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Réfugiés au Tchad, d'ex-Séléka attendent "la paix" pour rentre à Bangui

Réfugiés au Tchad, d'ex-Séléka attendent "la paix" pour rentre à Bangui

Assis sous un manguier, dans la cour d'une entreprise de Doba, dans le sud du Tchad, d'ex-combattants Séléka centrafricains qui ont déserté Bangui assurent désormais vouloir "la paix" et rentrer au pays.

Arrivés il y a une dizaine de jours, ces anciens rebelles ont été désarmés à la frontière par les forces tchadiennes qui ont récupéré 300 armes de différents calibres et quantité de munitions ainsi que 12 véhicules, désormais entreposés dans l'enceinte de la gendarmerie de Doba.

"Nous avons pris les armes contre (l'ex-président François) Bozizé, mais aujourd'hui nous avons en face de nous trois forces, les Français, les anti-balaka (milices chrétiennes) et les ex-FACA (armée régulière centrafricaine). Nous ne voulons pas laisser nos armes aux Français, c'est pourquoi nous sommes venus rendre nos armes au Tchad", assure le chef de la troupe, le "colonel" Ahmat Bahar.

"Nous voulons bien retourner (en Centrafrique) mais pas pour le moment, parce que le pays est déchiré", ajoute-t-il.

Les ex-Séléka, pour la plupart musulmans originaires du nord de la Centrafrique, mais aussi du Tchad et du Soudan, ont marché sur Bangui en mars 2013, renversant le président Bozizé, multipliant ensuite pendant des mois les exactions contre une population très majoritairement chrétienne.

Depuis, le pays a sombré dans une spirale infernale de violences interconfessionnelles, avec l'apparition de milices chrétiennes paysannes décidées à se venger sur les Séléka comme sur les civils musulmans, alimentant un cycle de représailles sans fin.

Habillés en civil et assis à même le sol en petits groupes sous de gros manguiers, les 260 hommes - et deux femmes - du "colonel" Bahar tuent le temps dans la cour d'une entreprise de construction routière à 5 km de la ville, transformée en camp provisoire gardé par les gendarmes tchadiens.

Pour la plupart officiers et sous-officiers dans la hiérachie Séléka, ils se sont réfugiés au Tchad, acculés par les anti-balaka, après avoir été neutralisés par les forces internationales française et africaine. Tous disent vouloir tirer un trait sur la période sombre qui vient de s'écouler.

"Nous ne voulons pas de la guerre. Si nous étions restés à Bangui nous serions tous massacrés, parce que les Français nous désarment et laissent les anti-balaka nous tuer, nous avons préféré quitter pour venir vers la frontière tchadienne", affirme Mahamat El Dio, ancien commandant de compagnie de Yaloké (à 200 km au nord-ouest de Bangui).

"Nous comptons retourner à Bangui parce que nous avons laissé tous nos parents qui sont en train de se faire tuer par les anti-balaka" dans la capitale, où les familles commerçantes musulmanes, assimilées aux combattants Séléka, sont aujourd'hui traquées, pillées, assassinées sauvagement par les miliciens chrétiens et des pillards devant des foules en liesse, explique Adis Abakar qui dit être un ancien officier des FACA (armée régulière centrafricaine).

A l'approche de la délégation officielle tchadienne conduite par le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, accompagné de responsables d'organisations humanitaires, les hommes se mettent en ordre sous le commandement du "colonel" Bahr.

"Nous sommes venus vous saluer et vous encourager d'avoir renoncé à la violence dans votre pays. Nous sommes pour la stabilité de la Centrafrique", déclare le ministre Yaya Mahamat Oki Dagache à leur intention.

"Un tri sera opéré en votre sein, les Centrafricains seront remis aux organisations internationales et les Tchadiens à la justice", explique-t-il.

Selon des sources sécuritaires sous couvert d'anonymat, d'autres combattants attendent de l'autre côté de la frontière centrafricaine, à bord d'une dizaine de véhicules.

yas/cl/mc/sba

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