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10 millions de Tokyoïtes aux urnes pour choisir un gouverneur pro ou anti-nucléaire

10 millions de Tokyoïtes aux urnes pour choisir un gouverneur pro ou anti-nucléaire

Les pieds dans 30 centimètres de neige, les Tokyoïtes ont commencé dimanche matin de se rendre dans les bureaux de vote pour élire leur gouverneur parmi 16 candidats divisés entre pro et antinucléaires.

Ce scrutin risque cependant de virer au duel entre le favori du gouvernement de droite pro-atome, Yoichi Masuzoe, et Morihiro Hosokawa, un ex-Premier ministre sorti d'une retraite politique de 20 ans pour s'opposer à l'énergie atomique, avec le soutien d'un autre "ex", l'imprévisible Junichiro Koizumi.

Pas moins de 1.869 bureaux de vote devaient accueillir plus de 10 millions d'électeurs dimanche à partir de 07H00 (samedi 22H00 GMT), mais quelques-uns ont ouvert en retard à cause d'une tempête de neige exceptionnelle samedi sur la capitale, phénomène inédit en près d'un demi-siècle.

Les observateurs s'interrogent sur la participation, craignant un désintérêt des jeunes et les conséquences de cette intempérie.

"Je n'irai pas voter car je ne vois aucun candidat qui me plaise", témoigne une jeune dessinatrice d'une vingtaine d'années.

Les personnes âgées, généralement les plus assidues aux élections, vont quant à elles peut-être s'abstenir de sortir pour ne pas courir le risque de chuter sur les trottoirs rendus impraticables. L'agence de météo annonçait toutefois pour dimanche une belle journée ensoleillée et une température plutôt clémente.

"Ce scrutin sera une bataille entre ceux qui pensent que le Japon peut se passer d'énergie nucléaire et ceux qui affirment le contraire", a promis M. Koizumi, visant non seulement M. Masuzoe mais surtout son plus important soutien, Shinzo Abe, actuel Premier ministre et chef du grand parti de la droite japonaise (PLD), autrefois présidé par M. Koizumi.

Bien que le gouverneur de Tokyo n'ait pas a priori son mot à dire sur la politique nationale, l'élection d'un antinucléaire à la tête de la mégapole aurait nécessairement une influence sur les décisions du gouvernement, lequel a d'ailleurs reporté à dessein après le scrutin l'annonce de son plan énergétique à moyen terme.

Reste que c'est le candidat soutenu par le PLD au pouvoir, M. Masuzoe, qui a fait la course en tête dans les sondages pour cette élection consécutive à la démission de Naoki Inose, élu gouverneur fin 2012 mais chassé au bout d'un an par un scandale politico-financier.

M. Masuzoe est un visage très connu du grand public, non seulement pour des fonctions ministérielles antérieures mais aussi pour avoir été un commentateur de TV et avoir signé de nombreux ouvrages politico-historiques.

Il faudra quand même regarder dimanche soir avec attention le score de deux autres candidats, Kenji Utsunomiya (avocat antinucléaire soutenu par le Parti Communiste), et Toshio Tamogami (un ex-général pro-atome limogé de l'armée de l'air pour avoir émis des opinions révisionnistes, épaulé par l'ex-gouverneur nationaliste Shintaro Ishihara).

Ces deux personnages que tout oppose pourraient capter des voix d'électeurs désapprouvant M. Abe et les siens, tout en n'ayant pas envie de voter pour le protégé de M. Koizumi.

Le plus jeune candidat, un patron d'une société de services en ligne, a 35 ans, les quinze autres entre 55 et 85 ans, MM. Masuzoe et Hosokawa se situant dans l'entre-deux avec respectivement 65 et 76 ans.

Qui qu'il soit, le nouveau gouverneur devra préparer les Jeux olympiques de 2020 à Tokyo et oeuvrer pour que ce centre économique de 13 millions d'habitants, dont le budget équivaut à celui de la Suède, réponde au défi du vieillissement de sa population et de la forte menace sismique, sans perdre son formidable pouvoir d'attraction culturel et commercial.

kap/pn/all

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