Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'Occident étudie son aide à l'Ukraine, à Kiev le débat retourne au Parlement

L'Occident étudie son aide à l'Ukraine, à Kiev le débat retourne au Parlement

Le chef de l'Etat ukrainien a lancé lundi soir une mise en garde contre "l'extrémisme" de l'opposition, à la veille d'une nouvelle visite de la chef de la diplomatie européenne, axée sur les propositions d'aide occidentale, et de la reprise des travaux du parlement.

Le président Viktor Ianoukovitch, qui a repris le travail lundi, après un silence complet de quatre jours justifié par un congé maladie, a profité d'une rencontre avec les participants à une "table ronde" pour dénoncer "l'extrémisme" des manifestants.

Il a accusé l'opposition d'"incitation à la haine", motivée par "la lutte pour le pouvoir", sans dire cependant qui exactement visaient ses propos.

Ces déclarations ont semblé faire écho à un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères qui avait appelé, quelques heures plus tôt, l'opposition ukrainienne à renoncer aux "menaces" et aux "ultimatums", afin de permettre à l'Ukraine de "sortir de la crise profonde" dans laquelle elle se trouve "tout en restant dans le cadre constitutionnel".

Dans le bref fragment de son intervention transmis par la télévision, M. Ianoukovitch n'a évoqué ni la proposition d'aide de l'Occident, ni les demandes de réforme constitutionnelle et d'amnistie formulées par l'opposition.

Or la question de l'aide financière européenne et américaine devrait faire l'objet d'entretiens à Kiev de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui se rend mardi dans la capitale ukrainienne.

Mme Ashton doit entamer dès son arrivée des discussions avec l'opposition et avec les autorités ukrainiennes et poursuivre ses entretiens mercredi, a indiqué à Bruxelles sa porte-parole Maja Kocijancic.

Depuis le refus du président Ianoukovitch de signer un accord d'association avec l'Union européenne en novembre, l'Ukraine, au bord de la cessation de paiements, est secouée par une vague de contestation sans précédent.

L'UE réfléchit avec ses partenaires, dont les Etats-Unis et le Fonds monétaire international (FMI), à la façon d'aider financièrement l'Ukraine à condition que Kiev s'engage sur la voie des réformes et que les violences cessent, ont annoncé lundi les services de Mme Ashton, sans entrer dans les détails.

Mme Ashton elle-même n'a pas été plus explicite en évoquant cette initiative en préparation dans une interview publiée par le Wall Street Journal.

Washington a confirmé que des discussions étaient en cours. "Nous sommes à une étape préliminaire de consultations avec l'UE et avec d'autres partenaires à propos du soutien dont l'Ukraine aurait besoin", a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.

Le "Plan ukrainien" doit porter sur différents secteurs de l'économie "pour améliorer les choses", a dit Mme Ashton, ajoutant que "les chiffres ne seront pas modestes" et citant la possibilité d'offrir des "garanties" financières, des aides à l'investissement ou encore le soutien à la monnaie ukrainienne pour assurer sa stabilité.

Les autorités de Kiev ont choisi pour le moment de ne pas réagir. "Je ne peux pas commenter ces déclarations, parce que je ne peux pas les confirmer. Personne ne m'en a parlé", a dit le ministre des Affaires étrangères Léonid Kojara, interrogé au cours d'une conférence de presse.

Dans son interview au WSJ, le chef de la diplomatie européenne n'a donné aucune indication sur le montant des fonds éventuellement disponibles.

Un diplomate européen interrogé par l'AFP, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a indiqué qu'"il s'agissait de recenser tout ce que les Européens peuvent mettre sur la table, avec les Américains, en raclant les fonds de tiroirs sur les fonds européens".

Mais "il sera difficile, je le crains, d'arriver à hauteur de l'offre russe", a-t-il ajouté. Après l'abandon, juste avant sa signature, de l'accord d'association UE-Ukraine fin novembre, Moscou a offert à Kiev 15 milliards de dollars de crédits et une réduction du prix de son gaz de 30%.

Lors des négociations sur l'accord d'association, l'UE avait proposé 610 millions d'aides financières à l'Ukraine. Mais cette aide, qui était subordonnée au programme de réformes draconien du FMI, avait été jugée dérisoire par le président Ianoukovitch.

Lundi, les premières informations sur une éventuelle aide occidentale ont été suivies de près par l'annonce d'un montant élevé de la dette gazière de l'Ukraine, totalisant, fin janvier, 3,35 milliards d'euros. Une manière de rappeler, peut-être, à quel point l'Ukraine est financièrement dépendante de la Russie.

Le programme de M. Ianoukovitch pour les prochains jours n'a pas été précisé - mais son chef de la diplomatie a annoncé qu'il se rendrait aux JO de Sotchi, sans donner de date. Les Jeux s'ouvrent le 7 février.

A Kiev, le président doit travailler à la mise en place d'un nouveau gouvernement. Une question essentielle, car tant Moscou que Bruxelles font dépendre leur aide de la composition et des pouvoirs de ce gouvernement. L'opposition souhaite obtenir un contrôle réel des postes clés.

En attendant, le Parlement reprend mardi ses travaux. L'opposition devrait en profiter pour proposer une nouvelle loi d'amnistie pour les manifestants arrêtés, destinée à remplacer celle faisant dépendre son application de l'évacuation par les opposants des bâtiments publics occupés.

Elle compte aussi promouvoir la réforme constitutionnelle pour revenir à la Loi fondamentale de 2004, issue de la Révolution orange pro-occidentale et qui accorde moins de pouvoirs au chef de l'Etat.

A Paris, le président François Hollande a appelé de nouveau lundi "au dialogue, à l'apaisement et à une solution politique" en Ukraine, jugeant que la situation est "grave" et exige "la plus grande vigilance".

via/neo/plh

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.