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Ukraine : le Parlement discute de nouvelles concessions, Ashton à Kiev

Ukraine : le Parlement discute de nouvelles concessions, Ashton à Kiev

Le Parlement discutait mercredi à Kiev de nouvelles concessions à l'opposition, notamment d'une amnistie des manifestants arrêtés pendant les troubles en Ukraine, où la représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, tente de concourir à une sortie de crise.

Quant à la Russie, son président, Vladimir Poutine, a fait savoir qu'elle allait "attendre la formation du nouveau gouvernement ukrainien" pour s'assurer qu'il y a lieu de mettre en oeuvre les accords conclus en décembre sur une aide de 15 milliards de dollars.

S'exprimant devant les députés à la reprise d'une session extraordinaire ouverte la veille, Léonid Kravtchouk, premier président de l'Ukraine après l'indépendance en 1991, a, quant à lui, de manière un peu dramatique souligné que son pays s'était retrouvé "au bord de la guerre civile".

Il s'est ensuite prononcé pour l'adoption d'"un plan de règlement du conflit", une intervention accueillie par une ovation de l'assemblée.

"L'opposition et le pouvoir poursuivent le dialogue pour sortir de la crise (...). Le gouvernement, pour sa part, est prêt à assurer les conditions nécessaires à la stabilisation nationale", a dans le même temps déclaré le chef par intérim du gouvernement, le vice-Premier ministre Serguiï Arbouzov.

C'était la première réunion du gouvernement, désormais chargé de gérer les affaires courantes, depuis la démission mardi du Premier ministre Mykola Azarov, qui a entraîné celle de l'ensemble du cabinet, après deux mois de contestation en Ukraine.

Pour Taras Berezovets, un expert politique interrogé par l'AFP, "la menace d'un recours (par les autorités) à la force demeure".

"Pour le moment, ces pourparlers ne sont qu'un moyen pour le pouvoir de gagner du temps en vue d'organiser un (tel) scénario de recours à la force", estime cet analyste, qui ne juge "pas possible pour les représentants des partis d'opposition d'entrer au gouvernement".

La seule solution, selon lui, est de "trouver un candidat indépendant" pour le poste de Premier ministre, en faveur duquel, tant les députés proches du chef de l'Etat Viktor Ianoukovitch que de l'opposition pourraient voter, citant le nom du milliardaire Petro Porochenko.

Cet ancien ministre des Affaires étrangères qui a fortune dans le chocolat, apparaît comme une personnalité de compromis, car il a travaillé aussi bien avec l'actuelle équipe en place qu'avec l'opposition.

Mme Ashton, arrivée mardi soir à Kiev après un sommet Russie-UE à Bruxelles largement consacré à cette crise, doit pour sa part s'entretenir avec M. Ianoukovitch, et les dirigeants de l'opposition, qui ont maintenu la pression sur le pouvoir.

Celui-ci a déjà lâché du lest mardi avec la démission du gouvernement et l'abrogation de lois répressives sur les manifestations, et les députés doivent désormais débattre d'une amnistie des manifestants emprisonnés.

L'incertitude régnait encore mercredi quant aux conséquences de ces concessions sur le mouvement de contestation, marqué la semaine dernière par des affrontements qui ont fait au moins trois morts.

La démission du gouvernement est "une première étape", mais "ce n'est pas suffisant", a déclaré, dans un message transmis de sa cellule, l'opposante emprisonnée et ancien Premier ministre Ioulia Timochenko.

Le mouvement est né de la décision soudaine, fin novembre, de Viktor Ianoukovitch de renoncer à signer un accord d'association en préparation depuis des années avec l'UE, pour se tourner vers la Russie moyennant une ligne de crédit de 15 milliards de dollars et la baisse du prix du gaz.

Le calme régnait mercredi matin dans le centre de Kiev recouvert d'une fine couche de neige, seule une poignée de militants de l'opposition casqués et armés de bâtons "patrouillant" sur la place de l'Indépendance. Certaines des impressionnantes barricades érigées ça et là semblaient même à l'abandon.

Mais, malgré des températures ancrées sous les -10 degrés, les contestataires restaient mobilisés, continuant de considérer pour certains que la seule véritable "victoire" serait que le président Ianoukovitch abandonne ses fonctions.

Hors de la capitale, le siège de l'administration dans près de la moitié des régions reste occupé par les manifestants, qui réclament le départ des gouverneurs nommés par le chef de l'Etat. Mais, là aussi, la situation semblait s'être apaisée.

L'opposition a rejeté l'offre de Viktor Ianoukovitch de confier les rênes du gouvernement à l'un des ténors du mouvement de contestation, Arseni Iatséniouk.

"La démission de Ianoukovitch serait une mesure logique", a déclaré l'ancien boxeur Vitali Klitschko, l'un des autres leaders de l'opposition, proposant cependant de régler les problèmes "un à un".

Autre concession significative, le parlement, réuni en session extraordinaire et où le Parti des régions de Viktor Ianoukovitch est majoritaire, a abrogé mardi à la quasi-unanimité les lois du 16 janvier qui réprimaient presque toute forme de manifestation.

Elles avaient été fermement dénoncées par les Occidentaux et avaient entraîné la radicalisation des contestataires.

La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré mercredi que les personnes qui manifestent avec l'opposition en Ukraine défendaient des valeurs européennes et devaient "être entendues".

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