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Les mineurs de platine sud-africains rejettent une offre patronale et poursuivent leur grève

Les mineurs de platine sud-africains rejettent une offre patronale et poursuivent leur grève

La grève chez les trois premiers producteurs mondiaux de platine en Afrique du Sud est entrée jeudi dans sa deuxième semaine, les mineurs ayant rejeté une offre patronale d'augmentation salariale étalée sur trois ans.

"Cette offre est inacceptable. Nous avons été mandatés pour retourner à la table de négociations. (...) Pour l'instant la grève continue", a déclaré Reuben Lesejane, secrétaire du syndicat dominant Amcu sur un puits de Lonmin, le numéro trois mondial.

Rassemblés dans un stade à Marikana, le site d'exploitation de Lonmin où 34 d'entre eux avaient été massacrés par la police en 2012, les mineurs ont accueilli par des huées la présentation de l'offre patronale, faite par leurs délégués syndicaux.

Puis la foule a repris en choeur le slogan "Asiyi": "Nous n'y retournons pas" (à la mine).

"Notre demande est très claire, on veut un salaire qui permettre de vivre, rien d'autre", a commenté Amos Letsi, un autre mineur. "Des gens sont morts pour ça, personne n'écoute."

Les trois compagnies paralysées par la grève, Anglo American Platinum (Amplats), Impala Platinum (Implats) et Lonmin ont proposé un plan de revalorisation salariale sur trois ans, avec des hausses comprises entre 7,5% et 9% la première année.

Les employeurs ont révisé leur offre évoquant un cheminement vers "un paquet salarial" (comprenant les avantages sociaux) de 12.500 rands (environ 810 euros) mensuels, en indiquant qu'un salaire de base de 12.500 rands était "infaisable dans un futur proche".

"Nous sommes préparés à continuer la grève, à moins que nos leaders nous disent autre chose", a déclaré à l'AFP un mineur, Zenzo Mathale. "Les compagnies ne comprennent pas. Elles veulent seulement faire des profits. Cela ne peut pas marcher comme ça... on est prêt à se battre!"

Légale et pacifique, à l'exception de quelques incidents isolés, la grève mobilise environ 80.000 mineurs et est particulièrement suivie chez Lonmin.

Elle ne devrait pas faire tâche d'huile dans les mines d'or: une décision de justice jeudi a interdit à Amcu de lancer une grève dans ce secteur.

Tout arrêt de travail y sera considéré comme une grève sauvage, a noté la Chambre des mines. Ce qui signifie en Afrique du Sud que les grévistes pourront être licenciés.

Amcu n'est pas le syndicat majoritaire dans le secteur aurifère, et la justice a estimé qu'il devait se plier à l'accord de branche conclu en septembre. Celui-ci accordait 7,5 à 8% de hausse et une revalorisation alignée sur l'inflation au 1er juillet 2014.

Dans le platine, les négociations reprendront vendredi à Pretoria entre Amcu et les groupes miniers.

Ces pourparlers sont pilotés par le gouvernement sud-africain, soucieux d'abréger au plus vite une grève lourde de conséquences pour l'économie nationale.

La grève fait perdre aux trois groupes environ 198 millions de rands par jour (plus de 12 millions d'euros), selon le communiqué des trois producteurs.

L'activité minière, qui a permis au pays de faire sa révolution industrielle au XIXe siècle, phénomène unique sur le continent africain, est la principale source de devises de l'Afrique du Sud. Le secteur contribue à près de 10% du PIB, presque au double si l'on inclut les activités annexes.

L'agitation sociale accentue encore la tendance à la dépréciation de la monnaie nationale, le rand, entraîné depuis quelques temps dans la dégringolade des devises des pays émergents.

"Il est important de noter que l'industrie du platine a déjà octroyé des augmentations de salaire nettement au dessus du taux d'inflation ces dernières années, et qu'elle offre actuellement un des meilleurs salaires de base dans le pays", indiquaient les patrons de mines au début de la grève.

Les mineurs sont parmi les mieux payés des travailleurs non-qualifiés sud-africains, mais vivent souvent dans des conditions très précaires à proximité des puits de mine.

Beaucoup sont des travailleurs migrants venus de lointaines provinces ou de l'étranger.

sk-cpb/clr/de

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