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A Rome, une exposition fait dialoguer Giacometti avec le Bernin et Canova

A Rome, une exposition fait dialoguer Giacometti avec le Bernin et Canova

Le maître de la sculpture moderne Alberto Giacometti dialogue avec le génie baroque et néo-classique du Bernin et de Canova, dans une exposition sertie dans l'écrin unique de la Galerie Borghese qui ouvre mercredi à Rome.

L'exposition "Giacometti, la sculpture", ce sont quelque 40 chefs-d'oeuvre -- bronzes, plâtres et dessins -- du maître suisse qui côtoient pour la première fois les célèbres statues en marbre de ses illustres prédécesseurs italiens.

D'un côté, comme dans un théâtre, les scènes mythologiques ou bibliques du Bernin - "Apollon et Daphné", toute en chair élastique, le "David" et sa force de la jeunesse - la "Pauline Borghese" de Canova et sa sensualité tranquille. Et de l'autre, une "Femme couchée qui rêve" et un "Homme qui chavire", si fragiles et si dramatiques à la fois.

Un dialogue tendu mais dense, "dont le sujet principal, après tout, reste l'homme", souligne auprès de l'AFP le commissaire de l'exposition, le Suisse Christian Klemm.

Pour Anna Coliva, la directrice du musée romain, située au coeur du parc de la Villa Borghese, il manquait à ce "temple de la sculpture par excellence", où l'on peut admirer des oeuvres allant de l'Antiquité au XIXe siècle, un représentant de l'art moderne: et qui de mieux que son "emblème", Alberto Giacometti ?

"Ce n'est pas une confrontation entre ces statues, mais au contraire, il s'agit de voir quelles sont leurs différences et leurs éléments de base, notamment sur la représentation de l'être humain, du corps", explique Mme Coliva.

Or, Giacometti (1901-1966) est "l'un des rares sculpteurs modernes à avoir un rapport très réfléchi avec le passé", et notamment avec l'art des antiques Egyptiens, souligne M. Klemm, qui détaille "la forme très stylisée, frontale, quasi-symétrique" de ces oeuvres.

C'est lors de son premier séjour en Italie, en 1920-1921, durant lequel il visite notamment le Musée Egyptien de Florence, mais également Venise, Rome, Naples et Pompéi, que Giacometti a son premier choc avec l'art classique.

Mais, raconte Mme Coliva, il comprend très vite "la douloureuse impossibilité" pour l'art moderne de représenter l'être humain de manière monumentale.

Fouillant l'âme de ses sujets jusqu'à réduire toujours plus leur enveloppe charnelle, "jusqu'à l'os", il parvient ainsi à son célèbre "homme qui marche".

Le premier, créé en 1946, pour un monument en hommage aux victimes des nazis à Paris, rappelle ces "Egyptiens qui sortent du tombeau", qui démontrent toute leur force malgré l'apparente faiblesse de leur silhouette filiforme, précise M. Klemm.

Mais ce n'est pas juste en réaction aux horreurs de la guerre que les statues de Giacometti s'affinent de plus en plus pour "se réduire au minimum", expliquent les deux commissaires de l'exposition.

Entre-temps, l'existentialisme est passé par là et Giacometti, qui fréquente à l'époque le Paris de l'entre-deux guerres où il a son atelier, est bien conscient que la condition de l'homme moderne est faite de "souffrances et de douleurs".

Face à des représentations classiques, renaissance, baroque et néo-classiques, de l'homme, toutes de mouvements, de déliés, de courbes et de plis, les oeuvres de Giacometti brûlent d'une énergie intérieure.

"Nous exposons certaines de ses oeuvres qui font 3 mètres de hauteur, et pourtant, elles semblent presque transparentes par rapport aux statues classiques qui les entourent", souligne Mme Coliva. Mais elles n'en reflètent pas moins une "sensibilité dramatique", ajoute-t-elle, qui crée du volume, et cette force unique.

"Giacometti, la sculpture", Galerie Borghèse à Rome, du 5 février au 25 mai.

lrb/mle/ai

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