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La banque centrale turque offre un bref répit à la livre, en attendant la Fed

La banque centrale turque offre un bref répit à la livre, en attendant la Fed

La hausse massive des taux directeurs décidée par la banque centrale turque a offert mercredi à la livre, en chute libre depuis des semaines, un bref répit vite menacé par la confirmation attendue d'un resserrement de la politique monétaire américaine.

Attendue depuis des semaines, cette décision a immédiatement fait remonter la devise turque, qui s'est échangée aux premières heures de la journée autour de 2,17 LT pour un dollar et sous la barre des 3 LT pour un euro, contre respectivement 2,26 LT et 3,09 LT quelques heures plus tôt.

Mais ce rebond s'est étiolé au fur et à mesure de la journée, dans l'attente d'une réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui devrait déboucher sur une nouvelle réduction modeste de son aide à l'économie américaine.

En fin de journée, la livre turque cotait 2,2544 LT pour un dollar et 3,0768 LT pour un euro, alors que la Bourse d'Istanbul a cédé en clotûre 2,29% à 62.088,70 points.

A l'issue d'une réunion nocturne de son comité de politique monétaire, l'institution financière a augmenté son taux d'intérêt au jour le jour de 7,75% à 12% et son taux hebdomadaire repo de 4,5% à 10% pour contenir "l'impact négatif" de la chute de la livre "sur l'inflation et la stabilité macroéconomique".

Les places financières mondiales et les analystes ont applaudi ce changement de stratégie, qui a levé pour partie les inquiétudes sur les économies des pays émergents.

"Les faiblesses demeurent, mais la décision de la nuit dernière devrait apporter un peu de stabilité sur les marchés financiers turcs ces prochaines semaines", a pronostiqué Neil Shearing de Capital Economics.

"Cette décision montre que les ajustements de politique monétaire sont encore possibles, malgré la volonté politique de maintenir la croissance", a pour sa part jugé l'agence de notation financière Fitch's.

Ces dernières semaines, le gouvernement turc, à commencer par son Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a multiplié les pressions sur les autorités monétaires du pays pour qu'elles renoncent à une hausse des taux, par crainte d'affecter la croissance et de creuser les déficits publics déjà élevés du pays (plus de 7%).

Juste avant le coup d'envoi de sa réunion, M. Erdogan avait ainsi clairement mis en garde l'institution contre les conséquences de sa décision. "Ils seront tenus pour responsables de tout ce qui peut arriver", avait-t-il lancé mardi soir.

Son ministre des Finances Mehmet Simsek s'est montré plus mesuré. "S'ils ont pris une telle décision, je suis sûr que c'est la bonne", a-t-il jugé mercredi, estimant que "la décision de la banque centrale avait éliminé dans une large mesure les inquiétudes des investisseurs".

Depuis des semaines, les marchés attendaient une décision ferme de l'autorité monétaire pour mettre un terme à l'effondrement de la monnaie nationale, en retrait de plus de 30% depuis la mi-2013, qui pèse de plus en plus sur l'économie du pays.

La devise turque a atteint les cours planchers de 2,39 LT pour un dollar et 3,27 LT lundi.

Comme les monnaies des autres pays émergents, la livre a subi les effets du resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Sa chute s'est accélérée à la faveur de la grave crise politique causée par le scandale de corruption qui éclabousse le régime islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002.

S'il a jusque-là, à l'inverse de tous les analystes, maintenu sa prévision de croissance à 4% pour 2014, le ministre des Finances Mehmet Simsek a concédé mercredi qu'elle devrait rester "modeste à court terme". "Si nous prenons les bonnes décisions (...) nous pouvons limiter les risques sur la croissance", a-t-il ajouté.

Si la hausse des taux a levé la pression immédiate qui pesait sur sa monnaie, la position de la Turquie reste fragile, ont toutefois souligné les analystes, notamment face aux décisions de la Fed qui pourraient à nouveau en éloigner les capitaux étrangers.

"La situation politique et la volonté du marché mondial des capitaux pourrait continuer à affaiblir la livre malgré la nouvelle indépendance manifestée par la banque centrale", a jugé Charles Movit de IHS Global Insight, "les tensions suscitées par l'impact économique de la hausse des taux d'intérêt pourrait même provoquer des élections anticipées".

Les élections municipales sont prévues le 30 mars et la présidentielle en août, avant des législatives programmées pour 2015.

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