Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

John Kerry, pas encore entré au panthéon des secrétaires d'Etat

John Kerry, pas encore entré au panthéon des secrétaires d'Etat

John Kerry est-il l'égal de Henry Kissinger, James Baker ou Warren Christopher qui ont marqué la politique étrangère des Etats-Unis? Même s'il peut y prétendre un jour, le chef de la diplomatie américaine n'est pas encore entré au panthéon des secrétaires d'Etat.

Experts et diplomates qui l'observent depuis qu'il a pris les rênes du département d'Etat le 1er février 2013 se disent "impressionnés" par l'"énergie" et la "détermination" dont cet as de la politique fait preuve sur les crises les plus brûlantes: le conflit israélo-palestinien, la guerre en Syrie ou le nucléaire iranien.

Le candidat démocrate malheureux à la présidentielle de 2004, sénateur pendant 29 ans, héros du Vietnam, dont il est revenu grand sceptique de l'interventionnisme militaire, rêvait de piloter la politique étrangère américaine. Fils de diplomate, ayant vécu en Europe, John Kerry se targue souvent d'avoir "la diplomatie dans le sang".

Succédant à Hillary Clinton, surnommée "la secrétaire d'Etat rock star" pour avoir parcouru en avion près de 1,6 million de km en quatre ans, John Kerry en a déjà fait 515.000 km pour sa première année de mandat, dont 149 jours en voyage dans 39 pays.

"Il a une énergie incroyable, il a pris en main des dossiers extrêmement complexes, comme le processus de paix israélo-palestinien, avec un dynamisme qu'on n'escomptait pas et qu'on n'avait pas vu depuis un bon moment chez un secrétaire d'Etat", résume pour l'AFP Hussein Ibish, du centre d'études American Task Force on Palestine.

Un diplomate occidental donne aussi écho à "l'appréciation très positive" de son gouvernement pour John Kerry. A ses yeux, il "représente sur toutes les crises la vision américaine la plus positivement interventionniste, au bon du sens du terme", tranchant avec une administration Obama jugée trop prudente, voire en retrait, sur la scène internationale.

De fait, M. Kerry s'investit. Aimant les contacts personnels avec ses homologues, travailleur acharné, à l'aise à l'oral, il vole de crise en crise dans son Boeing de l'Air Force, à un rythme effréné, car il "croit fondamentalement dans la diplomatie et (...) se jette directement dans la mêlée", observe Aaron David Miller, qui a conseillé six secrétaires d'Etat.

Premier de ses faits d'armes, le dialogue direct israélo-palestinien depuis fin juillet, qui, "sans Kerry, n'aurait sûrement pas été relancé", pense le diplomate. Le ministre américain aime aussi rappeler qu'il a oeuvré à l'accord de septembre sur l'arsenal chimique syrien, mis sa patte à celui de novembre sur le nucléaire iranien et qu'il a été l'un des parrains de la conférence Genève II sur la Syrie il y a dix jours.

Ces règlements sont toutefois loin d'être bouclés et "sur la plupart des questions cruciales, le jury continue de délibérer" pour juger si M. Kerry a réussi ou échoué, pointe Hussein Ibish.

"L'histoire complète n'est pas encore écrite et les choses peuvent facilement se gâter" pour le secrétaire d'Etat, abonde M. Miller, expert du Woodrow Wilson Center.

John Kerry a d'ailleurs été la cible de critiques acerbes venues du Proche-Orient, Israël lui reprochant son "obsession" et son "messianisme" pour résoudre le casse-tête israélo-palestinien. Son ami, le sénateur républicain John McCain, l'a même comparé à une "boule de démolition" pour l'engagement américain limité en Syrie.

Pour gagner sa place au panthéon des secrétaires d'Etat, John Kerry "doit réaliser quelque chose de très important et il n'y est pas encore parvenu", insiste M. Miller, en le comparant à de célèbres prédécesseurs.

Ainsi, Henry Kissinger a laissé une très forte empreinte sur la politique étrangère des Etats-Unis: conseiller à la sécurité nationale et secrétaire d'Etat de 1969 à 1977, il négocia des accords entre Israël, l'Egypte et la Syrie, fut l'artisan des relations diplomatiques avec la Chine et scella le retrait du Vietnam.

James Baker (1989-1992) dirigeait le département d'Etat lors de la première Guerre du Golfe, avant d'organiser la conférence de Madrid en 1991. Warren Christopher (1993-1997) contribua aux Accords d'Oslo de septembre 1993 entre Israël et les Palestiniens et à l'Accord de Dayton de novembre 1995 qui mit fin à la guerre en Bosnie.

Avant même d'être interrogé sur son premier bilan, John Kerry a interdit "à quiconque au département de perdre son temps à compter les succès et les échecs", confie à l'AFP l'un de ses conseillers.

nr-jkb/lb/ob

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.