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Sous les gratte-ciels, les cailloux: les coureurs de l'extrême découvrent Hong Kong

Sous les gratte-ciels, les cailloux: les coureurs de l'extrême découvrent Hong Kong

Plus habitués aux neiges éternelles qu'aux crêtes des gratte-ciels, les coureurs de l'extrême venus du monde entier découvrent depuis peu les sentiers escarpés de Hong Kong, mélange improbable de pollution et de nature luxuriante.

Hong Kong a accueilli le week-end du 17 janvier l'étape inaugurale de l'Ultra-Trail World Tour 2014, réunissant les athlètes les plus endurants sur les terrains les plus harassants. Des Alpes à l'Atlas marocain, du Mont Fuji aux sierras espagnoles.

La Vibram Hong Kong 100 a attiré des ultra-marathoniens qui, souvent, ignoraient tout de la tradition des courses longues à Hong Kong. Difficile en effet de penser que la mégapole financière, réputée pour ses tours de verre et sa densité démographique parmi les plus élevées de la planète, puisse être un terrain de jeu pour les amateurs de grands espaces.

"Ce qui rend ce trail unique au monde, c'est le fait de courir dans un endroit aussi densément peuplé", explique le néo-zélandais Vajin Armstrong, un des meilleurs ultra-trailers du monde.

Hong Kong (4.500 m de dénivelé) est, avec le Mont Fuji au Japon, l'une des deux étapes asiatiques du circuit international. "L'Asie monte en puissance dans l'ultra-rail et il est important que les athlètes viennent ici pour voir ce que la région peut offrir", dit-il.

L'ultra-trail désigne des courses de fond en milieu naturel sur une distance supérieure aux 42,2 kilomètres du marathon, souvent 100 km. Et Hong Kong propose sur l'ensemble de son territoire 300 km de pistes caillouteuses exceptionnelles, en surplomb des plages, plongeant dans des forêts denses et anciennes peuplées de serpents et de perruches.

Les coureurs les plus affutés couvrent les 100 km en une dizaine d'heures. Pour les autres, l'enfer se poursuit loin dans la nuit. "L'ultra-fond n'est pas glamour", reconnaît Rachel Jacqueline, une amatrice de 30 ans basée à Hong Kong qui a déjà deux "100 km" à son actif en individuel, et deux en équipe.

"A cause du sel, votre visage est comme du papier de verre. Deux parties du corps qui se touchent s'écorchent aussitôt. Il y la fatigue, les inflammations, la faim, les douleurs musculaires".

Elle court jusqu'à 20 heures par semaines sur les fortes pentes de la ville, pour des objectifs qui peuvent sembler à tout le moins étranges au profane.

Persévérer "dans la douleur et l'inconfort" est une source "incroyable de puissance", assure la jeune femme. "Si vous résistez et finissez la course dans un sourire, vous êtes capables d'accomplir ce que vous voulez dans la vie".

Wilson Leung, un banquier de 45 ans, affirme que l'ultra-fond dans ces conditions extrêmes est un antidote au stress quotidien. "Je n'aime pas les courses sur route (...). Dans les collines, j'oublie mes problèmes", confie-t-il après avoir couvert les 50 km de la Green Power Hike.

La pratique hongkongaise de l'ultra-trail remonte à l'époque coloniale britannique, lorsque, il y a près de 30 ans, une course d'entraînement de 100 km réservée aux Gurkhas, les soldats népalais de l'armée anglaise, a été ouverte au public. L'événement attire 10.000 personnes tous les ans. Les Népalais sont toujours devant.

Mais l'avenir de l'utra-trail à Hong Kong est suspendu à la qualité de l'air alors que les niveaux de la pollution atmosphérique y approchent souvent ceux, catastrophiques, de Pékin.

"La qualité de l'air est meilleure dans les zones éloignées (où se courent les trails) mais Hong Kong est trop petit pour échapper complètement" à la pollution, déplore Keith Noyes, organisateur de deux épreuves locales, la North Face 100 Hong Kong et la King of the Hills.

Une situation très alarmante pour l'avenir de ces compétitions. "Une seule course avec beaucoup de participants étrangers et des conditions particulièrement mauvaises de pollution suffiraient à ruiner la réputation" de la ville, assure-t-il.

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