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Botafogo dans la peau, avant la Seleçao

Botafogo dans la peau, avant la Seleçao

"C'est moi le plus fanatique": Delneri Martins Viana n'hésite pas à revendiquer sa passion exclusive pour le club de Botafogo en exhibant fièrement ses 83 tatouages, un exemple vivant - et illustré - de l'amour fou des Brésiliens pour le football.

Nombreux sont les supporters au Brésil affiliés à un club par leurs parents dès leur naissance. Ce fanatisme éclipse souvent la fameuse "Seleçao" cinq fois championne du monde qui disputera cette année à domicile la Coupe du monde (12 juin-13 juillet).

C'est en tout cas ce que pense Delneri Martins Viana, un militaire retraité de 69 ans: les matches de la Seleçao ne charrient "pas la même émotion". Ce qu'il ressent pour Botafogo, un des clubs historiques de Rio de Janeiro considéré comme celui des intellectuels? "De l'amour".

"Je suis né +botafoguense+", assure cet homme fluet à lunettes, aux cheveux et moustache blancs. Il a pourtant vu le jour dans le sud du Brésil, et n'aurait jamais pensé vivre dans la ville de son club préféré. Engagé dans l'armée, il a débarqué dans la "Cidade maravilhosa" à 23 ans.

Depuis, il n'a jamais plus revêtu que l'uniforme ou la panoplie de Botafogo. "Je n'ai rien d'autre dans la garde-robe", dit en souriant Delneri, qui essaie de voir tous les matches de son équipe en direct.

Il arrive d'un pas lent dans la tribune du stade Engenhao, en short et tongs aux couleurs du "Fogao" (surnom du club). Torse nu, il arbore ses dizaines de tatouages comme un paon ses plumes, tandis qu'on le salue, l'enlace et lui demande de poser pour la photo. "Le tatoué", comme on l'appelle ici, c'est la star des travées.

Outre ses 83 tatouages, qu'il fait retoucher hebdomadairement, Delneri se peint les ongles des mains et des pieds en noir et blanc, sans oublier la petite étoile blanche: l'écusson du club jusqu'au bout des doigts.

"Se faire tatouer, ça fait mal, mais si on le fait parce qu'on le veut, c'est un plaisir", avance-t-il, bravache ; et il compte bien recouvrir les derniers centimètres carrés de sa peau dorée par le soleil.

Au Brésil, on appelle ce genre de fan "torcedor doente" (supporteur malade). "Le malade, c'est celui qui n'est pas supporter de Botafogo !", rétorque-t-il.

Son premier tatouage remonte à 14 ans, dédié à "l'astre éternel", le mythique Garrincha, au club de 1953 à 1962 et double champion du monde aux côtés de Pelé (1958, 1962). Puis son corps s'est recouvert de blasons, de phrases, d'hymnes et de figures.

Sur son bras droit, il arbore même l'effigie de Biriba, le chien porte-bonheur qu'amenait aux matches le président du club en 1948... Le supporter de Botafogo, comme souvent dans le foot, est superstitieux.

C'est ainsi que sa fille, Glaucia, une prof de 44 ans, ne pénètre pas en tribune sans un maillot officiel. Elle et sa soeur de 38 ans ont dix tatouages chacune, dans le sillage de leur père qu'elles accompagnent le plus possible au stade.

"A six ans, j'allais déjà au Maracana. Avec mon père, j'ai appris à aimer le club et c'est maintenant ma passion", raconte Glaucia, suivie sur Facebook par "une petite communauté +botafoguense+" de 2.800 personnes.

La femme brésilienne, de manière générale, prend le foot très au sérieux et a toute sa place dans les groupes ultras.

L'épouse de Delneri, Malvina Gonçalves, elle, suit pourtant peu les matches, même si elle prend soin du curieux musée +botafoguense+ dans lequel elle vit avec son mari depuis 45 ans.

Un avertissement barre la porte de cette maisonnette de Bangu, quartier populaire de la banlieue nord de Rio: "Sois le bienvenu, mais s'il te plaît, ne dis pas de mal de Botafogo".

Dedans, tout est noir et blanc, avec une multitude de photos d'équipe encadrées. Les deux chiens de la famille s'appellent Garrinchinha (petit Garrincha) et Loco Abreu, fantasque attaquant uruguayen passé au Fogao entre 2010 et 2012.

"Je crois qu'il aime plus le club que moi", dit Malvina en riant. Delneri assure que non, il la préfère, elle... mais Botafogo vient juste après.

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