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Soudan du Sud: ouverture avortée du deuxième cycle de pourparlers à Addis Abeba

Soudan du Sud: ouverture avortée du deuxième cycle de pourparlers à Addis Abeba

Un peu plus de deux semaines après un cessez-le-feu qui peine toujours à être respecté, le nouveau cycle de pourparlers entre belligérants du conflit qui a éclaté mi-décembre au Soudan du Sud a été reporté lundi à la dernière minute.

Le gouvernement sud-soudanais du président Salva Kiir et les partisans de son ancien vice-président Riek Machar - à qui il avait fallu une vingtaine de jours de laborieuses négociations pour s'accorder le 23 janvier sur une simple cessation des hostilités - devaient se retrouver lundi à Addis Abeba pour tenter de trouver un accord politique mettant fin durablement au conflit qui les oppose.

"Les pourparlers ne reprennent pas aujourd'hui", a annoncé à l'AFP, Michael Makuei, porte-parole du gouvernement sud-soudanais, ce qu'ont confirmé plusieurs sources diplomatiques dont une source au sein de la médiation de l'Igad. Ni les raisons du report, ni nouvelle date n'ont été précisées.

L'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation est-africaine dont l'Ethiopie assure actuellement la présidence tournante, n'a pour l'heure pas annoncé officiellement le report.

L'Igad avait annoncé dimanche soir l'ouverture lundi du "deuxième cycle de négociations sud-soudanaises, axé sur le dialogue politique et la réconciliation nationale" au Soudan du Sud, alors que la situation militaire, dans ce pays immense et sans réseau routier, reste peu claire et de nombreuses violations du cessez-le-feu continuent d'être signalées.

Pour l'heure, seul un groupe précurseur de l'Igad, composé de 14 personnes, est depuis début février à Juba pour étudier le futur déploiement des observateurs chargés de surveiller le respect de la trêve.

Le conflit a fait plusieurs milliers de morts depuis mi-décembre et a chassé près de 900.000 personnes de leurs foyers. Aux combats se sont ajoutés des massacres à caractère ethnique entre communautés Dinka et Nuer, les deux principales du pays, auxquelles appartiennent respectivement MM. Kiir et Machar.

Les délégations des deux camps ont chacune indiqué qu'aucun ordre du jour ou cadre de discussion ne leur avait été soumis à Addis.

Au cours de ce nouveau cycle, devraient être abordées les questions relatives à la direction du SPLM, le parti au pouvoir au sein duquel MM. Kiir et Machar s'opposent depuis de longs mois, puis celles relatives aux institutions du pays, selon Yohanis Musa Pouk, un porte-parole de la délégation du camp Machar.

Le SPLM est issu de l'ancienne rébellion sudiste qui a combattu Khartoum durant la longue guerre civile (1983-2005) ayant abouti à la partition du Soudan et à l'indépendance du Sud en juillet 2011.

Selon son porte-parole, le camp Machar entend réclamer le remplacement du président Kiir par une "personnalité indépendante" d'ici aux élections générales de 2015, une exigence clairement inacceptable pour les autorités sud-soudanaises.

Si M. Makuei s'est "optimiste" sur l'issue des négociations, M. Pouk a lui fait part de son pessimisme, et dénoncé le manque de "sérieux" du camp gouvernemental, selon lui "poussé à discuter par la communauté internationale".

M. Pouk a également accusé les autorités sud-soudanaises de ne "pas respecter leur engagement" de libérer des personnalités du camp Machar toujours détenues à Juba.

Onze figures politiques, jugées favorables à Riek Machar, ont été arrêtées lorsqu'ont éclaté le 15 décembre à Juba les premiers combats entre factions rivales de l'armée sud-soudanaise, qui se sont ensuite propagés au reste du pays.

Sept d'entre elles ont été libérées le 30 janvier, conformément à un accord annexe au cessez-le-feu qui prévoyait dans des termes assez vagues d'oeuvrer à la libération des détenus. Ces sept prisonniers libérés participeront aux pourparlers, conformément à cet accord, selon l'Igad.

Le sort des quatre responsables toujours détenus devrait être évoqué à Addis Abeba. Juba a annoncé vouloir les juger, à l'instar de M. Machar et d'une autre figure politique, tous deux en fuite, au risque de faire capoter le processus.

Washington a demandé samedi soir la remise en liberté de ces quatre détenus, afin de "renforcer la confiance dans un processus de réconciliation", ainsi que le "retrait progressif des forces étrangères" et mis en garde contre "les conséquences graves d'une éventuelle régionalisation du conflit".

Le camp Machar dénonce la présence - reconnue par Kampala - de l'armée ougandaise aux côtés des forces fidèles au président Kiir, alors que l'Ouganda est un membre éminent de l'Igad.

bur-ayv/aud/sba

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