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RDCongo: le "Terminator" Bosco Ntaganda lundi face à la CPI

RDCongo: le "Terminator" Bosco Ntaganda lundi face à la CPI

L'ancien chef de guerre Bosco Ntaganda doit comparaître à partir de lundi devant la Cour pénale internationale afin de déterminer s'il doit être jugé notamment pour des viols, meurtres et pillages commis dans l'est de la République démocratique du Congo.

Surnommé "Terminator" car réputé sans pitié, le charismatique chef rebelle doit répondre de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis en 2002 et 2003 en Ituri, dans l'est de la RDC, par les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), dont il était alors chef d'état-major.

Milice à prédominance Hema, les FPLC combattaient principalement des milices de l'ethnie rivale Lendu pour le contrôle de cette région riche en ressources naturelles et en proie à des violences ayant fait quelque 60.000 morts depuis 1999, selon les ONG.

Alors qu'il était un des chefs de guerre les plus recherchés de la région des Grands Lacs, Bosco Ntaganda, 41 ans, avait été en avril 2013 le premier à se livrer à la CPI, où quatre autres Africains sont écroués.

Celui qui a vécu par les armes, au sein de nombreuse milices ou même un temps comme général de l'armée congolaise, faisait l'objet de deux mandats d'arrêt.

Contre toute attente, il s'était réfugié à l'ambassade des Etats-Unis au Rwanda, après l'éclatement de sa milice congolaise du M23. Il avait clamé son innocence lors de sa comparution initiale devant la CPI, fin mars.

L'audience de confirmation des charges doit avoir lieu de lundi à jeudi. Le procureur devra y convaincre les juges que les éléments de preuve qu'il a récoltés sont assez solides pour justifier un procès. Les juges rendront leur décision dans les 60 jours.

"La RDC a longtemps été minée par des groupes armés cherchant le pouvoir par l'usage de la force : la poursuite des plus hauts responsables de ces crimes est nécessaire pour mettre fin à l'impunité", a déclaré William Pace, de l'ONG Coalition pour la CPI, cité dans un communiqué.

L'ancien commandant des FPLC Thomas Lubanga avait été condamné en 2012 à 14 ans de prison par la CPI pour avoir enrôlé et utilisé des enfants de moins de 15 ans.

"Ntaganda a planifié et mené bon nombre d'attaques militaires coordonnées contre les Lendu et d'autres tribus non-Hema", assure le procureur dans des documents déposés devant la Cour.

Les forces sous ses ordres ont "attaqué des villes à l'arme lourde". Ils allaient "de maison en maison (...), brûlant et pillant les propriétés".

Au moins 800 personnes ont été tuées par les hommes de Ntaganda en 2002 et 2003, selon l'accusation. Ils ont notamment mené une attaque longue de six jours, en novembre 2002, contre la ville minière de Mongbwalu, à quelque 70 kilomètres au nord-ouest de Bunia, capitale de l'Ituri.

M. Ntaganda avait passé la frontière entre la RDC et le Rwanda à la mi-mars 2013, avec plusieurs centaines de ses hommes défaits dans des combats avec une faction rivale issue de l'éclatement de la rébellion congolaise du M23.

Sa reddition a suscité de nombreuses questions, notamment sur la manière dont il a été en mesure de traverser la frontière rwando-congolaise.

Le M23 avait finalement capitulé en novembre 2013 face à l'armée congolaise appuyée par l'ONU. Mais selon certains experts de l'ONU, le M23 a repris le recrutement au Rwanda et est à nouveau actif en Ituri.

Né au Rwanda, Bosco Ntaganda a fait ses armes au sein du Front patriotique rwandais du président Paul Kagame à l'époque où cette rébellion mettait fin au génocide en 1994. Certains estiment qu'il pourrait faire d'embarrassantes révélations sur le rôle de Kigali dans l'est de la RDC.

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