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JO-2014 - Le silence est d'or pour les biathlètes ukrainiennes

JO-2014 - Le silence est d'or pour les biathlètes ukrainiennes

A 1400 km de Kiev, les biathlètes ukrainiennes victorieuses du relais dames des JO de Sotchi ont réussi à rendre hommage aux victimes du conflit qui frappe la capitale ukrainienne sans enfreindre la charte olympique et en évitant de mélanger sport et politique.

Vita Semerenko et sa jumelle Valj, Julia Dzhyma et Olena Pidhrushna ne portaient ni brassard noir, ni inscription sur leurs combinaisons. Pas de slogan, pas de gestuelle évocatrice, pas même de drapeau ukrainien flottant au vent dans la dernière ligne droite d'une victoire bien acquise.

C'est par le silence que les Ukrainiennes ont choisi de faire parler de leur pays.

A travers une minute de silence d'abord, demandée par la dernière relayeuse Olena Pidhrushna avant que ne débute la conférence de presse qui a suivi leur victoire.

"Si c'est possible, compte tenu des événements qui se sont produits en Ukraine, je demande qu'on observe une minute de silence à la mémoire des personnes qui sont mortes chez nous au cours des derniers jours", a demandé Pidhrushna.

A travers la retenue politique de leurs réponses ensuite, où les biathlètes, tout en répondant à l'ensemble des questions, se sont bien gardées d'exprimer leur opinion personnelle.

"Aujourd'hui nous ne pouvons éviter les questions sur la politique, les journalistes nous posent presque tous la même question. Nous sommes des professionnelles, nous sommes préparées à cela depuis plus de 15 ans, et malgré tous les événements qui se produisent aujourd'hui dans notre pays, au départ (du biathlon), nous nous sommes concentrées uniquement sur ce que nous devions faire, sur ce que nous sommes en mesure de réaliser et comment nous pouvons y arriver", a expliqué Pidhrushna, la seule des quatre biathlètes à avoir répondu aux questions en conférence de presse.

Pour l'émotion, il fallait compter sur Sergueï Bubka, président du comité national olympique national.

"Il y a deux jours (quand la situation a dégénéré à Kiev), nous avons exprimé notre tristesse, nous avons fait une minute de silence tous ensemble au village olympique", a raconté l'ancien tsar de la perche, les larmes aux yeux.

Le relais dames ukrainien aura en fait illustré à merveille la césure qui sépare les Jeux olympiques des vicissitudes du monde.

Au lendemain du bain de sang qui a touché Kiev (80 morts depuis mardi), le monde fermé de l'olympisme aura ainsi célébré ses héros sans que la moindre fausse note ou ingérence politique ne vienne troubler le spectacle, conformément à la charte olympique.

Hommage certes, mais sans portée politique autre que pacifique. Sans joie non plus, "ce n'est pas le moment de faire la fête", indiquera Bubka.

Cette troublante dichotomie aura été parfaitement illustrée aussi par l'attitude des supporteurs ukrainiens.

"Bien sûr que nous pensons à ce qui se passe chez nous. C'est le gros bordel en ce moment. Nous ne soutenons pas ce régime de bandits!", commentait ainsi en tribune un d'entre eux. Avant qu'un de ses amis, assis à ses côtés, ne le coupe aussitôt: "Arrête de parler et regarde plutôt le biathlon"...

Ils auront donc vu leurs représentantes triompher de l'adversité, malgré quatre fautes au tir, grâce notamment à une dernière boucle de ski de fond solide de Pidhrushna.

Ils auront vu la Russie prendre la 2e place devant la Norvège, médaille de bronze.

fbr/el

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