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Rapts, explosions, combats: le Yémen s'enfonce dans la violence

Rapts, explosions, combats: le Yémen s'enfonce dans la violence

Un Européen a été enlevé lundi à Sanaa, quelques heures après des explosions nocturnes dans le secteur de l'ambassade de France au Yémen, pris dans un engrenage des violences avec l'aggravation d'une guerre aux relents confessionnels dans le Nord.

Il s'agit du deuxième Européen enlevé à Sanaa en quatre jours après le rapt vendredi d'un Allemand dont le sort reste incertain, tout comme celui de deux diplomates, un Saoudien et un Iranien, et un ressortissant sud-africain, kidnappés en 2012 et 2013.

Ce regain de violences intervient alors que le Yémen tente d'avancer dans sa transition politique et la mise en place d'un Etat fédéral, qui bute sur la délimitation des provinces devant le former.

Lundi matin, un employé du secteur pétrolier a été enlevé par des hommes armés devant une épicerie à Hadda, le quartier diplomatique de Sanaa, a déclaré à l'AFP une source proche des milieux pétroliers, indiquant qu'il s'agissait d'un Britannique.

Mais l'ambassade britannique au Yémen n'était pas en mesure dans l'immédiat de confirmer le rapt. "Nous sommes au courant des informations et tentons de confirmer", a déclaré un porte-parole à l'AFP.

Selon des témoins, les ravisseurs l'ont frappé à la tête avec la crosse d'une arme, avant de l'emmener vers une destination inconnue.

Cet enlèvement est survenu après une série d'explosions nocturnes à Sanaa. Un obus de mortier a été tiré après minuit en direction de l'ambassade de France, sans toucher le bâtiment, et une voiture piégée a explosé à quelques centaines de mètres de là à Hadda, selon une source policière, qui a fait état de trois blessés.

La chancellerie était néanmoins "ouverte" et a fonctionné "normalement" lundi, a déclaré un fonctionnaire.

A Paris, le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal, a condamné les attentats de Sanaa, affirmant qu'"aucun élément ne nous permet d'indiquer que les explosions visaient directement l'ambassade de France".

Deux autres explosions nocturnes près du ministère de la Défense ont été provoquées par des roquettes tirées depuis le quartier de Sanhan, au sud-est de Sanaa, sans faire de victime, a rapporté l'agence Saba. De premières informations indiquaient qu'elles avaient été causées par des engins placés dans un mini-bus.

A ces violences s'ajoutent des combats dans le nord du pays, où des rebelles zaïdites chiites ont gagné du terrain aux dépens de la puissante tribu des Hached, soutenue par des fondamentalistes sunnites.

Les combattants d'Ansarullah, nom de ces rebelles zaïdites, une branche du chiisme, ont pris ce weekend le contrôle de la localité de Houth, à 180 km au nord de Sanaa, et de la région d'Al-Khamri, fief de la puissante confédération tribale des Hached, selon des sources tribales.

Les combats ont fait en une semaine 150 morts et 400 blessés, dont 50 tués et 100 blessés dans les rangs des Hached, selon un bilan obtenu lundi par l'AFP de sources militaire et tribales.

Dimanche soir, la tribu des Beni Souraïm, un clan des Hached, a tenté de lancer une contre-offensive pour stopper la progression des combattants d'Ansarullah vers ses territoires, situé au sud de Houth, a indiqué à l'AFP une source tribale.

Les rebelles zaïdites, fortement implantés dans le nord du pays où ils contrôlent notamment la province de Saada, tentent de gagner du terrain avant la délimitation des provinces qui formeront le nouvel Etat fédéral yéménite.

Lundi, les combats ont baissé d'intensité pour favoriser une médiation gouvernementale menée par le gouverneur de Sanaa Abdel Qader Hilal, selon des sources tribales.

M. Hilal a indiqué sur sa page Facebook que les deux protagonistes avaient "convenu de signer un accord sur un cessez-le-feu, la réouverture des routes et le retrait des combattants" des zones en conflit.

Mais des analystes craignent que les violences ne fassent dérailler la transition après les espoirs suscités par le dialogue national, qui a permis de tracer les grandes lignes du futur Etat fédéral malgré son boycott par les indépendantistes sudistes.

A Aden, principale ville du Sud, un officier de la police, le commandant Awadh al-Dahboul, et trois de ses gardes, ont été blessés lundi dans une embuscade tendue par des hommes armés, qui ont réussi à prendre la fuite, selon un responsable de sécurité.

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