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Euthanasie: la justice française tranche vendredi le cas d'un tétraplégique

Euthanasie: la justice française tranche vendredi le cas d'un tétraplégique

Nouvelle expertise médicale ? Vie ou mort ? Le Conseil d'État, plus haute juridiction administrative française, tranche vendredi le cas d'un tétraplégique en état végétatif, une décision attendue avec appréhension en France en raison du précédent qu'elle créerait.

Saisi par les médecins et l'épouse de Vincent Lambert, 38 ans, qui réclament - au contraire de ses parents - l'arrêt de ses soins, le Conseil d'État devait rendre sa décision à 15H00 GMT.

Constatant que les avis divergent sur l'état de santé du patient, le rapporteur public, Rémi Keller, a recommandé jeudi, lors d'une audition des différentes parties en cause, que trois nouveaux médecins spécialisés se penchent sur son cas et rendent leur avis dans un délai de six semaines.

Après une réflexion de plusieurs mois, l'Hôpital de Reims (est) avait décidé de manière collégiale d'arrêter d'alimenter et d'hydrater artificiellement Vincent Lambert. Sept médecins avaient été consultés. Seul l'un d'entre eux, proposé par les parents, avait plaidé en faveur du maintien en vie.

Ces derniers, catholiques traditionalistes, sont opposés à l'euthanasie passive de leur fils, persuadés que celui-ci est "présent" alors que les médecins décrivent un patient "atteint d'une maladie grave et incurable" et souffrant "de lésions cérébrales graves et irréversibles. Son épouse Rachel et son neveu François demandent comme ces médecins l'arrêt des soins.

En janvier, les parents avaient obtenu d'un tribunal administratif une décision obligeant les médecins à maintenir en vie Vincent Lambert, qui fait aujourd'hui l'objet de l'appel devant le Conseil d'Etat.

A la mi-janvier, l'église catholique avait pris position dans le débat en réaffirmant dans un communiqué: "Non à l'acte de tuer", mais également "Non à l'acharnement thérapeutique".

Si les 17 magistrats du Conseil d'Etat suivent la recommandation du rapporteur favorable à une nouvelle expertise médicale, leur décision finale en serait d'autant repoussée.

Repousser la décision aux résultats d'une nouvelle expertise pourrait toutefois être perçu comme une incapacité de la justice à se prononcer dans un dossier aussi délicat. Comme le résume le neveu de Vincent Lambert, François: "L'importance de la décision est telle que j'ai l'impression que ça paralyse un peu tout le monde".

Cloué sur son lit d'hôpital en état végétatif chronique depuis cinq ans après un accident de voiture en 2008, la vie suspendue aux sondes de nutrition, Vincent Lambert était infirmier psychiatrique et n'aurait jamais voulu, selon certains de ses proches, être maintenu en vie artificiellement.

"Avec le temps on l'a vu se dégrader, ses muscles atrophiés déforment son corps, il est souvent pris de rictus, il crie quelquefois". Pour sa soeur Marie, "c'est déjà un mort-vivant alors à quoi bon!"

Le monde médical français redoute une confirmation par le Conseil d'État de la décision du tribunal administratif. Il craint qu'elle modifie les pratiques médicales et conduise à un retour de l'acharnement thérapeutique en France.

Le président socialiste français, François Hollande, a réaffirmé en début d'année sa volonté de voir adopter une loi permettant à une personne atteinte d'une maladie incurable de demander une "assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".

Ce projet se heurte toutefois à une opposition vive des milieux conservateurs en France, qui ont retrouvé récemment de la voix à l'occasion de réformes visant la famille.

Une loi en 2005 a instauré en France un droit au "laisser mourir", qui favorise les soins palliatifs. Elle autorise des traitements anti-douleur permettant de soulager la souffrance, avec pour "effet secondaire d'abréger la vie" d'un malade en "phase avancée ou terminale".

Plusieurs pays européens ont déjà été beaucoup plus loin, leurs législations autorisant certaines formes d'assistance à la mort.

La Belgique est devenue jeudi soir le premier pays au monde à autoriser sans limite d'âge mais "en capacité de discernement" les enfants atteints d'une maladie incurable à choisir, comme les adultes, l'euthanasie pour abréger leurs souffrances.

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