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Thaïlande: les éléments clés pour comprendre la crise et les élections

Thaïlande: les éléments clés pour comprendre la crise et les élections

Quelque 46 millions de Thaïlandais sont appelés aux urnes dimanche pour des législatives anticipées boycottées par l'opposition. Voici quelques clés pour décrypter ce scrutin sous haute tension.

Il s'agit d'élire pour quatre ans une chambre basse de 500 sièges. Quelque deux millions d'électeurs supplémentaires étaient enregistrés pour le vote par anticipation dimanche dernier, mais 440.000 ont été empêchés de voter par les manifestants.

Au total, 125 députés sont élus par un scrutin de liste à la proportionnelle et 375 par circonscription lors d'un scrutin à la majorité simple. Mais au moins 28 circonscriptions ne seront pas pourvues dimanche, les manifestants ayant bloqué l'enregistrement des candidatures.

En tout, 2.423 candidats de 53 partis s'affrontent, en l'absence notable du Parti démocrate, principale formation d'opposition, qui n'a pas gagné de législatives depuis 1992 et qui boycotte ce scrutin, aux côtés des manifestants.

Onze partis avaient obtenu des sièges lors des élections de juillet 2011 remportées par le parti Puea Thai de la Première ministre Yingluck Shinawatra. Son parti avait obtenu plus de la moitié des sièges mais quatre partis l'avaient rejoint dans une coalition.

Le Puea Thai est la troisième mouture du parti créé par l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, frère de Yingluck, renversé par un coup d'Etat en 2006.

Un projet de loi d'amnistie qui aurait permis le retour de Thaksin a mis le feu aux poudres fin octobre 2013. Malgré le rejet du texte par le Sénat, la colère a pris de l'ampleur.

Les manifestants réclament la tête de Yingluck, qu'ils accusent d'être une marionnette de son frère, la fin du "système Thaksin" qu'ils associent à une corruption généralisée, et la mise en place d'un "conseil du peuple", non élu, le temps de réformes avant de possibles élections, pas avant un an.

La Thaïlande est divisée depuis des années entre deux tendances souvent résumées à "chemises rouges" contre "chemises jaunes".

Les "chemises rouges", partisans de Thaksin et du Puea Thai, réunissent masses rurales et urbaines défavorisées du nord et du nord-est. Ils sont jusqu'ici restés discrets pendant cette crise.

Les manifestations des "chemises jaunes" royalistes ont été un élément clé du putsch de 2006 et ont aidé à chasser du pouvoir deux Premiers ministres pro-Thaksin en 2008.

L'organisation a largement perdu de son pouvoir, mais d'anciens "jaunes" participent au mouvement actuel, alliance hétéroclite d'ultra-royalistes, d'élites de Bangkok, d'habitants du sud du pays et de partisans des Démocrates.

Depuis le début de la crise, le gouvernement a misé sur une stratégie d'évitement entre police et manifestants pour éviter une reproduction du scénario de 2010 lorsque le gouvernement Démocrate avait envoyé l'armée pour déloger les "rouges" (bilan: plus de 90 morts).

La crise actuelle a fait au moins dix morts.

1. Pas de nouveau Parlement avant des mois. En raison de troubles dimanche, la commission électorale pourrait ne pas être en mesure d'établir de résultats officiels. Même si elle le peut, le Parlement ne pourra de toute façon pas se réunir, faute d'un quorum de 95% de députés, en l'absence de candidats dans plusieurs circonscriptions.

Le gouvernement actuel continuerait à expédier les affaires courantes.

2. Intervention judiciaire. La Cour constitutionnelle pourrait invalider les résultats des élections, comme elle l'avait fait pour celles d'avril 2006, boycottées par les Démocrates.

Un nouveau "coup d'Etat judiciaire" est également possible, comme fin 2008. La justice avait alors forcé le Premier ministre pro-Thaksin à la démission et dissous son parti, permettant l'arrivée au pouvoir des Démocrates.

Aujourd'hui, de nombreux élus du Puea Thai sont menacés par une interdiction de politique pour cinq ans, en raison d'une tentative de réformer la Constitution. Et Yingluck est visée par une enquête de la commission anticorruption liée à un programme controversé d'aide aux riziculteurs.

3. Coup d'Etat militaire, comme en 2006. Un scénario qui n'a rien d'exceptionnel dans un pays qui en a connu 18, réussis ou non, depuis 1932. Le puissant chef de l'armée de terre a refusé d'exclure cette possibilité. Ce scénario risquerait de renvoyer les "rouges" dans la rue.

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