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Accords de défense et désaccords européens au sommet franco-britannique

Accords de défense et désaccords européens au sommet franco-britannique

François Hollande et David Cameron ont affiché au grand jour leur désaccord sur l'Union européenne vendredi lors d'un sommet franco-britannique sur une base aérienne anglaise, reléguant au deuxième plan l'annonce de nouveaux accords sur la coopération militaire bilatérale.

Le président français et le Premier ministre britannique qui se retrouvaient pour la première fois dans le cadre d'un tel sommet bilatéral n'ont pas cherché à cacher leurs divergences lors d'une conférence de presse.

Certes, M. Hollande a pris soin d'indiquer qu'il "respectait parfaitement" le projet de son hôte d'organiser d'ici 2017 un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, et qu'il partageait son aspiration à une UE "plus efficace".

Mais "on ne peut pas faire peser sur l'Europe le choix britannique", a tranché le chef de l'État pour qui les réformes souhaitées par Londres en préalable au référendum ne sont "pas la priorité".

La mise au point n'a aucunement dissuadé M. Cameron de réitérer sa détermination à obtenir des dérogations et des amendements aux traités européens, selon le calendrier qu'il s'est fixé.

"Nous voulons ces changements, nous voulons cette renégociation, cette renégociation impliquera des changements dans le traité", a-t-il martelé.

"Le référendum se tiendra d'ici la fin 2017. Il n'y a aucun doute là-dessus".

Ce dialogue de sourds avait été précédé d'échanges autrement plus policés.

M. Hollande a ainsi salué "l'accueil exceptionnel" qui lui a été réservé. M. Cameron a salué le pacte de responsabilité de son invité qui "a choisi la bonne voie pour augmenter les investissements et créer des emplois".

Il a aussi félicité "François" pour "son leadership courageux et déterminé" en Centrafrique et au Mali, et promis un accroissement de l'aide militaire logistique de l'armée britannique à l'armée française.

David Cameron s'est par ailleurs employé à détendre l'atmosphère en relevant "le léger déficit (de son pays) dans la balance commerciale en ce qui concerne le vin, bien que l'industrie viticole britannique soit en train de combler son retard". Et assuré que le Royaume-Uni "produisait presque autant de fromages que la France".

Le quotidien des milieux d'affaires Financial Times avait anticipé l'étendue des désaccords dans un éditorial intitulé en franglais "An entente that is not very cordiale".

Les deux dirigeants étaient accompagnés de leurs ministres de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Énergie.

Ils ont affiché leur identité de vues sur la Syrie, mais c'est surtout dans le secteur de la défense que l'harmonie était à l'ordre du jour.

Plusieurs développements importants ont en effet été annoncés ou signés au nom de l'étroite coopération instaurée par les traités de Lancaster House en 2010. Ils reconnaissent la complémentarité des deux armées équipées de l'arme nucléaire, motivées par un même souci d'effectuer des économies en mutualisant leurs moyens.

L'accord le plus spectaculaire porte sur la commande commune pour près de 500 millions de livres (un peu plus de 600 millions d'euros) de missiles anti-navire léger (ANL) destiné à équiper les hélicoptères des marines des deux pays.

Un autre a trait au futur drone de combat (FCAS) franco-britannique, pour lequel les deux pays se sont engagés à cofinancer une étude de faisabilité sur deux ans d'un coût total de 120 millions de livres (145 millions d'euros).

Les deux nations entendent enfin renforcer leur coopération dans "la guerre des mines" sous-marines et la lutte contre le terrorisme et la menace représentée par les jihadistes originaires de leurs deux pays partant combattre en Syrie.

Le sommet a aussi été l'occasion de réaffirmer la coopération franco-britannique dans les secteurs du nucléaire civil et l'espace. Des accords de sous-traitance ont été conclus dans le cadre du contrat pour la construction de deux réacteurs de nouvelle génération EPR, à Hinkley Point.

MM. Hollande et Cameron ont poursuivi leurs échanges dans le cadre plus détendu d'un pub voisin. Brize Norton se trouve dans la circonscription politique du dirigeant conservateur.

Les médias britanniques ont aussi retenu dans l'immédiat le bref "no comment" adressé par le président français à un journaliste du Daily Telegraph l'interpellant sur sa liaison avec Julie Gayet.

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