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Ukraine: guerre civile peu probable, mais plus d'avenir politique pour Ianoukovitch

Ukraine: guerre civile peu probable, mais plus d'avenir politique pour Ianoukovitch

Pour Andreas Umland, professeur allemand à l'université de sciences politiques de Kiev-Mohyla, une guerre civile est peu probable en Ukraine malgré les violences meurtrières à Kiev, mais le président Ianoukovitch s'est privé d'un rôle de premier plan dans l'issue de la crise politique.

Q: Le centre de Kiev a été le théâtre mardi de scènes de guérilla urbaine qui menacent de s'étendre dans le pays. Y-a-t-il un danger de guerre civile ?

R: "Je ne pense pas qu'il y ait un vrai danger de guerre civile à grande échelle, même si les affrontements à Kiev peuvent être considérés comme un conflit de faible intensité.

Il y a une volonté commune de maintenir la violence à un niveau restreint: les deux camps disposent d'armes à feu, mais ils ne les utilisent pas à grande échelle.

La plupart du temps, on en reste à des affrontements classiques: cocktails molotov et pavés contre grenades assourdissantes et gaz lacrymogène, et tout le monde porte des bâtons.

Pour évacuer complètement le Maïdan (la place du centre de Kiev occupée par l'opposition, ndlr), le président Ianoukovitch devrait employer des mitrailleuses, mais cela serait évidemment le signal d'un massacre à grande échelle.

Ianoukovitch ne dispose probablement pas du soutien nécessaire pour une telle option, tant au sein de son entourage que dans les forces de sécurité. Les oligarques n'ont aucune envie d'une guerre civile. Ils peuvent pousser à la négociation".

Q: Les sanctions européennes ciblées contre l'entourage du président Ianoukovitch, pour lesquelles insistent Berlin et Varsovie, peuvent-elles y aider ?

R: "Les réactions internationales, très critiques à l'égard du régime, n'ont pas été très efficaces jusqu'à présent.

Le principe de sanctions n'a pas encore vraiment été essayé à grande échelle en Ukraine. Cela pourrait motiver des oligarques, des riches parlementaires et autre soutiens fortunés de Ianoukovitch à repenser leur positionnement.

Il y a de plus en plus de mécontents contre la politique suivie par Ianoukovitch au sein du régime. Ces gens-là peuvent faire bouger les choses.

Q: Quel avenir à moyen terme peut avoir aujourd'hui Viktor Ianoukovitch en Ukraine ?

R: "Dans sa situation actuelle, il va être obligé de faire des compromis de première importance. Il ne peut plus faire partie de la solution à la crise et il est très improbable qu'il continue à jouer un rôle important sur le plan politique.

Il va devoir au minimum renoncer à la plupart de ses pouvoirs en faveur du gouvernement et du parlement. Mais il n'est même pas sûr qu'il puisse rester à son poste. La plupart des personnes rassemblées sur le Maïdan ne voulaient qu'une chose, son départ, et cela avant même les affrontements meurtriers de mardi.

Et les manifestants sont désormais très radicalisés, ils écoutent de moins en moins les mots d'ordre des leaders de l'opposition comme Vitali Klitschko ou Arseni Iatseniouk.

Ils voient que la non-violence ne leur a rien apporté pendant des semaines et ne veulent pas se contenter de réforme constitutionnelle".

thm/lpt/ia

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