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Soudan du Sud : Juba entend juger Machar et ses alliés, au risque de fragiliser encore plus la trêve

Soudan du Sud : Juba entend juger Machar et ses alliés, au risque de fragiliser encore plus la trêve

Le gouvernement sud-soudanais a affirmé qu'il entendait juger l'ex-vice président Riek Machar et certains de ses alliés pour tentative de coup d'Etat, au risque de mettre davantage en péril la récente et fragile trêve signée entre Juba et la rébellion.

L'annonce, faite mardi soir par le ministre sud-soudanais de la Justice Paulino Wanawila, témoigne de l'animosité persistante entre Juba et les rebelles regroupés derrière M. Machar.

De sanglants combats ont éclaté au Soudan du Sud le 15 décembre, quand le président Salva Kiir a accusé son ex-vice président Machar, limogé en juillet, et ses alliés de tentative de coup d'Etat. Riek Machar, en fuite, nie en bloc : selon lui, Salva Kiir instrumentalise la situation pour se débarrasser de ses rivaux politiques.

D'abord cantonnés à la capitale Juba, les affrontements se sont rapidement propagés à une grande partie du territoire sud-soudanais, faisant des milliers de morts et près de 800.000 déplacés.

A l'origine, ils opposaient des soldats loyaux au président Kiir à des commandants mutins fidèles à Riek Machar. Ce dernier regroupe désormais une coalition rebelle plus ou moins stable regroupant aussi diverses milices ethniques.

Au début des combats mi-décembre, onze figures du régime sud-soudanais liées à Riek Machar ont été arrêtées. Et pendant des semaines, la question de leur libération a bloqué la signature d'un cessez-le-feu entre les deux parties.

Le camp Machar exigeait la libération des détenus comme préalable à toute trêve. Juba refusait, Salva Kiir laissant entendre qu'il pourrait utiliser son pouvoir de grâce pour les faire sortir de prison, mais pas avant que le processus judiciaire ne soit allé à son terme.

Sous la pression de médiateurs régionaux, les deux camps ont finalement accepté de signer un cessez-le-feu le 24 janvier dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, en y assortissant une garantie relativement vague : les médiateurs se sont engagés à "accélérer" les libérations réclamées par le camp Machar.

Le ministre de la Justice a lui martelé mardi que quatre des onze détenus -- l'ex-secrétaire général du parti au pouvoir, Pagan Amum, l'ex-ministre de la Sécurité nationale Oyai Deng Ajak, l'ex-ambassadeur à Washington Ezekiel Lol Gatkuoh et l'ancien vice-ministre de la Défense Majak D'Agoot -- seraient bel et bien jugés.

Il a aussi ajouté que Riek Machar lui-même, ainsi que deux autres de ses alliés clés aujourd'hui en fuite, dont Taban Deng, qui a négocié le cessez-le-feu, devraient également passer devant des juges.

"Si quelqu'un viole la loi (...) vous poursuivez cette personne, conformément à la loi", a expliqué le ministre de la Justice.

Au bout du compte, Juba entend malgré tout libérer sept des onze détenus, par manque de preuves : ils seront soit libérés, soit expulsés vers d'autres pays.

Sur le terrain, les combats ont baissé d'intensité mais ne semblent pas avoir cessé malgré le cessez-le-feu du 24 janvier.

Les deux parties se disent toutes deux déterminées à respecter la trêve, mais elles s'accusent mutuellement de l'avoir rompue dès son entrée en vigueur.

Forces gouvernementales et rebelles semblent encore s'affronter dans des zones rurales d'Etats clés -- le Jonglei (est), l'Unité (nord) et le Haut-Nil (nord-est) --, au coeur des combats ces dernières semaines.

Et les Nations unies, dont les bases à travers le pays servent encore de refuge à près de 80.000 civils fuyant les combats, qualifient la situation au Soudan du Sud de "précaire".

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