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Le Nigeria ouvre une enquête sur les "meurtres d'Etat" des 20 dernières années

Le Nigeria ouvre une enquête sur les "meurtres d'Etat" des 20 dernières années

Le Nigeria a annoncé mercredi ouvrir une enquête sur les "meurtres d'Etat" non élucidés des 20 dernières années, notamment sous le pouvoir du général Sani Abacha mais aussi sous le régime civil de l'ancien président Olusegun Obasanjo.

L'enquête publique va s'ouvrir en raison de plaintes concernant "des meurtres organisés par l'Etat" reçues par la Commission nationale des droits de l'homme (NHRC).

Cette enquête couvrira la période allant de novembre 1995, quand le Nigeria était sous le régime militaire de Sani Abacha jusqu'à l'époque actuelle. Le régime est civil depuis le retour au pouvoir d'Olusegun Obasanjo, en 1999.

Cette annonce fait suite à une déclaration publique en décembre 2013 de l'ancien dirigeant Olusegun Obasanjo (1999-2007), accusant l'actuel président Goodluck Jonathan d'entretenir une armée privée afin de procéder à des "frappes" politiques.

M. Jonathan a démenti cette accusation, mais a néanmoins ordonné cette enquête.

Les accusations seront examinées dans les trois semaines et des audiences auront ensuite lieu à une date non précisée, a souligné la NHRC.

Le président de la Commission, Chidi Odinkalu, a dit que l'enquête n'était nullement une "chasse aux sorcières" mais avait été décidée pour rendre justice aux personnes ayant souffert de violations des droits de l'homme.

"Allons droit au but. L'enquête ne concerne pas des individus", mais "des institutions qui ont pu commettre des violations des droits". "C'est une histoire de victimes qui n'ont pas obtenu réparation", a-t-il expliqué à l'AFP.

Amnesty International a salué "une bonne initiative" tandis que Human Rights Watch a dit que c'était "un pas important pour clarifier les responsabilités dans de nombreux meurtres au Nigeria depuis 1995".

"Nous espérons que la Commisssion soutiendra pleinement cette enquête, de façon appropriée et indépendante", a dit Makmid Kamara, chercheur d'Amnesty en charge de l'Afrique de l'ouest.

Tant Amnesty que HRW ont dit espérer que les recommandations finales conduiront à des actions concrètes, les précédentes tentatives étant toutes restées lettre morte.

Sous Obasanjo, une équipe avait été formée pour enquêter sur des violations de droits de l'homme, en particulier les meurtres politiques sous les régimes militaires précédents. Mais le rapport de cette enquête n'a jamais été rendu public.

En décembre 2001, le ministre de la Justice d'Obasanjo, Bola Ige a été tué chez lui à Ibadan (sud-ouest), alors qu'une figure de l'opposition, Harry Marsh Marshall, était assassinée chez elle, dans la capitale fédérale Abuja.

Sous Sani Abacha, l'épouse de Moshood Abiola, vainqueur présumé de l'élection présidentielle de 1993 annulée par l'armée, avait été tué par balle a Lagos.

Plusieurs opposants, en faveur de la démocratie, avaient ensuite été assassinés. A peine un mois après la mort d'Abacha, en juin 1998, Abiola est mort subitement en prison, en pleines négociations pour sa libération.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec 170 millions d'habitants, doit élire le 14 février 2015 son nouveau président et son nouveau parlement. Les tensions sont déjà fortes dans la perspective de cette présidentielle à laquelle M. Jonathan devrait concourir pour un nouveau mandat.

HRW a dit espérer que les conclusions publiées de l'enquête contribueraient à ce que le scrutin de 2015 se passe "sans violence".

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