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Italie: l'heure de la prestation de serment pour le gouvernement Renzi

Italie: l'heure de la prestation de serment pour le gouvernement Renzi

Matteo Renzi, le plus jeune Premier ministre de l'Union européenne, et son gouvernement formé pour moitié de femmes et de nombreuses têtes nouvelles, prêtent serment samedi au palais du Quirinal, siège de la présidence italienne.

Fort de 16 ministres, dont les deux tiers sont nouveaux, autant de femmes que d'hommes, la plus jeune moyenne d'âge depuis la guerre (47,8 ans)... Sur le papier, ce nouvel exécutif a tout pour "redonner l'espoir" aux Italiens, comme l'a promis M. Renzi.

"La tâche est difficile mais nous sommes l'Italie nous y arriverons. Notre engagement: rester nous-mêmes; des gens libres et simples", a tweeté M. Renzi pour remercier ses supporteurs.

Mais dans les faits, prévenaient les quotidiens italiens avant la prestation de serment prévue à 10h30 GMT, rien n'est moins sûr.

"C'est un gouvernement Renzi, et rien d'autre. Beaucoup de nouveaux, peu de personnalités. Beaucoup de femmes, enfin, beaucoup de jeunes (...) un exécutif fait pour un chef" tel que souhaite l'être l'ancien maire de Florence, résume Ezio Mauro, directeur du journal Repubblica.

L'absence d'un vice-Premier ministre, alors que dans le gouvernement précédent, Angelino Alfano, alors dauphin de Silvio Berlusconi au centre droit, occupait ce poste pour contrebalancer le pouvoir d'Enrico Letta issu du centre gauche, est certes un "signal fort", selon l'éditorialiste.

Mais, en conséquence, ajoute-t-il, "Renzi semble ramener toute la couverture à lui, sur son énergie politique". Ce gouvernement l'expose "comme jamais, sur tous les fronts".

Une situation que le nouveau dirigeant de 39 ans a lui-même résumée: "nous ne risquons pas seulement notre carrière mais aussi notre tête".

Un sentiment que partage le Corriere della Sera: "ce nouveau gouvernement est la photographie de la recherche avide de nouveauté du Premier ministre", estime Antonio Polito.

Mais il démontre également ses "limites": avec un "Parlement sans (vraie, NDLR) majorité électorale", M. Renzi, comme son prédécesseur, sera contraint de s'appuyer sur une coalition gauche-droite pour gouverner face à une "Europe qui nous regarde encore de travers".

La Stampa émet pour sa part des "doutes" sur "l'expérience, la capacité de peser sur la pire crise économique que l'Italie ait connu depuis la fin de la guerre", avec une dette abyssale (plus de 130% du PIB) et une très légère croissance (+0,1% au 4e trimestre 2013) après deux ans de récession.

"Seulement trois techniciens" parmi le gouvernement, composé d'une majorité de "politiques" dont beaucoup inexpérimentés, précise le quotidien, qui déplore aussi l'absence de "personnalités +anticonformistes+ que tout le monde attendait". L'écrivain Alessandro Baricco par exemple a refusé le ministère de la Culture.

Parmi les "technocrates", une figure fait l'unanimité, celle du nouveau ministre de l'Economie et des Finances, Pier Carlo Padoan.

Chef économiste de l'OCDE, numéro deux de l'organisation, ce Romain de 63 ans "est un technicien à la valeur indiscutable, bien connu et apprécié à l'étranger, notamment comme négociateur", souligne Il Sole 24Ore. Mais, prévient le quotidien économique: "en économie, seule compte la preuve des faits".

L'une des "personnalités" dont manque le gouvernement Renzi est certainement le procureur adjoint de Reggio Calabria, Nicola Gratteri, que tout le monde donnait à la Justice et qui aurait été une gifle pour les mafias.

Selon les journaux italiens, c'est le président Napolitano qui l'aurait écarté au dernier moment, imposant à sa place le "pâle" Andrea Orlando, au prétexte que "jamais un magistrat ne devient Garde des Sceaux".

"Si le Premier ministre était ce qu'il dit être, il aurait tenu bon sur Gratteri et aurait envoyé tout le monde valser", regrette Il Fatto Quotidiano.

Matteo Renzi, prévient le quotidien de gauche, sera le "troisième Premier ministre (en deux ans, NDLR) à la souveraineté limitée, entouré d'un aréopage de technocrates de partis de nouvelle génération qui ne donnent aucune garantie d'être meilleurs que leurs prédécesseurs".

Une inquiétude que partage Ezio Mauro: Renzi, "l'acrobate, est sur un fil seul et sans filet. Espérons qu'il réussisse: car après lui, ne restent que les clowns populistes".

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