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Manifestations violentes au Brésil: un caméraman en état de "mort cérébrale"

Manifestations violentes au Brésil: un caméraman en état de "mort cérébrale"

Un caméraman brésilien diagnostiqué lundi en état de "mort cérébrale" est le premier journaliste victime des violentes manifestations qui secouent le Brésil depuis juin 2013, à quatre mois du coup d'envoi du Mondial-2014 de football.

Santiago Ilidio Andrade, caméraman de la chaîne Bandeirantes, avait été atteint en pleine tête par une fusée d'artifice jeudi dernier, lors d'une manifestation contre l'augmentation du ticket d'autobus à Rio de Janeiro qui avait dégénéré en affrontements avec la police militaire.

Le journaliste de 49 ans, marié et père d'une fillette de 11 ans, était depuis plongé dans le coma.

Lundi matin, à quelques heures d'une nouvelle manifestation à Rio de Janeiro, une équipe de neurochirurgiens a diagnostiqué un état irréversible de "mort cérébrale", même si son coeur et ses poumons continuent de fonctionner normalement.

"Mon mari est en train de partir. Ils ont détruit une famille qui était unie, très unie", a réagi l'épouse du cameraman dans un entretien à la chaîne de télévision Globo.

Un jeune de 22 ans a été arrêté dimanche pour homicide involontaire après s'être rendu à la police. Il a confessé avoir ramassé une fusée au sol pendant la manifestation et l'avoir passée à une autre manifestant qui l'a dirigée vers des policiers.

Mais l'engin, dans sa course incontrôlée, a atteint de plein fouet la tête du caméraman dans une gerbe de flammes.

Au moment de l'impact, le journaliste se trouvait au milieu des affrontements. Il ne portait ni casque, ni masque à gaz ni gilet anti-balles en caoutchouc.

Le syndicat des journalistes de Rio de Janeiro a dénoncé le fait que les journalistes n'étaient "pas préparés pour affronter ce genre de risques" et pas équipés par leurs entreprises en matériel de sécurité.

Selon un recensement effectué par l'Association brésilienne de journalisme d'investigation (Abraji), 117 journalistes ont été blessés lors de manifestations au Brésil depuis la fronde sociale massive qui a ébranlé le pays en juin 2013, en pleine coupe des Confédérations.

Sur ce total, 75 journalistes, dont un photographe de l'AFP, ont été blessés par des unités anti-émeute de la Police militaire (PM) aux méthodes très musclées.

En juin 2013, la répression violente de manifestations contre la hausse du prix des transports publics dans les grandes villes du pays avaient servi de détonateur à la fronde sociale qui avait embrasé le pays pendant la Coupe des confédérations.

Sous la pression populaire, les plus grandes villes du pays, comme Rio et Sao Paulo, avaient suspendu cette hausses des tarifs. Mais le mouvement social s'était répandu comme une traînée de poudre, dénonçant l'état d'abandon des services publics, la corruption et les milliards engloutis dans la construction des stades du Mondial.

Après une accalmie depuis novembre, les manifestations ont repris fin janvier, principalement à Sao Paulo et Rio de Janeiro.

Dirigées contre le Mondial de football ou la hausse du ticket d'autobus à Rio entrée en vigueur samedi, elles rassemblent jusqu'à présent beaucoup moins de monde qu'en juin 2013. Mais elles dégénèrent presque systématiquement en violents affrontements entre les manifestants anarchistes des Black Bloc et la police militaire.

Les Black Bloc de Rio de Janeiro, vêtus de noir et le visage masqué pendant les manifestations, ont "fortement déploré" lundi sur leur page Facebook "la mort très triste de Santiago" qui survient "au moment où nous luttons pour un pays meilleur".

Mais ils ont dénoncé une sorte de deux poids deux mesures, affirmant que ni la police ni les médias brésiliens ne se sont préoccupés des victimes indirectes des manifestations.

Au moins cinq personnes sont mortes pendant les chaotiques manifestations de juin 2013.

Un jeune de 21 ans était tombé d'un pont lors d'une manifestation mouvementée à Belo Horizonte. Trois personnes avaient été écrasées par une voiture à Riberao Preto (sud-est) dans un mouvement de foule. Une balayeuse de rue prise au milieu d'une manifestation à Belem (nord) avait succombé à une attaque cardiaque.

jt/pal/plh

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