Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Brésil : des partis accusés de payer les manifestants violents

Brésil : des partis accusés de payer les manifestants violents

La mort d'un caméraman de télévision a envenimé le climat politique à Rio de Janeiro où se déroulait jeudi soir une nouvelle manifestation encadrée par un lourd dispositif policier, des partis d'extrême gauche étant accusés de payer les protestataires violents.

"La presse, fasciste ! C'est vous les terroristes", scandaient au sein de la foule un groupe d'une trentaine de manifestants, quelques heures après l'incinération de Santiago Andrade, le caméraman de TV Bandeirantes mortellement atteint le 6 février par une fusée de feu d'artifice allumée par un manifestant.

Ce dernier, arrêté mercredi, mais qui nie avoir allumé l'engin, a assuré à la police que "des personnes encouragent les jeunes à participer aux défilés" et qu'il avait déjà été "invité à y participer contre rémunération".

Les plus radicaux, la plupart d'origine modeste, reçoivent également parfois de la nourriture et des billets de transport pour se rendre aux manifestations, a affirmé Caio Silva de Souza, 23 ans, dans sa déposition intégralement publiée par le quotidien populaire Extra.

Le manifestant n'a pas dit s'il avait lui-même été payé. Mais son avocat, Jonas Tadeu Nunes, avait assuré mercredi à la télévision Globo que son client et d'autres manifestants recevaient 150 reais (45,6 euros) pour "déclencher des violences" et "déstabiliser le gouvernement". Le salaire minimum au Brésil est de 218 euros par mois.

Caio Silva de Souza a ajouté croire que "les partis qui emmènent (leurs) bannières (aux manifestations) sont ceux qui paient les manifestants", et en mentionne certains d'extrême gauche tels que le PSOL et le PSTU.

Le très impopulaire gouverneur de Rio Sergio Cabral s'est joint à ces accusations, assurant qu'"il y a des partis politiques et des organisations impliqués dans ces actions".

"Il y a des groupes et des courants de partis politiques qui méprisent le processus démocratique, les institutions, l'économie de marché", a ajouté M. Cabral, cible de la contestation depuis la fronde sociale massive de juin 2013.

Le député de gauche de l'Etat de Rio Marcelo Freixo (PSOL), figure de la lutte contre les milices d'extrême droite, a été lui-même accusé de connaître le jeune manifestant ainsi qu'un autre arrêté comme lui dans le cadre de cette affaire.

Il a vigoureusement nié tout lien avec eux, tout en disant avoir "eu tort de ne pas avoir condamné avec plus de fermeté" les violences en général provoquées par les anarchistes des Black Blocs.

Les marches de protestation qui se multiplient ont lieu à quatre mois du début de la Coupe du monde (12 juin-13 juillet), et à huit mois des élections générales (présidentielle, législatives fédérales et par Etats, gouverneurs, sénatoriales partielles).

"Je n'ai pas reçu un réal, je suis ici par idéal !", pouvait-on lire sur les pancartes brandies jeudi soir par les manifestants, dont le nombre était évalué à 500 par la police et à 2.000 par les organisateurs.

"A bas la Coupe du Monde !", "Je veux mes 150 reais !", scadaient-ils, dans une allusion à ces accusations, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Dans les manifestations, oui il y a de la manipulation politique, il y a des personnes infiltrées pour provoquer des tumultes mais elles viennent de la droite, pas de la gauche", a assuré à l'AFP Diego Medeiros, 31 ans, professeur d'histoire et membre du PSOL, un parti d'extrême gauche.

"Le but est d'affaiblir les manifestations avant la Coupe du monde, et en plus, on est année électorale", a estimé ce militant favorable au déroulement du Mondial au Brésil, malgré les critiques.

C'est dans ce climat tendu qu'a resurgi à Brasilia la discussion autour d'un projet de loi antiterroriste controversé qui pourrait englober les violences physiques au cours des manifestations, selon son libellé provisoire.

"C'est un instrument contre n'importe quelle manifestation libre, contre n'importe quelle mobilisation civile organisée" qui rappelle la dictature militaire (1964-1985), a critiqué le sénateur Randolfe Rodrigues (PSOL).

Le parlementaire estime que cette loi cherche à satisfaire la Fédération internationale de football (Fifa) et à décourager l'organisation de manifestations pendant le Mondial.

lbc/ybl-cdo/pal/bds

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.