas avoir "rempli une seule des obligations" figurant dans l'accord signé vendredi avec le président et dénoncé "les extrémistes armés et les pillards dont les actes constituent une menace directe (pesant) sur la souveraineté de l'Ukraine".

Côté européen, le ton était radicalement différent. "Il n'y a pas de coup d'Etat à Kiev. Les bâtiments officiels ont été abandonnés. Le président du Parlement a été légitimement élu", a twitté le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski, qui a participé cette semaine aux négociations entre opposition et pouvoir.

La Maison Blanche a pour sa part salué la libération de Ioulia Timochenko et rappelé qu'il revenait aux Ukrainiens de "déterminer leur propre avenir".

ahe-neo-thm/nm/pt

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