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Présidentielle au Costa Rica: l'hégémonie de la droite en péril

Présidentielle au Costa Rica: l'hégémonie de la droite en péril

Aux commandes du Costa Rica depuis plus de 50 ans, la droite se voit menacée par un jeune député de gauche et de solides outsiders qui pourraient tirer parti du bilan défavorable du gouvernement sortant lors de la présidentielle de dimanche.

Dans ce petit pays dépourvu d'armée depuis 1948 et considéré comme un modèle de démocratie en Amérique centrale, le scrutin sera aussi l'occasion de renouveler les 57 députés de l'Assemblée législative. Le parlement unicaméral est aujourd'hui dominé par le Parti de libération nationale (PLN, centre droit) de la présidente sortante Laura Chinchilla, première femme élue à la tête du Costa Rica.

Les quelque 2.000 bureaux de vote ont ouvert à partir de 06H00 locales (12H00 GMT) et doivent fermer vers 18H00 (00H00 GMT) sous la surveillance de quelque 3.500 policiers.

Fait inédit depuis les années 1960, les partis "historiques", le PLN et le Parti unité sociale chrétienne (PUSC, conservateur), se trouvent aujourd'hui en danger face à la gauche.

Et la principale menace se nomme Jose Maria Villalta, un député d'à peine 36 ans issu de la coalition du "Frente Amplio" ("Front large"). Depuis peu, il fait jeu égal dans les sondages avec l'ex-maire de San José Johnny Araya, du PLN. Un scenario qui n'étonne pas nombre d'analystes qui y voient la suite logique des signes d'affaiblissement montrés par la droite au tournant des années 2000.

Selon les dernières enquêtes d'opinion, les deux hommes devraient se retrouver au second tour. La pléthore de candidats (13) devrait en effet provoquer un émiettement des voix rendant peu probable une victoire dès le premier tour, pour laquelle plus de 40% des suffrages sont nécessaires.

Pour les observateurs locaux, qui relèvent le fort pourcentage d'indécis aux dernières heures de la campagne (entre 20 et 30%) ce duel pourrait même être remis en question par deux autre candidats crédités de bons scores par les sondages, Luis Guillermo Solis (centre gauche) et Otto Guevara (droite).

"Il est pratiquement impossible qu'il n'y ait pas de deuxième tour (le 6 avril, ndlr). Mais il est difficile de prévoir entre qui et qui", assure à l'AFP le politologue Victor Ramirez.

Pour la Mexicaine Josefina Vasquez Mota, chef de la mission d'observation de l'OEA, "il s'agit de l'élection la plus importante de ces 50 dernières années au Costa Rica".

Ces derniers mois, Jose Maria Villalta, avocat de formation aux fines lunettes et au bouc soigné, a enregistré une progression spectaculaire dans l'opinion au gré de ses combats pour l'écologie ou contre la corruption, souvent menés dans la rue. Aujourd'hui son profil immaculé de politicien honnête et combatif séduit les classes démunies et fait trembler les caciques du PLN.

Avant le scrutin, cet orateur passionné s'est évertué à rassurer ses 4,3 millions de compatriotes en donnant des gages sur les limites qu'il entend opposer à l'interventionnisme de l'Etat, tout en promettant de mettre fin au néo-libéralisme de ses adversaires, qui de leur côté évoquent le péril d'un gouvernement à la Hugo Chavez.

Le programme du jeune député vise essentiellement à instaurer une "démocratie économique" alors que les inégalités se creusent et que la pauvreté ne régresse pas (20%). Il envisage aussi de prendre ses distances avec les Etats-Unis, premier partenaire commercial de ce petit pays à l'économie dollarisée et fortement dépendant des "remesas", les envois d'argent de ses expatriés du nord.

Selon les médias locaux, citant des sources judiciaires, M. Villalta a fait l'objet de menaces de mort il y a trois jours. Interrogé à ce sujet, celui-ci a simplement reconnu un renforcement "normal" du dispositif de sécurité l'entourant.

Face à lui, M. Araya, ex-maire de San José pendant 22 ans, est parvenu à se maintenir dans les sondages en teintant son discours libéral d'un vernis social, soucieux ne pas être éclaboussé par des affaires de corruption et les difficultés économiques qui entachent le bilan de son parti, au pouvoir depuis 2006. Avant le scrutin, l'impopularité du gouvernement sortant avoisinait les 60%.

Agé de 56 ans, cet ancien homme de gauche corpulent converti au libéralisme s'est engagé à assurer une meilleure distribution des richesses et à compenser un des déficits fiscaux les plus élevés du continent.

Les premiers résultats sont attendus trois heures après la clôture du vote.

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