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Moins de réformes, plus d'ajustements: un Obama "différent" est arrivé

Moins de réformes, plus d'ajustements: un Obama "différent" est arrivé

Moins de réformes, plus d'ajustements graduels: le président américain Barack Obama, qui se voulait l'homme du changement, semble avoir pris acte des limites de ses pouvoirs et prône à présent une politique de petits pas.

"Allons changer le monde!", s'écriait jadis un jeune sénateur nommé Barack Obama, à la conquête de la plus haute marche du pouvoir américain.

Mais cinq ans après avoir accédé à la Maison Blanche, et à l'issue d'une année 2013 marquée par de nombreux revers et barrages mis sur sa route par les républicains du Congrès, M. Obama a clairement adopté une politique des petits pas, à en juger par son discours sur l'état de l'Union mardi soir.

Dynamique et combative sur la forme, l'intervention de 65 minutes du dirigeant démocrate a été marquée par un volontarisme sur la réduction des inégalités et une promesse d'agir par décret au besoin. Mais il n'était plus question de mettre fin au dysfonctionnement du système politique américain, le fonds de commerce de M. Obama lors de sa première campagne.

"Nous avons vu un différent Barack Obama" mardi soir, remarque William Rosenberg, professeur de sciences politiques à l'Université Drexel de Philadelphie (Pennsylvanie, est).

Lors de ses deux premières années au pouvoir, M. Obama avait profité de solides majorités démocrates au Congrès pour faire progresser un programme ambitieux, sur fond de crise économique aiguë: réforme de l'assurance-maladie, encadrement de Wall Street, sauvetage du secteur automobile...

Mais depuis début 2011, les républicains ont repris le contrôle de la Chambre et étouffé les ambitions du président dans un système d'équilibre des pouvoirs où exécutif et législateurs doivent impérativement collaborer.

Exemple de ces limites: le président, réélu fin 2012 en particulier sur la promesse d'une réforme de l'immigration, n'a évoqué que prudemment ce sujet mardi, alors que la Chambre hésite à emboîter le pas au Sénat pour tenter de trouver une solution à la question des 11 millions de clandestins vivant sur le sol américain.

Sur un autre point de contentieux majeur avec le Congrès, l'accord nucléaire intérimaire avec l'Iran, M. Obama a été plus ferme, réitérant sa promesse d'opposer son veto à de nouvelles sanctions contre la république islamique pendant que les négociations se poursuivent.

Mais l'on n'a entendu mardi ni un apôtre du consensus, ni un combattant décidé à faire rendre gorge aux conservateurs, plutôt un président raisonnable et gestionnaire, prêt à avoir recours aux décrets pour réguler les émissions polluantes ou accorder une hausse ciblée du salaire minimum aux contractuels de l'Etat fédéral.

Un contraste saisissant avec les ambitions de transformation qui avaient porté la campagne électorale de 2008. Les collaborateurs de M. Obama le voyaient alors plus comme un Ronald Reagan qu'un Bill Clinton, critiqué pour son pragmatisme et son approche graduelle.

"Républicains ou démocrates, les présidents sont là parce qu'ils veulent réussir à faire quelque chose", observe M. Rosenberg.

Un conseiller de M. Obama, refusant d'être cité, s'était élevé quelques heures avant le discours sur l'état de l'Union contre l'idée que le président s'était résigné à n'avoir plus qu'une influence marginale sur la société américaine.

Certes dépourvues de "glamour", les mesures résultant sur une hausse du salaire net ou un meilleur accès aux soins de santé n'en sont pas moins importantes, relève Maureen Conway, du groupe de réflexion Aspen Institute.

"Je pense qu'elles ont des conséquences tangibles, elles répondent aux besoins fondamentaux des foyers, sur la vie au quotidien", explique-t-elle.

M. Obama, qui a voulu faire comprendre mardi qu'il faudrait compter avec lui pendant les trois années à venir, va aussi devoir composer avec une réalité de plus en plus prégnante: après les élections législatives de novembre, où une victoire de son parti semble hypothétique, l'attention des Américains se tournera déjà vers son successeur et la présidentielle de 2016.

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