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L'ex-juge Claire L'Heureux-Dubé appuie le projet de charte

L'ex-juge Claire L'Heureux-Dubé appuie le projet de charte
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L'ex-juge à la Cour suprême du Canada Claire L'Heureux-Dubé appuie inconditionnellement le projet de charte de la laïcité présenté par le gouvernement Marois. Mme L'Heureux-Dubé a présenté, vendredi, un mémoire devant la commission parlementaire qui se déroule à Québec. Elle parlait au nom des Juristes pour la laïcité et la neutralité religieuse de l'État.

Pour Claire L'Heureux-Dubé, le projet de loi 60 passera sans problème le test des tribunaux puisque, selon elle, le port de signes religieux n'est pas un droit fondamental. Par conséquent, l'interdiction faite aux employés de l'État de porter des signes religieux ostentatoires n'est d'aucune façon discriminatoire, aux yeux de la juriste.

Cette ex-magistrate qui a siégé au plus haut tribunal du pays a par la suite donné un point de presse, durant lequel elle a fait part de sa déception devant la position adoptée par le Parti libéral du Québec (PLQ). Claire L'Heureux-Dubé considère que l'opposition du PLQ au projet de charte des valeurs contredit la tradition de ce parti qui, de tout temps, s'est montré favorable à la laïcité de l'État et à l'égalité des droits pour les femmes, dit-elle en substance.

Parmi les autres groupes qui ont pris la parole devant la commission parlementaire, à Québec il y avait, de l'Université de Montréal, le recteur Guy Breton et le secrétaire général, Alexandre Chabot, de même que les représentants de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec.

Louise Arbour s'élève contre le projet de charte

La journée de vendredi a par ailleurs été marquée par la prise de position d'une autre ex-juge à la Cour suprême du Canada, Louise Arbour, qui fut également haute-commissaire aux droits de l'homme aux Nations unies. Contrairement à Claire L'Heureux-Dubé, Mme Arbour dénonce le projet de charte des valeurs du gouvernement Marois qui, selon elle, constitue une atteinte à la liberté de religion, une liberté que doit protéger le droit québécois.

Dans une lettre ouverte intitulée Le chant des sirènes adressée au quotidien La Presse, Louise Arbour écrit : « Il ne fait aucun doute que, telle que proposée, la Charte porte atteinte à la liberté de religion et que les justifications de cette atteinte à un droit fondamental protégé par le droit québécois, la constitution canadienne et le droit international sont clairement insuffisantes. »

Mme Arbour précise également que la banalisation de cette atteinte aux droits « ne sert aucun objectif utile » et qu'il s'agit d'une « tactique fréquemment utilisée par ceux qui nient les droits des autres ».

« La Charte de la laïcité nous incite à céder au chant des sirènes. Ce chant évoque l'image nostalgique d'une société homogène catho-laïque, où ''nos'' symboles religieux nous paraissent inoffensifs parce que, n'y croyant plus, nous les avons vidés de leur sens, alors que ceux des ''autres'' feraient au contraire peser une menace permanente sur nous. »

— Louise Arbour

À la défense des musulmanes

Expliquant dans son texte que ce sont principalement les femmes musulmanes qui portent le voile qui seront affectées par l'application de cette charte, Louise Arbour reconnaît le malaise et la division des féministes sur la question.

« Pour plusieurs d'entre nous, les religions évoquent la soumission des femmes à un statut d'infériorité, même pour celles qui se croient libres de faire des choix religieux. Cela a été le lot des femmes québécoises pendant des décennies, et nous voulons à juste titre protéger nos acquis », écrit Louise Arbour.

« Mais pour certaines, comme pour moi, la protection de ces acquis ne rend pas pour autant acceptable que l'on poursuive la lutte vers l'égalité en exerçant une coercition sur celles que l'on souhaite voir s'émanciper », poursuit la juriste.

Selon Louise Arbour, il est « odieux » de faire porter à ces femmes déjà marginalisées ce fardeau qui limiterait leur accès à l'emploi, qui est un facteur clé, selon elle, de leur autonomie et de leur intégration.

Le recteur de l'Université de Montréal est contre la charte

Le recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton, s'est opposé à toute forme d'interdiction de porter des signes religieux à l'université.

Adopté tel quel, le projet de loi 60 nuirait au recrutement de professeurs et d'étudiants étrangers, et pourrait même provoquer un exode des cerveaux, a ajouté M. Breton.

« Il faut arrêter d'avoir peur, d'avoir peur et il faut arrêter de donner l'impression que parce que les gens sont différents, il y a un danger là-dedans. »

— Guy Breton, recteur de l'Université de Montréal

Il n'y a pas de problème avec les signes religieux à l'Université de Montréal, a ajouté le recteur, en rappelant que l'institution qu'il dirige compte des étudiants de 134 nationalités différentes.

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