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La France veut améliorer l'intégration des étrangers

La France veut améliorer l'intégration des étrangers

Le gouvernement français devait annoncer mardi une série de mesures visant à améliorer l'intégration des étrangers, sur fond de montée en puissance des populismes en Europe comme le dernier référendum en Suisse vient de le montrer.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault réunissait plusieurs ministres en fin d'après-midi pour rouvrir ce dossier sensible sur lequel la gauche et la droite s'affrontent idéologiquement depuis des décennies.

Si la France s'est longtemps construite sur un modèle "universaliste" d'intégration, notamment au XXe siècle avec l'apport des immigrants italiens, polonais ou espagnols, elle connaît depuis une trentaine d'année une crise de son modèle. En cause ? La capacité à absorber de nouvelles populations en temps de crise et le débat sur l'intégration des immigrants de confession musulmane.

Ce débat agite de manière similaire la plupart des pays européens où des partis populistes, Front national en France, Ukip en Grande Bretagne, Parti pour la Liberté (PVV) aux Pays-Bas, ont le vent en poupe à 100 jours des prochaines élections européennes.

En France, il s'agit pour les socialistes français, de retour au pouvoir en 2012, de discuter d'une nouvelle "feuille de route" pour relancer l'intégration et la lutte contre les discriminations après les années de présidence de Nicolas Sarkozy marquées par un débat très polémique sur "l'identité nationale" et la création d'un ministère de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale.

De groupes de travail en rapports d'experts, ce dossier miné arrive sur la table alors que l'opinion publique est plus crispée que jamais sur ces questions : 66% des Français pensent qu'il y a trop d'étrangers en France, selon un sondage récent. Et les scrutins à venir, élections municipales et européennes, prêtent à la surenchère.

Dans ce contexte, le gouvernement avance avec prudence par peur d'être accusé de favoriser les communautarismes. Selon des documents de travail, il envisage d'abord de créer un poste de "délégué interministériel" à l'intégration, qui serait rattaché au Premier ministre.

Le gouvernement veut également distinguer clairement l'intégration des "primo-arrivants", en France depuis moins de cinq ans, de la lutte contre les discriminations dont sont victimes les étrangers installés de longue date et les descendants d'immigrés.

Le premier volet de ses mesures devrait passer par une refonte du contrat d'accueil et d'intégration (CAI) créé en 2003 et généralisé en 2007. L'idée serait de le personnaliser davantage et de renforcer les cours de français.

Pour le reste, plusieurs propositions ont été évoquées, mais les arbitrages restent inconnus: "testing" pour vérifier si des professionnels de santé refusent de soigner certaines populations ou davantage de cours d'arabe et de chinois à l'école.

Un temps évoquée, la création d'un office franco-maghrébin de la jeunesse (sur le modèle de l'office franco-québécois ou franco-allemand) pourrait être absente du texte définitif.

Dénonçant "des mesurettes", le président de l'association des élus locaux de la diversité (Aneld), Kamel Hamza regrette le calendrier retenu. "Il faut arrêter de traiter ces sujets avant les élections, quand tout le monde se crispe", dit-il à l'AFP.

Le sujet de l'intégration - qui concerne 5,3 millions d'immigrés et 6,7 millions de descendants d'immigrés - suscite régulièrement de vifs débats. En décembre, la classe politique française s'était enflammée après la diffusion sur le site du Premier ministre de rapports de chercheurs qui préconisaient de revenir sur la loi interdisant le voile à l'école.

Dès lundi, la présidente du principal parti d'extrême droite, Front national, Marine Le Pen, avait affirmé que le séminaire gouvernemental allait "créer la contestation, la division".

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