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Grincements au sein de la droite au pouvoir en Espagne

Grincements au sein de la droite au pouvoir en Espagne

"Des fractures, en aucune façon", lançait cette semaine la numéro deux du parti de droite au pouvoir en Espagne, Maria Dolores de Cospedal, en tentant d'apaiser les grincements qui se font entendre de plus en plus nombreux au sein de cette formation.

Réforme de l'avortement, libération de prisonniers de l'ETA, indépendantisme catalan: de prises de position critiques en rendez-vous manqués, les dissensions ont éclaté depuis le début de l'année sur un éventail de sujets.

Au moment où s'ouvrait, vendredi, la Convention nationale du Parti populaire à Valladolid, dans le nord de l'Espagne, la direction du PP tentait de resserrer les rangs, secouée alors que l'ancien ministre de l'Intérieur Jaime Mayor Oreja, tête de liste aux élections européennes depuis dix ans, venait d'annoncer qu'il ne porterait pas le flambeau le 25 mai.

Sous le slogan "l'Espagne, dans la bonne direction", la Convention du parti devait pendant trois jours s'efforcer de défendre "un projet national, pluriel mais dans lequel ont leur place tous les Espagnols", affirmait jeudi Maria Dolores de Cospedal.

Elle-même a pourtant dû démentir cette semaine le fait que la politique menée par le parti du chef du gouvernement Mariano Rajoy, président du PP depuis 2004, provoque des divisions au sein même de la formation.

"Des fractures, en aucune façon", affirmait-elle mercredi.

Pourtant les fausses notes s'accumulent au Parti populaire, l'un des deux grands partis de gouvernement, avec les socialistes, en Espagne, qui rassemble traditionnellement tout l'éventail de la droite, de la plus conservatrice, issue du franquisme, à la plus modérée.

José Maria Aznar, président d'honneur du PP et ancien chef du gouvernement, très critique envers certaines décisions de Mariano Rajoy, a semé le trouble en annonçant qu'il n'assisterait pas à la convention pour des "problèmes d'agenda".

Presque en même temps, Jaime Mayor Oreja renonçait à être le candidat du PP aux européennes et Alejo Vidal-Quadras, vice-président du Parlement européen, quittait le parti.

Accusant Mariano Rajoy de manquer de "passion", opposé à la politique du gouvernement "sur des questions essentielles" comme la lutte contre la crise ou la réponse à apporter aux visées indépendantistes de la Catalogne, Alejo Vidal-Quadras a décidé de rejoindre le nouveau-né du paysage politique espagnol, Vox.

Ce petit parti a vu le jour à la mi-janvier, fondé par des transfuges du PP, dont l'ancien parlementaire basque Santiago Abascal et une figure des victimes de l'ETA, Antonio Ortega Lara. Ses dirigeants dénoncent "l'oubli" dans lequel sont plongées selon eux les victimes de l'ETA, notamment après la remise en liberté fin 2013 de dizaines de militants du groupe armé. Or ces victimes constituent en Espagne un puissant lobby situé dans la frange la plus conservatrice du PP.

L'analyste politique et chroniqueur Josep Ramoneda voit dans ces "fuites" la preuve que le PP perd du soutien dans ses rangs les plus à droite. "Vox est le premier parti qui naît à la droite du PP", explique-t-il.

A l'époque où il présidait le parti, de 1990 à 2004, "le grand orgueil d'Aznar était de dire qu'il avait unifié toute la droite espagnole, depuis l'extrême droite jusqu'aux secteurs libéraux, en un seul parti", ajoute Josep Ramoneda. "A présent, il semble que la couverture ne parvienne plus à tout recouvrir", souligne-t-il, attribuant les dissensions à "un manque de leadership de Rajoy".

Hausse des impôts, libération de prisonniers de l'ETA, Catalogne, "tous ces sujets enflamment le secteur le plus à l'extrême droite et comme Rajoy agit d'une manière très ambigüe, cela les rend nerveux et génère des réactions très négatives", estime-t-il.

Pour cet analyste, il est "paradoxal" que ces tensions apparaissent précisément "au moment où Rajoy a fait un virage très à droite pour satisfaire le secteur le plus extrémiste": un virage marqué par le projet de loi sur l'avortement, qui supprime quasiment le droit à avorter en Espagne.

Le projet a soulevé des critiques jusque dans les rangs de la droite. Officiellement, le sujet qui divise n'est pas à l'ordre du jour de la Convention de Valladolid, destinée à resserrer les rangs, et sera abordé plus tard, lors du débat parlementaire.

acc/sg/jeb

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