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Venezuela: la mobilisation étudiante se poursuit

Venezuela: la mobilisation étudiante se poursuit

Les étudiants vénézuéliens ont entamé vendredi un nouveau rassemblement de protestation à Caracas, visiblement décidés à engager un bras de fer contre le gouvernement de Nicolas Maduro, qui a lui appelé ses partisans à manifester samedi.

Des centaines de jeunes gens ont bloqué des rues de Caracas dans le cadre du mouvement de protestation anti-gouvernemental lancé il y a 10 jours par des étudiants qui protestent contre la vie chère, l'insécurité et les pénuries dans le pays pétrolier.

"Une fois encore, nous sommes ici pour exiger la libération des étudiants (détenus) et parce que nous ne pouvons pas vivre dans une telle violence", a expliqué à l'AFP Maria Correia, une étudiante de 20 ans, présente dans un groupe rassemblé sur l'avenue Francisco de Miranda, dans l'est aisé de la capitale.

Mercredi, une manifestation de milliers d'étudiants rejoints par des militants et responsables de l'opposition avait débouché sur des violences qui ont fait trois morts, des dizaines de blessés à Caracas, et de nombreuses interpellations.

Ces incidents ont suscité l'inquiétude du Haut commissariat aux droits de l'homme de l'ONU et de l'Organisation des Etats américains (OEA), qui ont demandé que la lumière soit faite sur ces évènements.

Sous le soleil, les jeunes protestataires s'étaient d'abord rassemblés à proximité, sur la place Altmira, ceints de drapeaux du Venezuela et brandissant des pancartes clamant "Nous sommes tous le Venezuela, liberté pour les étudiants" ou "Nous voulons la paix, plus de violence".

"Liberté ! Etudiants !" ou encore "Peuple, écoute, rejoins la lutte !", scandaient également en choeur les manifestants dans la manifestation qui se dirigeait vers les locaux de l'OEA.

D'autres rassemblements avaient lieux dans d'autres villes du pays, comme à San Cristobal (ouest).

De son côté, le président Nicolas Maduro a appelé jeudi soir ses partisans à manifester samedi "pour la paix et contre le fascisme", terme habituellement utilisé par les autorités pour désigner les opposants, accusés par le gouvernement de fomenter les violences pour tenter de provoquer "un coup d'Etat".

Vendredi, le leader de la fédération estudiantine de l'Université centrale du Venezuela (UCV), Juan Requesens, a réclamé la libération de la centaine de jeunes arrêtés dans le cadre du mouvement étudiant, reconnaissant toutefois devant la presse que 60% d'entre eux avaient déjà été relâchés.

Depuis quelques semaines, le gouvernement fait face à une grogne croissante d'une partie de la population dans un contexte de forte inflation (56,3% en 2013), de pénuries récurrentes frappant les denrées alimentaires ou les produits de consommation courante et d'une insécurité que les autorités ne parviennent pas à juguler.

Le mode de protestation étudiant, décidé à obtenir le départ de M. Maduro, bénéficie du soutien de plusieurs opposants mais ne fait pas l'unanimité au sein de la Table de l'unité démocratique (MUD), la principale coalition de l'opposition vénézuélienne.

Sa principale figure, Henrique Capriles, battu d'un cheveu à la présidentielle d'avril dernier par M. Maduro, a lui-même estimé jeudi que "les conditions ne sont pas réunies pour forcer le départ du gouvernement".

La plupart des chaînes de télévision vénézuéliennes se sont abstenues ces derniers jours de diffuser les images de ces incidents, craignant visiblement les avertissements du Conseil national des Télécommunications, qui a menacé de sanctions les médias qui feraient "la promotion de la violence".

Jeudi soir, M. Maduro a annoncé avoir décidé d'interrompre la diffusion de la chaîne de télévision colombienne d'informations NTN24, qui a assuré une large couverture des événements de mercredi.

Le président vénézuélien s'en est également pris à l'Agence France-Presse.

"Il y a une grande manipulation. Je dénonce l'Agence française d'informations. L'AFP est à la tête de la manipulation (...) J'ai demandé à la ministre de la Communication (Delcy Rodriguez, NDLR) qu'elle prenne des mesures et s'explique très clairement avec les responsables de l'AFP au Venezuela", a-t-il déclaré sans fournir plus de détails.

La directrice régionale de l'AFP pour l'Amérique latine, Juliette Hollier-Larousse, a indiqué vendredi "ne pas comprendre" ces accusations, précisant qu'elle demeurait "dans l'attente d'une réunion avec les autorités pour en savoir davantage".

Par ailleurs, les autorités n'avaient toujours pas interpellé vendredi Leopoldo Lopez, un opposant accusé d'homicide et d'association de malfaiteurs et visé par un mandat d'arrêt depuis mercredi soir. M. Lopez fait partie d'un petit groupe prônant la contestation dans la rue, sous le mot d'ordre "La Sortie".

Au niveau diplomatique, le président Maduro a reçu un "soutien total" de ses alliés régionaux Rafael Correa (Equateur), Daniel Ortega (Nicaragua) et Evo Morales (Bolivie), face à la droite "fasciste", le ministre bolivien des Affaires étrangères dénonçant "une aventure putschiste".

L'Union européenne a elle fait part de sa "préoccupation" et appelé le gouvernement à "tendre la main" à tous les secteurs de la société.

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