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Inflation revue et corrigée, l'Argentine poursuit son recadrage économique

Inflation revue et corrigée, l'Argentine poursuit son recadrage économique

L'Argentine a revu et corrigé son indicateur de l'inflation après avoir longtemps minimisé la hausse des prix, adressant un signal positif au Fonds monétaire international qui exigeait une réforme depuis des années.

Pour janvier, le taux d'inflation est de 3,7%, la plus forte hausse mensuelle depuis la crise économique de 2001/2002, a annoncé jeudi le ministre argentin de l'Economie Axel Kicillof.

C'est la première fois que l'Argentine, accusée depuis 2007 par le FMI de truquer ses statistiques économiques, publie un taux d'inflation aussi proche de celui des instituts économiques privés, qui avaient estimé mercredi que le coût de la vie avait augmenté de 4,6% au cours du premier mois de l'année.

En 2013, le gouvernement avait estimé l'inflation annuelle à 11%, alors que les instituts privés la chiffraient à 28%.

Le gouvernement de la présidente de centre-gauche Cristina Kirchner a opéré fin 2013 un changement de cap économique.

Après s'y être longtemps refusée, l'Argentine a scellé un accord d'indemnisation de la compagnie pétrolière espagnole Repsol, expropriée en 2012 de sa filiale argentine YPF, s'est rapprochée du Club de Paris pour solder sa dette et a dévalué le peso comme le réclamaient les milieux d'affaires.

"C'est un nouveau pas dans la bonne direction de la part d'un gouvernement qui cherche à renouer des relations avec les institutions financières internationales", considère l'économiste Dante Sica, directeur de l'institut privé Abeceb et ex-secrétaire à l'Industrie.

"Il faut octroyer (au gouvernement) un vote de confiance, dit-il, c'est un chiffre qui se rapproche de la réalité que nous observons, ce chiffre est un signal que donne le gouvernement".

Cela ne règle pas le problème de l'inflation qui va continuer à un niveau élevé en 2014, ajoute cet économiste, généralement avare d'encouragement envers un gouvernement qui a passé plus de 10 ans à défier les institutions financières internationales.

L'Argentine est minée par l'inflation depuis six ans, en raison notamment d'un déficit budgétaire d'environ 5% du PIB.

En janvier, le pays sud-américain a dévalué le peso argentin de 20%, provoquant une secousse inflationniste, après avoir longtemps soutenu sa monnaie face au dollar, une politique coûteuse qui a dangereusement entamé les réserves en devises du pays, déjà diminuées par le déficit de la balance énergétique (huit milliards de dollars).

En trois ans, les réserves en devises de la Banque centrale argentine ont chuté de 52 à 27 milliards de dollars.

Dans un communiqué, le porte-parole du FMI Gerry Rice "a pris note" de l'annonce par Buenos Aires d'un nouvel indice des prix et souligné que le délais fixé par le Fonds, avant fin mars, avait été respecté. Le Fonds avait préalablement annoncé qu'il ne porterait pas de jugement sur le nouvel indice avant plusieurs mois.

Dans la capitale argentine, la hausse des prix est la principale préoccupation des Argentins.

Daiana Alonso, serveuse de 23 ans aux revenus modestes, a cessé d'acheter de la viande, la base de l'alimentation en Argentine et un produit traditionnellement bon marché.

"L'inflation, tu la sens au supermarché. J'ai arrêté d'acheter du poulet et de la viande de boeuf, qui ont beaucoup augmenté. La boîte de lait en poudre pour la petite, elle est passée de 45 à 55 pesos (4,2 à 5,2 euros)", s'alarme Daiana Alonso, qui profite d'un jour de repos pour se promener avec sa fille Martina, 4 ans, dans le centre de Buenos Aires.

"Tout augmente, mais pas les salaires", dit d'un air dépité la jeune femme, qui vit à La Matanza, une banlieue populaire de Buenos Aires.

Dans certains supermarchés, des produits de consommation basique dont le prix a flambé, comme le thon ou le fromage râpé, sont désormais protégés par des dispositifs antivol.

Pour freiner l'inflation, le gouvernement a mis en oeuvre fin 2013 un programme de "prix surveillés" par le ministère de l'Economie, après un gel des prix dans les supermarchés au 1er semestre 2013, en vain.

L'exécutif pointe d'un doigt accusateur la grande distribution pour la hausse des prix. La présidente a publiquement accusé les chaînes de supermarchés Coto et Carrefour de ne pas respecter l'accord sur les prix, qui concerne une centaine de produits de première nécessité, se basant sur des plaintes de consommateurs.

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