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Polémique en Espagne après la mort de neuf immigrés à Ceuta

Polémique en Espagne après la mort de neuf immigrés à Ceuta

Sous le feu de l'opposition, confronté à une nouvelle poussée migratoire dans ses enclaves du Maroc, le gouvernement espagnol a justifié vendredi la riposte de ses forces de l'ordre la veille à Ceuta, pour repousser un assaut dans lequel neuf clandestins sont morts noyés.

Après la tentative de passage qui a tourné au drame jeudi aux portes de Ceuta, l'une des deux enclaves espagnoles au nord du Maroc, l'autre ville autonome de Melilla était elle aussi soumise vendredi à un regain de tension à sa frontière.

"Environ 1.400 personnes, réparties en plusieurs groupes", selon la préfecture de la ville, ont tenté durant la nuit de jeudi à vendredi de s'approcher de la frontière, matérialisée par un mur grillagé de sept mètres de haut et onze kilomètres de long.

Descendus des flancs du mont Gurugu, qui surplombe la ville du côté marocain, les clandestins venus d'Afrique subsaharienne se sont dispersés avant d'avoir atteint la frontière.

A Ceuta, où les tentatives de passage sont moins nombreuses, "un groupe d'environ 200 migrants", selon les autorités espagnoles, s'était approché jeudi à l'aube du poste-frontière de Tarajal.

Ne parvenant pas à donner l'assaut contre le grillage à cet endroit, les clandestins avaient gagné la plage voisine et tenté de contourner l'épi qui sépare le Maroc de l'Espagne en s'avançant dans la mer, contenus à cet endroit par les forces marocaines. Neuf d'entre eux s'étaient noyés du côté marocain.

La préfecture de Ceuta a expliqué que la police a utilisé "du matériel anti-émeutes, des balles en caoutchouc tirées en parabole par-dessus la barrière de six mètres de haut, jamais contre les personnes", pour repousser l'assaut.

Selon elle, "les immigrés ont montré une attitude très violente, lancé des pierres et d'autres objets contre les forces de sécurité espagnoles et marocaines".

Interpellé par l'opposition de gauche sur la riposte policière, le gouvernement a annoncé que le ministre de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, allait s'expliquer devant les députés. Le Défenseur du peuple, qui joue en Espagne le rôle de médiateur, a annoncé l'ouverture d'une enquête.

Le parti écolo-communiste Izquierda Unida a, lui, exigé "la démission immédiate" du ministre tandis que la coalition indépendantiste basque Amaiur demandait des explications, citant le témoignage d'une organisation humanitaire, Caminando Fronteras, basée à Ceuta.

"D'habitude, les immigrants se plaignent de la police marocaine, mais là, ils ont dit que la Garde civile avait tiré sur eux", a affirmé à l'AFP une militante de l'ONG, Helena Maleno, qui a parlé avec des immigrants blessés.

"Le premier immigrant qui nous a appelés a affirmé que la police avait tiré des balles de caoutchouc et des petites billes en plastique blanches utilisées pour tuer les oiseaux", a-t-elle déclaré.

"Ensuite, nous avons vu un autre groupe de sept immigrants blessés qui nous ont expliqué la même histoire. Ils nous ont dit que la Garde civile avait tiré des balles en plastique pour crever les bouées utilisées par les immigrants dont beaucoup ne savent pas nager", a-t-elle poursuivi.

Selon elle, ce groupe a reconnu que certains immigrants avaient "jeté des cailloux sur la Garde civile".

Les autorités de Ceuta ont nié avoir utilisé des balles de caoutchouc en tir direct contre les immigrants. "Nous n'avons pas utilisé de moyens anti-émeutes quand les immigrants étaient dans l'eau", a assuré vendredi le préfet, Francisco Antonio Gonzalez.

Le Haut commissariat aux Réfugiés de l'ONU (HCR) s'est dit "consterné".

"Nous sommes très préoccupés par le fait que les personnes qui ont besoin d'une protection internationale risquent leur vie pour gagner des pays sûrs, et la perdent aux portes de pays de l'Union européenne", a déclaré à l'AFP Maria Jesus Vega, la porte-parole du HCR à Madrid.

Les enclaves de Ceuta et Melilla constituent les seules portes d'entrée terrestres vers l'Europe pour l'immigration clandestine venue d'Afrique noire et du Maghreb.

Alors qu'à Melilla les migrants lancent régulièrement des assauts contre le grillage frontalier, les tentatives d'entrée à Ceuta se font généralement par la plage à pied, à bord de petites embarcations ou via l'unique poste-frontière de Tarajal.

sg/ib/ka

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