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Venezuela : le gouvernement bat le rappel de ses troupes au lendemain de violences

Venezuela : le gouvernement bat le rappel de ses troupes au lendemain de violences

Le gouvernement vénézuélien a appelé à des manifestations jeudi "contre la violence de l'opposition", rendue responsable des incidents qui ont fait trois morts mercredi en marge d'une marche d'étudiants et d'opposants.

La ministre de l'Information, Delcy Rodriguez, a lancé cet appel sur Twitter sous le mot d'ordre "le Venezuela uni contre le fascisme", terme habituellement employé par les autorités pour désigner le mouvement d'opposition.

Mme Rodriguez a ainsi appelé "tous les mouvements sociaux et le peuple" à manifester "contre la violence de l'opposition".

"Le projet de coup d'Etat sera déjoué une fois de plus", c'est exclamé de son côté le ministre du Tourisme, Andres Izarra, sur le site de micro-blogs, répétant les accusations de tentative de renversement du gouvernement lancées la veille par le président Nicolas Maduro après les violences.

Mercredi, des manifestations de milliers d'étudiants et de militants de l'opposition protestant contre la vie chère, l'insécurité et les pénuries ont été organisées dans plusieurs villes du pays.

Cette marche s'inscrivait dans la continuité d'un mouvement étudiant lancé en province, où des heurts ont opposé les étudiants aux policiers et à des groupes pro-gouvernementaux depuis une dizaine de jours.

La manifestation de Caracas, la plus importante depuis que Nicolas Maduro a succédé en mars à Hugo Chavez (1999-2013), s'est achevée par des affrontements entre jeunes opposés au gouvernement et policiers ou groupes "chavistes" qui ont fait au moins trois morts par balles.

Les autorités ont également fait état de dizaines de blessés et d'environ 80 arrestations à travers le pays.

Nicolas Maduro a donné l'ordre mercredi soir de renforcer la sécurité dans les principales villes du Venezuela. "Il n'y aura pas de coup d'Etat au Venezuela, ayez-en la certitude absolue. La démocratie continuera, la révolution continuera", avait affirmé le président vénézuélien dans une allocution radio-télévisée.

Depuis quelques semaines, le gouvernement fait face à une grogne croissante dans un contexte de forte inflation (56,3% en 2013), de pénuries récurrentes frappant les denrées alimentaires ou les produits de consommation courante et d'une insécurité que les autorités ne parviennent pas à juguler.

Dans le cadre de ce qui ressemble à une contre-offensive après la mobilisation de l'opposition, les autorités ont annoncé jeudi l'émission d'un mandat d'arrêt contre un des principaux opposants, Leopoldo Lopez.

Une juge vénézuélienne a accédé à une demande du ministère public en ordonnant son arrestation, selon le quotidien El Universal, qui a publié une photo du mandat d'arrêt sur son portail internet.

M. Lopez, 42 ans, est accusé d'homicide et d'association de malfaiteurs, selon le journal.

Leader de Volonté populaire, une des principales composantes de la coalition de l'opposition, M. Lopez fait partie d'un petit groupe d'opposants prônant la contestation dans la rue, sous le mot d'ordre "La Sortie". Son parti a prévu de donner une conférence de presse à la mi-journée.

Jeudi matin, les centres-villes de plusieurs agglomérations du pays demeuraient sous la haute surveillance des forces de sécurité. Sur les réseaux sociaux, plusieurs leaders étudiants ont appelé leurs partisans à ne pas quitter la rue, sans toutefois lancer un appel unifié à la manifestation.

Une porte-parole de Maria Corina Machado, qui faisait partie des personnalités à l'initiative de la marche de mercredi, a indiqué à l'AFP qu'aucun appel n'avait pour l'heure été lancé.

Mercredi, des jeunes ont incendié plusieurs véhicules de police et s'en sont pris aux forces de l'ordre, qui ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes. Un photographe de l'AFP a pu voir des hommes armés circulant à moto tirer en direction des manifestants.

Du côté des médias, la chaîne de télévision colombienne d'informations NTN24, qui a assuré une large couverture des événements de mercredi, avait disparu des canaux des deux opérateurs par câble qui la diffusaient.

Les autorités n'avaient pas réagi jeudi à ce sujet, mais le Conseil national des Télécommunications avait auparavant menacé de sanctions les médias qui feraient "la promotion de la violence".

Mercredi, des militants pro-gouvernementaux s'en sont pris à des journalistes, dont une équipe de l'AFP et d'une autre agence de presse, à qui ils ont dérobé deux caméras. Au cours de l'incident impliquant l'équipe de l'AFP, la police était présente sur les lieux mais n'est pas intervenue.

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