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La Crimée, péninsule pro-russe en Ukraine, regarde vers Moscou

La Crimée, péninsule pro-russe en Ukraine, regarde vers Moscou

En Crimée, péninsule pro-russe dans le sud de l'Ukraine, des voix s'élèvent pour demander la protection de Moscou face aux "extrémistes" qui manifestent depuis plus de deux mois dans la capitale et réclament d'orienter le pays vers l'Europe.

A l'instar des télévisions publiques russes, les manifestants d'opposition sont qualifiés ici d'"extrémistes et de néo-nazis" qui veulent "faire oublier l'histoire et la langue russes" aux habitants de la Crimée.

La péninsule, d'abord appartenant, au sein de l'URSS, à la Russie, a été rattachée à l'Ukraine en 1954. Elle continue d'héberger la flotte russe de la mer Noire dans ses quartiers historiques, la ville portuaire de Sébastopol.

L'Assemblée de cette "république autonome" a suggéré début février d'amender la Constitution locale en y inscrivant que la Russie est "garante" de cette autonomie par rapport au reste de l'Ukraine.

Les services spéciaux ukrainiens ont ouvert une enquête pour "atteinte à l'intégrité territoriale" de l'Ukraine après ces déclarations, qui ont relancé les spéculations sur la possibilité d'un scénario "géorgien" en Ukraine.

Confrontée à la fronde pro-occidentale de la Géorgie, la Russie a soutenu et fini par reconnaître en 2008 l'indépendance de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, deux territoires séparatistes de cette ancienne république soviétique. Elle y maintient des troupes au motif de la protection des populations locales, après un bref conflit en 2008.

"Le Kremlin semble espérer mettre en place un scénario similaire en Ukraine", a souligné le politologue allemand Andreas Umland, qui enseigne à l'université Moguila à Kiev.

"Les médias et les structures pro-russes en Crimée répètent les affirmations russes selon lesquelles la contestation est une tentative de coup d'Etat", a-t-il ajouté, dans une tribune publiée par l'hebdomadaire Dzerkalo Tyjnia.

Le politologue Olexandre Formantchouk minimise cependant la portée des mots d'ordre lancés par de députés locaux "qui n'ont pas assez de pouvoirs pour faire ce qu'ils réclament".

"Dans les années 1990, quand les tendances séparatistes étaient très fortes en Crimée, un +scénario géorgien+ aurait pu fonctionner. Aujourd'hui tout le monde comprend que cela va déclencher un conflit interethnique car les Tatars de Crimée n'accepteront jamais un protectorat russe", ajoute M. Formantchouk.

Les Tatars, une communauté locale de tradition musulmane, installée depuis le XIIIe siècle, avaient été déportés en Sibérie et en Asie centrale sous Staline mais sont revenus en Crimée après la chute de l'URSS en 1991.

Ils représentent aujourd'hui 12% des 2 millions d'habitants de la péninsule.

Ils ont activement soutenu la Révolution orange pro-occidentale en 2004 et sont aujourd'hui parmi les militants de la contestation qui secoue l'Ukraine depuis la fin novembre, après la volte-face du pouvoir qui a subitement renoncé à un rapprochement avec l'UE pour se tourner vers Moscou.

Leur leader Refat Tchoubarov dénonce dans une interview à l'AFP de "nouvelles tendances séparatises inspirées depuis la Russie".

"On ne peut pas exclure totalement aujourd'hui une intervention russe en Crimée, au niveau idéologique nous y sommes déjà", a-t-il estimé.

Depuis quelques jours, les habitants de Simféropol qui prennent le bus ont droit à un clip vidéo avec des images de violences en Syrie, Libye, Egypte et dans le centre de Kiev fin janvier.

Le commentaire dénonce "coup d'Etat" et "ingérence étrangère" en Ukraine.

Les passagers d'un train en provenance de Lviv, fief à l'inverse des nationalistes ukrainiens dans l'ouest du pays, ont été bloqués fin janvier à Simféropol et ont vu leur identité contrôlée par la police qui a expliqué craindre l'arrivée de "combattants".

Les militants d'opposition locaux subissent pour leur part des pressions, comme Andriï Chtchekoun, militant dans la petite ville de Bakhtchisaraï.

Des inconnus ont récemment placardé devant sa maison des tracts sur lesquels il était acccusé accusé un "traître" à la solde des services secrets américains.

Deux militants du parti de l'ex-boxeur et leader de l'opposition Vitali Klitschko ont pour leur part vu leurs voitures brûlées.

lb-neo/lpt/ros

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