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Centrafrique: Hollande demande à Ban "d'accélérer" l'envoi de Casques bleus

Centrafrique: Hollande demande à Ban "d'accélérer" l'envoi de Casques bleus

Le président français François Hollande a demandé jeudi au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon "d'accélérer" l'envoi de Casques bleus en Centrafrique, alors que sur le terrain la situation s'envenime en dépit de la présence des troupes françaises.

"Le Conseil de sécurité a fixé un mandat clair, qui doit être mis en oeuvre rapidement et fortement. Il s'agit notamment d'accélérer la préparation d'une opération de maintien de la paix, en partenariat étroit avec l'Union africaine", a indiqué la présidence française dans un communiqué à l'issue d'un entretien téléphonique avec M. Ban.

M. Hollande n'a pas fait mention d'éventuels renforts français, alors que M. Ban avait demandé mardi à la France "d'envisager de déployer des troupes supplémentaires en Centrafrique" dans le cadre de son opération militaire visant à tenter de stabiliser un pays en proie au chaos et à des violences interconfessionnelles.

Sur le terrain, les miliciens anti-balaka ont mis en garde contre toute attaque les visant, au lendemain de la déclaration de la présidente centrafricaine Catherine Samba Panza promettant "une guerre" s'ils ne cessaient pas leurs crimes contre les musulmans.

Dans la capitale, la population a accueilli favorablement la mise en garde de Mme Samba Panza.

Majoritairement chrétiens, "les anti-balaka veulent nous entraîner loin, plus loin que les ex-Séléka" à dominante musulmane qui avaient porté l'ancien président Michel Djotodia au pouvoir en mars 2013, a déclaré à l'AFP Arthur Bissiko, cadre dans le secteur de la santé, exprimant une opinion largement répandue.

Pour lui, "la présidente a raison de déclarer la guerre à ces bandits. Tout le monde aspire à la paix après tout ce que les ex-Séléka ont fait vivre à la population".

Au quotidien, les Banguissois continuent d'entendre des tirs, bien souvent d'origine indéterminée, dans leur ville quadrillée par les soldats français et la force de l'Union africaine (Misca).

Les exactions passées continuent aussi d'être découvertes.

"Une fosse commune a été découverte dans un ancien camp Séléka situé près du camp Béal", a indiqué le procureur de la république de Bangui, Ghislain Grezenguet.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu six cadavres.

Rassemblés dans leur fief du quartier de Boy-Rabe, dans le nord de la capitale, les chefs autoproclamés des anti-balaka ont mis en garde contre toute offensive des forces internationales contre eux, se défendant d'être des "voyous".

"Déclarer la guerre aux anti-balaka, c'est déclarer la guerre à la population centrafricaine", a affirmé leur "chef d'état-major", Richard Bejouane.

"Nous sommes prêts à être cantonnés", a-t-il ajouté, assurant avoir "les listes des anti-balaka", qui seraient 52.000 selon ses dires, dont 12.000 à Bangui.

En début de semaine, Patrice Edouard Ngaissona, qui se présente comme le "coordonnateur politique" des anti-balaka, avait évalué leur nombre à 70.000, dont plus de la moitié à Bangui.

Ces estimations sont jugées "farfelues" par des sources militaires, qui mettent en doute l'existence même d'un réel commandement unifié.

L'armée française a fermement rejeté l'hypothèse du cantonnement des miliciens. Ce serait "leur donner une légitimité qu'ils n'ont pas", a estimé le commandant du contingent français, le général Francisco Soriano, qui les a qualifiés de "principaux ennemis de la paix" en Centrafrique.

Le cantonnement est la première étape à l'intégration à un futur programme de Démobilisation, Désarmement, Réinsertion (DDR), avec à la clé une prise en charge financière, très recherchée dans un pays dévasté par une crise humanitaire sans précédent et parmi les plus pauvres du continent.

Les milices anti-balaka, myriade de groupes formés à l'origine de paysans chrétiens de l'ouest de la Centrafrique pour se défendre contre les exactions des combattants majoritairement musulmans de la Séléka, sont devenues en quelques mois une nébuleuse qui se caractérise par des crimes visant les civils musulmans.

Les crimes attribués aux anti-balaka ont redoublé depuis la fin de l'année, provoquant un exode des populations musulmanes de régions entières et amenant Amnesty Interntional à dénoncer un "nettoyage ethnique". L'expression a été récusée par la présidente centrafricaine, qui a évoqué "un problème d'insécurité".

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