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Un Montréalais accusé de blanchiment d'argent à l'aide de bitcoins aux États-Unis

Un Montréalais accusé de blanchiment d'argent à l'aide de bitcoins aux États-Unis

Un texte de Bahador Zabihiyan

Un Montréalais utilisateur de la monnaie virtuelle bitcoin a été arrêté par les services secrets américains la semaine dernière et fait face à des accusations de « blanchiment d'argent », à Miami Beach. Si le procureur américain estime que le procès sera une première car il se penchera sur l'utilisation illégale des bitcoins, l'avocat du Montréalais dit que celui-ci n'est qu'un « bouc émissaire ».

Un texte de Bahador Zabihiyan

Des agents de la police de Miami et du Secret Service américain ont participé à l'enquête de deux mois qui a permis l'arrestation de Pascal Reid, un résident de la Floride, originaire de Montréal, selon une déclaration sous serment dont Radio-Canada a obtenu une copie auprès du bureau de la procureure de l'État de Floride. M. Reid attend présentement en prison. Les accusations contre lui n'ont pas été prouvées en cour et son avocat estime qu'il est innocent.

L'enquête a commencé en décembre 2013, lorsqu'un agent des services secrets américains a consulté le site Internet www.localbitcoins.com qui regroupe et géolocalise des acheteurs et des vendeurs de cette monnaie virtuelle. Le bitcoin est une devise électronique inventée en 2009 par un Japonais et dont la masse monétaire atteint aujourd'hui 2 milliards de dollars. Basée purement sur la spéculation, on l'utilise pour faire des paiements sur Internet, et certains y voient une valeur refuge, en marge du système financier mondial.

Une enquête de deux mois menée par le Secret Service

Sur le site, un utilisateur au nom de « Proy33 » proposait de vendre ses bitcoins en échange de dollars américains. L'agent spécial l'a contacté par message texte, le 4 décembre, en se faisant passer pour quelqu'un qui souhaitait acheter des bitcoins. Le policier a rencontré « Proy33 », qui est en fait M. Reid, dans un café situé dans la municipalité de Sunny Isles Beach. Selon le document de cour, M. Reid a présumément informé l'agent spécial qu'il vendait ses bitcoins mais 20 % plus cher que le prix courant, afin de pouvoir se garder une commission.

Trois semaines plus tard, l'agent du Secret Service se posant en acheteur a contacté de nouveau M. Reid, afin de convenir d'une rencontre. Celle-ci s'est déroulée deux jours plus tard. Lors de la rencontre, l'agent prétend qu'il gagne son argent en achetant des numéros de cartes de crédit volées. Le Montréalais aurait été d'accord pour vendre une quantité plus importante de bitcoins à ce dernier, toujours en échange d'une commission de 15 % à 20 % par transaction, selon le document de cour. M. Reid lui aurait aussi expliqué qu'il possédait plusieurs portefeuilles électroniques contenant des bitcoins. Finalement, une deuxième transaction d'un montant de 1000 dollars a été effectuée.

Puis début février, M. Reid a présumément accepté d'échanger des bitcoins contre un montant de 30 000 $US en liquide, en répartissant le montant entre plusieurs de ses comptes en banque, selon le document de cour. Comme lors des deux rencontres précédentes, l'agent du Secret Service a prétendu qu'il était un fraudeur et que l'argent qu'il échangeait contre des bitcoins provenait d'opérations réalisées à l'aide de cartes de crédit volées.

M. Reid a présumément empoché 5000 $ lors de cette transaction. Le jeune homme s'est aussi montré disponible pour effectuer une quatrième transaction du même genre, deux semaines plus tard. Elle n'aura jamais lieu finalement, car il a été arrêté le 4 février.

Le Montréalais est un « bouc émissaire », dit son avocat

En entrevue avec Radio-Canada, l'avocat de M. Reid explique que son client est innocent, et que les autorités américaines exagèrent largement son rôle. Ronald Lowy dit que son client ne possédait que 35 000 US$ en bitcoins. Il le décrit comme étant un véritable « un geek des technologies » qui est devenu un fervent partisan du bitcoin il y a environ un an. Il en faisait d'ailleurs la promotion dans son cercle d'amis, selon l'avocat. « Il a travaillé toute sa vie (...) il a toujours rempli ses déclarations de revenus », dit M. Lowy.

Selon lui, M. Reid faisait la promotion des bitcoins car ceux-ci permettaient d'éviter d'avoir à payer des « frais élevés », contrairement aux cartes de crédit. L'enquête montre que les autorités veulent s'en prendre aux « petits joueurs » qui utilisent les bitcoins plutôt que de se tourner vers les réseaux internationaux, dit l'avocat. Son client reviendra en cours le 27 février. Il estime que le gouvernement américain veut faire de son client un « bouc émissaire », et qu'il est accusé injustement. « C'est évident qu'ils essayent de s'en prendre aux petits joueurs comme lui », se désole l'avocat.

Son procès et celui d'une autre personne arrêtés dans le cadre d'une enquête similaire impliquant l'utilisation de bitcoins pour blanchir de l'argent pourraient être une première du genre aux États-Unis, dit le communiqué émis par le bureau de la procureure de l'État de Floride.

Ottawa surveille les bitcoins

Ottawa a fait savoir cette semaine que les autorités allaient se pencher sur l'utilisation des bitcoins pour financer des activités illégales. L'Autorité des marchés financiers a déjà appelé à la prudence, le bitcoin n'étant pas régulé par les banques centrales. Toutefois, la monnaie virtuelle connait un certain succès au Canada, des distributrices de bitcoins ont été inaugurées récemment à Montréal et à Vancouver.

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