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Arrivée à Vilnius de l'opposant ukrainien Boulatov, qui dit avoir été torturé

Arrivée à Vilnius de l'opposant ukrainien Boulatov, qui dit avoir été torturé

L'opposant ukrainien Dmytro Boulatov torturé, selon lui, pendant une semaine par des inconnus, puis officiellement recherché par la police, est arrivé dimanche soir à Vilnius venant d'Ukraine, à la suite des pressions des Occidentaux choqués par les images du militant ensanglanté qui ont fait le tour du monde.

Boulatov, militant très actif contre le président Viktor Ianoukovitch que les autorités ont voulu poursuivre pour "organisation de troubles massifs" alors qu'il était enlevé, a été autorisé à se rendre à l'étranger pour recevoir des soins médicaux, a annoncé dimanche le parquet général ukrainien.

Le militant, âgé de 35 ans, et père de trois enfants, dont le visage couvert de sang a été montré ces derniers jours sur les écrans de télévision du monde entier, est arrivé en Lituanie où il sera soigné, après avoir transité par l'aéroport de Riga.

Une fois arrivé à Vilnius, il a aussitôt été conduit en ambulance vers un hôpital, sans faire la moindre déclaration, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Nous sommes prêts à aider tous les Ukrainiens blessés, sans faire de distinction entre l'opposition et les autres", a déclaré dimanche soir à l'AFP le ministre lituanien de la Santé, Vytenis Andriukaitis.

Le départ de l'opposant "est une concession de la part du pouvoir arrachée sous une énorme pression" internationale, a estimé l'analyste politique ukrainien Olexi Garan.

"Je pense que nous lui avons sauvé la vie", a déclaré le député d'opposition Petro Porochenko, très impliqué dans cette affaire, à la chaîne de télévision Kanal 5 en soulignant que l'opposant risquait l'emprisonnement.

Les poursuites contre le militant soupçonné d'"organisation de troubles massifs"- un délit passible d'une peine allant jusqu'à dix ans de prison- n'ont pas été abandonnées, a indiqué à l'AFP une responsable au sein des forces de l'ordre.

Le cas de Boulatov, enlevé le 22 janvier et relâché dans une forêt le 30 après avoir, selon lui, été torturé, est devenu emblématique de la répression contre les critiques du régime ukrainien, et a été évoqué samedi par les Occidentaux avec l'opposition et le chef de la diplomatie ukrainiennes.

"Ils m'ont crucifié, m'ont coupé une oreille et tailladé le visage, ils m'ont roué de coups sur tout le corps", avait raconté vendredi l'opposant à des chaînes de télévision privées ukrainiennes.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Léonid Kojara, a encore mis de l'huile sur le feu samedi en déclarant dans une interview à Munich que Boulatov était "en bonne santé" et avait juste "une égratignure sur la joue".

Le ministère ukrainien de l'Intérieur a pour sa part dit ne pas exclure qu'il s'agissait d'une "mise en scène".

L'affaire Boulatov s'ajoute à d'autres passages à tabac et enlèvements d'opposants, dont un mortel, survenus au cours du mouvement de contestation sans précédent qui secoue le pays depuis plus de deux mois.

Dmytro Boulatov est l'un des leaders d'Automaïdan, mouvement de manifestants en voiture, qui avait organisé plusieurs actions spectaculaires devant la résidence du chef de l'Etat près de Kiev.

Les membres d'Automaïdan ont aussi activement pourchassé les "titouchki", ces jeunes sportifs venus de province et soupçonnés d'être payés par les autorités pour agresser les militants de l'opposition et se livrer à des actes de vandalisme.

Plusieurs autres membres d'Automaïdan ont fui l'Ukraine en se disant menacés. Leurs voitures ont été brûlées par dizaines.

La journaliste Tetiana Tchornovol, dont la violente agression en décembre, et le visage tuméfié sur les photographies, avaient suscité une vive émotion, est également membre de ce mouvement.

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