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Des gaz aux avions et aux chars: les armes nouvelles de la Première guerre mondiale

Des gaz aux avions et aux chars: les armes nouvelles de la Première guerre mondiale

Avions de combat, chars, sous-marins, artillerie: les nations en guerre se sont livrées de 1914 à 1918 une farouche course à l'innovation technologique pour développer les armes les plus meurtrières, à l'image des terribles gaz de combat qui symbolisent à jamais le conflit.

Des "orages d'acier". L'écrivain allemand Ernst Jünger a exprimé au lendemain de la guerre ce que fut le déluge d'obus qui s'est abattu pendant quatre ans sur les combattants, notamment sur le front occidental.

Dès les premières semaines de la guerre, les bombardements massifs provoquent des pertes humaines considérables, de même que les mitrailleuses qui dressent des murs de balles contre les assaillants. Les deux camps développent rapidement une artillerie lourde d'une puissance nouvelle.

Très vite pourtant, les soldats s'enterrent pour se protéger et il faut trouver des solutions pour franchir les lignes adverses.

Les Britanniques testent un blindé à chenilles dès 1914 pour accompagner l'infanterie et engagent pour la première fois de vrais chars de combat en septembre 1916 dans la Somme, avec des résultats encore peu probants.

Si les Allemands commettent l'erreur de ne pas croire à l'avenir de cette arme nouvelle, dont ils se désintéressent totalement, les Français en revanche s'équipent bientôt de chars légers Renault, mobiles et maniables. Ils joueront un rôle important dans la victoire finale en 1918.

Le casque métallique pour se protéger la tête des éclats se généralise dans toutes les armées en 1915 et les barbelés enchevêtrés --amélioration d'une invention américaine pour clôturer les parcs à bétail-- zèbrent le champ de bataille de puissants dispositifs de défense. Des milliers de fantassins perdront la vie accrochés à ces barbelés, ce qui vaudra à ces derniers de recevoir des "Poilus" français le terrible sobriquet de "séchoirs".

La guerre à outrance fait voler en éclats toutes les tentatives de régulation des armements. Et l'innovation la plus terrifiante, les gaz de combats, utilisés pour la première fois par les Allemands, va marquer tous les esprits.

En avril 1915, à Ypres, en Belgique, soldats français et belges voient d'épaisses fumées s'élever des tranchées allemandes. "J'ai vu alors un nuage de couleur verte, haut d'environ dix mètres et particulièrement épais à la base, qui touchait le sol. Ce nuage avançait vers nous, poussé par le vent. Presque aussitôt, nous avons littéralement suffoqué", témoigne le lieutenant français Jules-Henri Guntzberger.

Les gaz terrorisent les combattants. Pris de panique, aveuglés, asphyxiés, ils meurent par milliers dans d'atroces souffrances. Les deux camps vont perfectionner l'arme chimique tout au long de la guerre, mais elle ne s'imposera jamais vraiment, car elle reste risquée pour ceux qui l'utilisent et les parades se développent: aux mouchoirs mouillés que les soldats s'appliquent sur le visage lors des premières attaques succèdent bientôt lunettes de protection et premiers masques en toile.

Au total, les gaz ne causeront que moins de 1% des victimes du conflit, mais leur horreur marquera durablement l'imaginaire collectif et explique aujourd'hui encore la mobilisation internationale lorsque le régime syrien a lancé en août 2012 une attaque chimique contre sa propre population.

Pour les soldats terrés dans les tranchées, le danger peut désormais aussi venir du ciel. En 1914, l'aviation de combat n'en est qu'à ses balbutiements. Mais les milliers d'appareils dont seront dotés les deux camps quatre ans plus tard - environ 3.700 pour la seule armée française - témoignent de l'intense mobilisation industrielle dont a bénéficié cette arme nouvelle, à l'instar de toutes les autres.

Verdun, dans l'est de la France, sera le théâtre en 1916 de la première vraie bataille aérienne à grande échelle. "Si la Grande Guerre reste une bataille terrestre par excellence, elle met en exergue un concept stratégique dont les conflits ultérieurs du 20e siècle vont valider l'importance: la maîtrise de l'air comme préalable à toute action d'envergure au sol", écrit l'historien français Jean-Yves Le Naour dans son "Dictionnaire de la Grande Guerre" (Larousse).

Innovation aussi dans la guerre navale. Les Allemands, qui ont renoncé à concurrencer la puissance britannique sur les océans, construisent en revanche massivement des sous-marins -les "U-Boote"- dès le début de la guerre: ils en alignent 150 début 1917 contre une quinzaine deux ans avant, et en lanceront 350 au total durant le conflit.

Pensant pouvoir rompre le blocus maritime imposé à l'Allemagne par la flotte britannique, Berlin déclenche la première guerre sous-marine en Mer du Nord. Son élargissement et son intensification début 1917 pour tenter d'asphyxier les Alliés se retournera toutefois contre Berlin, car elle jouera un rôle déterminant dans l'entrée en guerre des Etats-Unis.

Aucune de ces nouvelles armes ne sera à elle seule décisive: c'est finalement la puissante machine de guerre industrielle américaine qui fera pencher la balance en faveur des Alliés, face à des empires centraux épuisés.

Mais avec la puissance de feu et la débauche de matériels et d'inventions dont elle fut le théâtre, la Grande Guerre préfigure la plupart des conflits à venir.

dch/jba/lma/pt

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